Cameroun: 63ème anniversaire, assassinat de Felix-Roland Moumie - Appels pour la reconnaissance de l'excellence

3 Novembre 2023

Félix-Roland Moumié est né le 1er novembre 1925. Il a été assassiné le 3 novembre 1960, il avait alors 35 ans. Après l'assassinat de Ruben Um nyobe, qui devait signifier la décapitation de l'Union des Populations du Cameroun, le Dr Félix-Roland Moumié, malgré les risques décide de prendre le témoin et de continuer la lutte.

A son actif, il peut compter sur une longue expérience de militant et dirigeant politique. Il vivait en exil, depuis 1957

-d'abord à Kumba (Cameroun occidental), où il a apporté son appui aux partis politiques engagés dans la bataille pour la réunification du Cameroun,

-ensuite au Soudan. Il créera là un bureau de liaison avec l'intérieur du pays et surtout avec les pays panafricanistes africains de même qu'avec les pays progressistes européens (bloc de l'Est.

De cette intense activité, l'histoire retient deux choses : d'une part, l'organisation du maquis de l'Ouest, de laquelle émergera rapidement Singap Martin, comme chef d'état- major de l'armée de libération nationale du Kamerun (ALNK), et d'autre part, une activité diplomatique dense, organisée à partir du Soudan. Elle le rapprochera des leaders panafricains, comme Nasser, Nkrumah, Sékou Touré, entre autres.

Ce dernier fait de lui le responsable politique des troupes guinéennes sous la bannière des Nations-Unies au Congo Léopoldville (actuelle RDC). Cette fonction favorisera une collaboration étroite avec Lumumba. C'est vraisemblablement ceci qui signera son arrêt de mort, si l'on tient pour vrai la confidence de Lumumba selon laquelle, Moumié se savait condamner à mort depuis que les américains avaient su que Nkrumah lui avait confié son projet panafricain. Il a donc été tué pour qu'il ne continue pas ses deux combats : une véritable indépendance du Cameroun et les Etats-Unis d'Afrique, deux combats qui demeurent d'actualité.

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Il est donc assassiné, comme son prédécesseur, dans des conditions effroyables. Néanmoins, lorsqu'il sent ses forces l'abandonner, il pense à préserver son parti : sa documentation est confiée à l'ambassadeur de Guinée en France. C'est ce qu'on désigne responsable chez les révolutionnaires. A titre de comparaison, souvenez-vous que le 6 avril 1984, le Cameroun a vécu un blackout total de la part du gouvernement. Imaginez, ce qui serait arrivé aux populations, si les mutins avaient décidé de s'en prendre à elles, du fait de leur soutien à Biya !

« Il n'est jamais trop tard pour bien faire », dit le dicton populaire. Les forces patriotiques peuvent critiquer, que dans sa loi de 1991, Paul Biya, en reconnaissant les héros nationaux, ait mis dans le même sac le bourreau -Ahidjo- et les victimes -Um Nyobé, Moumié et Ouandié-. Il ne reste pas moins vrai qu'en prenant cet acte, il a amorcé le chemin de la réconciliation du peuple camerounais avec son histoire. Courageusement, il devrait sortir ce geste positif de sa clandestinité, en

-Insérant dans les enseignements d'histoire leur combat, susceptible de façonner un nouveau modèle de camerounais éloignés des déclarations du type : « cette bataille était perdue d'avance » , « avec l'indépendance de 1960, le Cameroun disposait d'autres moyens pour conquérir sa souveraineté économique » , etc, lesquelles déclarations ne sont que des prétextes à la soumission ;

-Instituant une journée des martyrs ce qui pourrait s'accompagner de pratiques dénonçant les dérives de l'exclusion que Um Nyobe appelait le « vide politique » ;

-Erigeant dans le pays des monuments, des lieux en l'honneur des martyrs ;

-Mettant en place un mécanisme de dédommagement des victimes, dont le premier acte serait le retour de leurs restes, pour ceux, qui sont enterrés à l'extérieur du pays,

-Condamnant solennellement les comportements déshumanisant, subis par les Camerounais entre les mains des forces de l'ordre.

L'Alliance patriotique profite du 63ème anniversaire de l'Assassinat de Félix-Roland Moumié pour lancer un vibrant appel à toutes et à tous, pour s'associer à la constitution d'un courant d'opinion contre l'exclusion, responsable de comportements déshumanisants, de violences diverses, de tueries extra judiciaires.

Fait à Douala, le 3 novembre 2023

Pour le Bureau politique

YAGNYE Daniel.Président

FOGUE Jules. 1er V.Président

DIKOUME MBONJO. 2em V.Président

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