Ile Maurice: La prison et les ONG disent «Lasante Dabor»

Il est nécessaire de créer le cadre approprié pour que les personnes détenues bénéficient des mêmes services de soin qu'à l'extérieur. Les bonnes conditions doivent aussi être réunies pour que leur santé reste une priorité après leur libération. Tels sont les objectifs du projet «Lasante Dabor», dans le cadre duquel les officiers de la prison et les organisations non gouvernementales (ONG) PILS, AILES et Kinouete collaborent pour soutenir l'encadrement des détenu.e.s en matière de VIH, d'Infections sexuellement transmissibles (IST), et de l'hépatite C depuis 2020. Cette stratégie a été soutenue par le Conseil des religions, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le ministère de la Santé et d'autres partenaires, lors d'une conférence à Balaclava, de vendredi à hier.

Les représentants de ces différentes institutions ont lancé un appel pour le respect des droits, la lutte contre la discrimination et la stigmatisation pour un meilleur accompagnement de l'humain. «La santé dans les prisons et autres lieux fermés est donc étroitement liée à la santé de la société dans son ensemble, en particulier en ce qui concerne les maladies transmissibles, y compris les infections sexuellement transmissibles et le VIH. Toutes les maladies, contractées en milieu clos ou aggravées par de mauvaises conditions de détention, deviennent des questions de santé publique car la grande majorité des personnes incarcérées finissent par retourner dans leur collectivité, avec le risque d'infecter les autres», a déclaré Bashir Nuckchady, secrétaire du Conseil des religions.

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Le Dr Anne Ancia, UN Resident Coordinator et représentante de l'OMS à Maurice, a expliqué que le VIH a une prévalence de 3 % dans les prisons au niveau mondial: «Il est nécessaire que ceux qui sont à l'intérieur aient accès aux mêmes services que ceux qui sont à l'extérieur.» Elle espère pour cela que Maurice continuera à respecter les engagements pris en matière de respect des droits pour veiller à cet équilibre. Deepak Gunnoo, Head Prisons Health Service, a rappelé que les établissements pénitentiaires ont mis au point un système pour veiller à la santé physique et mentale des personnes détenues. Pour Bashir Nuckchady : «Les prisons ne sont pas seulement des structures de détention, mais aussi des lieux de guérison et de réconciliation.»

Ces défis exprimés sont parmi les objectifs du projet Lasante Dabor qui vise à relier et à maintenir les personnes dans le continuum de soins. La lutte contre la stigmatisation et la discrimination, l'encadrement vers la réinsertion, la prévention sont parmi les autres axes de ce projet qui prend fin en décembre 2023. L'un des défis concerne ceux qui ont purgé leurs peines et qui ont regagné la société. Le Dr Anne Ancia a rappelé que : «Souvent, après la prison, ces personnes sont confrontées à des difficultés financières, de logement, d'intégration et autres.» Conscientes de cette situation, les ONG engagées dans Lasante Dabor travaillent avec les ex-détenu.e.s pour veiller à leur réinsertion.

Thierry Arékion, président de PILS, a fait ressortir : «Le projet a accueilli une initiative innovante connue sous le nom de TAPAJ, qui signifie 'Travail payé à la journée', grâce à laquelle d'anciens détenus ont eu des opportunités de travail dans différentes entreprises où ils ont participé à des travaux manuels tels que des initiatives de construction et de nettoyage, gérés par PILS et AILES. Cette initiative a été l'occasion de prouver que non seulement les anciens détenus pouvaient contribuer à la société, mais qu'ils avaient un vif intérêt à le faire.» Les Tapajeurs ont ainsi contribué à des projets liés à la protection de l'environnement à travers les ONG Natir et Friends on the Environment. Ils ont aussi été actifs auprès de The Good Shop, le centre Frère René Guillemin, des conseils de district et des associations socio-culturelles, et dans le milieu hôtelier à travers le groupe Beachcomber.

La fin de la stigmatization

Procédant à l'ouverture de cet atelier, le Dr Caussy, Director of Health Services, a rappelé les objectifs fixés par Maurice en matière de VIH qui vise zéro transmission, zéro décès et la fin de la stigmatisation et de la discrimination d'ici à 2030. Dans le milieu carcéral, il est important, dit-il, que les partenaires travaillent en étroite collaboration. Pour Annette Ebsen Treebhoobun, directrice exécutive de PILS : «Nous sommes un groupe diversifié et multisectoriel, mais nous sommes unis par un objectif commun : améliorer l'accès aux services de santé essentiels pour une population vulnérable. Malgré nos différentes priorités, le fondement de notre collaboration est la confiance.»

Elle a salué la mise sur pied d'un Health Committee avec différents partenaires : «Cette plateforme est vraiment unique au monde. Il s'agit d'une collaboration entre les services pénitentiaires, le ministère de la Santé et des ONG. C'est quelque chose dont nous pouvons tous être fiers et j'espère sincèrement que cela se poursuivra au-delà du projet Lasante Dabor. Cette plateforme a le potentiel d'évoluer au fil du temps, et elle peut évoluer de manière collaborative.» Les participants à la conférence de Balaclava viendront de l'avant avec des propositions pour que les objectifs identifiés soient atteints.

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