Madagascar: Artistes - D'un concours à la rivalité

La mésentente entre artistes, ça a toujours existé dans la Grande Ile. Au début, c'était une simple concurrence.

Cependant, la compétition est rude de nos jours. Chacun veut se démarquer par tous les moyens. Le but principal, être le plus célèbre !

Dans les années 1970, des orchestres et musiciens se forment dans les quartiers des grandes villes. Ceux qui ont des moyens financiers, enregistrent leurs morceaux de studio en studio, pendant que d'autres organisent des cabarets.

Les organisateurs évènementiels, pour leur part, détectent les meilleurs et les invitent à participer à un grand concert lors de la fête de la musique. « 21 juin, c'est une date importante pour les mélomanes de la ville.

C'est le moment où les guitaristes et les chanteurs imposent leurs talents...

Il faut aussi dire que chaque quartier installe des planches.

C'est une scène libre pour tous...», se souvient Alain Geffroy, un musicien du quartier tanambao III - Antsiranana.

À cette époque, la compétition était strictement musicale.

Toutefois, les fans se chamaillent entre eux, comparent leurs idoles. « il n'y avait pas d'agression physique ou verbale entre les collectifs.

C'est le public qui évalue.

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À partir de là, le chanteur passe à un niveau supérieur. Il produit un album, car parmi l'assistance, il y a souvent des producteurs. Une fois que le gagnant descend de l'estrade, ces derniers l'accueillent avec un contrat », a raconté Mena Heliky, un humble chanteur des années 1980.

Dans les années 1990-2000, la musique urbaine gagne de l'ampleur dans le pays. Le rap, en particulier, fut un rythme très apprécié.

Donc, les localités sont représentées par des rappeurs. Depuis, le mot « clash » est sur toutes les lèvres de leurs convaincus.

Voulant dominer leur secteur, les poètes de rue se donnent rendez-vous à un évènement festif.

Les publicités sont lancées à l'avance pour que leurs aficionados les soutiennent.

Le public compte beaucoup, car c'est lui qui votera. Alors, il faut à tout prix le faire venir.

En effet, la compétition peut dégénérer, si l'un des prétendants est un mauvais perdant.

Le lieu pourrait se transformer en terrain de massacre ! Les jeunes se sont inspirés de la rivalité East Coast - West coast aux États-Unis dans les années 1990.

Pourtant, la situation des deux pays est largement opposée. Mais voilà, « American way of life » oblige !

Les années se sont succédé, après, vient l'avènement des réseaux sociaux.

Les stars de la musique sont contraintes de jouer aux influenceurs. Leaders d'opinion dans les années précédentes, ils se prennent pour des acteurs de téléréalité, en exposant sans gêne leur vie privée, déclarent ouvertement la guerre à d'autres artistes : buzz pour faire marcher le business ; du cinéma pour avoir plus de réactions ; test pour déterminer le nombre de followers.

Bref, c'est une attitude pour attirer l'attention.

Les campagnes électorales de 2023 ont en quelque sorte amplifié la rivalité entre les artistes. Est-ce pour de vrai ? Ou une mise en scène ?

La politique a-t-elle paralysé le monde artistique ?

En vérité, la relation amicale entre les chanteurs et les intendants ou les présidents des partis n'est pas quelque chose de nouveau.

Faut-il rappeler que du temps de Tsiranana, des chanteurs ont été favorisés, comme les mpiantsa, par exemple ! Appartenant à des camps opposés, une confrontation s'impose.

Néanmoins, à cette époque, d'après les anciens, « la plupart dissimule, quelques-uns provoquaient leurs adversaires, si l'on peut dire ainsi, en sortant une chanson, voire un album pendant que d'autres le font dans le cadre d'un festival, sur scène. Le public le sait... Je n'ai jamais vu un affrontement direct. ça ne faisait pas, je crois », a fait savoir Georges Vanona, fan de kaiamba.

En somme,

la compétition musicale a évolué ces cinq décennies. Elle suit la tendance, s'adapte au contexte.

Positif ou négatif, cela dépend de l'interprétation de chacun.

Ce qui est sûr, la concurrence a pris actuellement une dimension assez large.

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