Afrique subsaharienne - Augmentation de la dette ces 10 dernières années

Les dilemmes de l'endettement en Afrique subsaharienne : principes et arbitrages en cas de restructuration de la dette. Tel est l'intitulé d'une note du Fonds Monétaire Internationale sur la situation et les perspectives de la dette en Afrique subsaharienne.

Une situation pas très reluisante puisque l'étude parle d'une augmentation de la dette ces 10 dernières années.

Tarissement

Un phénomène qui a pour origine des faits internes et externes. « Les programmes budgétaires et d'investissements publics menés par les pays pour répondre aux besoins de développement, les dérapages budgétaires et les chocs successifs, notamment la pandémie de Covid-19, les phénomènes climatiques et les catastrophes naturelles, ainsi que la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires, des carburants et des engrais après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ont fait augmenter la dette », précise le FMI dans ce document publié au mois d'octobre dernier. Paradoxalement, la région assiste actuellement à un tarissement du financement. « Plus récemment, le financement sur le marché s'est tari ou considérablement renchéri pour de nombreux pays de la région, car les pays avancés ont relevé les taux d'intérêt afin de lutter contre l'inflation et les investisseurs internationaux sont devenus moins enclins à prendre des risques. Les flux de financements publics ont également tendance à diminuer par rapport à la taille des économies et aux besoins de financement des pays. Les possibilités de refinancer la dette arrivant à échéance se sont nettement réduites, plaçant les pays devant des choix stratégiques difficiles ».

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Ratios

La note fait état d'une augmentation des ratios d'endettement public en Afrique subsaharienne. « Entre 2012 et 2022, le ratio médian de la dette publique par rapport au PIB s'est accru d'environ 30 points de pourcentage, passant de 28,8 % du PIB à 59,1 % . Cet accroissement est survenu après une décennie de forte diminution de l'endettement grâce à l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et à l'initiative d'allégement de la dette multilatérale. La hausse des ratios d'endettement a été généralisée, survenant dans tous les pays de la région à l'exception de quatre, mais a suivi un rythme très variable : 6 pays ont connu une augmentation de 1 à 20 points de pourcentage, 29 ont enregistré une hausse de 20 à 50 points de pourcentage et 5 pays ont vu une hausse supérieure à 50 points de pourcentage. Le service des intérêts de la dette publique s'est également accru, diminuant les ressources disponibles pour financer les besoins de développement, passant d'une médiane de 4,6 % des recettes publiques (hors dons) à fin 2012 à 10,4 % à fin 2022. La part des recettes publiques (hors dons) consacrée au paiement des intérêts a augmenté dans 34 pays d'Afrique subsaharienne au cours de cette période, et cette augmentation a dépassé 10 points de pourcentage dans 13 pays ». Dans ce contexte, le FMI évoque l'éventualité d'une restructuration de la dette qui a concentré l'attention de certains pays confrontés à la gestion de la vulnérabilité de leur dette et aux risques qui pèsent sur sa viabilité.

Risque modéré d'endettement

En ce qui concerne Madagascar, le pays dispose encore d'une certaine marge de manoeuvre en matière de dette. Selon la Stratégie de la Dette à Moyen Terme (SDMT) 2023-2025, un document publié par le ministère de l'Economie et des Finances, le risque de surendettement extérieur de Madagascar reste à un niveau « modéré ». Il en est de même pour le risque de surendettement global. Un niveau de risque qui permet encore au pays de contracter des financements. Selon d'ailleurs la SMDT, les besoins de financement brut s'élèveront à 25 538,6 milliards d'ariary dont 6 941,1 milliards d'ariary pour 2023, 8 617,4 milliards d'ariary pour 2024 et 9 980,1 milliards d'ariary pour 2025. Madagascar peut ainsi prétendre à des financements à taux concessionnels ou semi-concessionnels émanant des bailleurs classiques comme la Banque mondiale, la BADEA, la BAD, la BEI, l'OFID ou le FIDA. Ou encore les partenaires bilatéraux, comme le Japon, la France , l'Inde, la Chine ou la Corée du Sud. Notons, par ailleurs, que Madagascar a obtenu depuis avril 2022 sa première notation inaugurale B-/B avec une perspective positive auprès de l'agence de notation Standard & Poor's (S&P). Une notation inaugurale qui permet d'améliorer les relations entre les investisseurs économiques et financiers internationaux et de mobiliser davantage de ressources. Selon S&P, cette notation reflète notamment « les solides perspectives de Madagascar en termes de développement économique et social, soutenues par les importantes réformes structurelles mises en oeuvre au cours des dernières années, notamment pour améliorer l'environnement des affaires, lutter contre la corruption et assainir les finances publiques ».

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