Africa Investment Forum 2023 - L'agro-industrie, nouvelle manne de l'Afrique, devrait bénéficier de l'attention des banques et des bailleurs institutionnels, selon des experts

La BK Arena (anciennement connue sous le nom de Kigali Arena jusqu’en 2022) est le plus grand stade couvert d’Afrique de l’Est. Le 24 mai 2022, le nom du stade a été changé en « BK Arena » après la signature d’un contrat de sponsoring de six ans d’une valeur de huit millions de dollars avec Bank of Kigali. Il accueille des compétitions sportives et événements culturels.
10 Novembre 2023
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

De gauche à droite : Mme Raïssa Okoi a modéré le panel qui comprenait Mme Mireille Esther Gninahophin, fondatrice de la société OKEDJENOU et M. Adeel Malik, professeur du développement à l'université d'Oxford.

Les banques, les partenaires institutionnels et le secteur privé devraient investir massivement dans l'agro-industrie en Afrique, secteur qui souffre d'un déficit de financement alors qu'il est amené à devenir la nouvelle manne des pays du continent, estiment des experts. Leur appel a été lancé jeudi 9 novembre 2023 lors d'un panel intitulé « Agro-industrie : libérer l'innovation et la croissance », organisé dans le cadre des Market Days de l'Africa Investment Forum 2023 qui se tiennent du 8 au 10 novembre 2023 à Marrakech, au Maroc.

L'Afrique dispose d'un énorme potentiel pour nourrir sa population et le monde entier, et l'agro-industrie sera le moteur de la croissance, du développement durable et de la création d'emplois en Afrique, ont estimé M. Adeel Malik, professeur du développement à l'université d'Oxford, et Mme Mireille Esther Gninahophin, fondatrice de la société OKEDJENOU.

Pour libérer le potentiel de l'agro-industrie africaine, les panélistes estiment qu'il faut investir dans les infrastructures, l'innovation et le développement de la chaîne de valeur. Des opportunités d'investissement existent également dans la transformation, source de valeur ajoutée, la logistique et la technologie ainsi que dans les chaînes d'approvisionnement résilientes et durables, créatrices d'emplois et susceptibles de favoriser une croissance économique inclusive.

Toutefois -- et les panélistes sont unanimes -- le déficit de financement dans ce secteur est abyssal. « Les entrepreneurs agricoles se plaignent du manque de financements à long terme. Au mieux, ils ont des crédits pour un an », a souligné le professeur Adeel Malik qui a interrogé de nombreux « agribusinessmen » à travers l'Afrique, notamment au Nigeria. « Les banques disent qu'il y a trop de volatilité dans ce secteur. Elles ne sont pas prêtes à accorder des crédits de plus d'un an », a-t-il indiqué, remarquant que « les banques sont mal organisées, sinon organisées contre les agriculteurs qui doivent acheter des semences, des engrais, etc. »

« Le manque de financement est un frein à l'innovation. Les investissements sont aujourd'hui très concentrés sur les technologies, c'est bien, mais plus de deux tiers des terres arables du monde sont en Afrique, a fait observer Mme Gninahophin. Les producteurs ont des difficultés logistiques pour acheminer leurs produits dans des zones de consommation, il y a des pertes de production, faute de transformation. Les jeunes pousses ont besoin d'appui ».

« L'innovation a un coût, que ce soit dans la recherche ou l'équipement. Quand on produit 50 à 200 kilogrammes, tout va bien, mais quand on passe à 10 ou 20 tonnes, cela demande plus de financement. Les coopératives agricoles, les start-up, ont besoin de financements immédiats », a-t-elle ajouté.

Les deux panélistes ont appelé à des approches innovantes pour financer ce secteur en tenant compte de ses contraintes, comme les aléas pluviométriques et les effets des changements climatiques.

Mme Gninahophin, commercialise de l'« attiéké » (semoule de manioc) de Côte d'Ivoire en Afrique de l'Ouest et surtout en France. Elle souhaite un accompagnement des pouvoirs publics africains pour appuyer les entrepreneurs agricoles à respecter les normes européennes, ces barrières non tarifaires qui réduisent les exportations.

Dans de nombreux pays, les panélistes ont noté des progrès dans les réformes pour faciliter l'accès des terres, notamment aux femmes, et attirer les investissements privés nationaux et internationaux.

« Des stratégies sont définies, mais c'est la coordination entre les secteur public et privé qu'il faut renforcer. Le potentiel du marché africain mérite fortement d'être exploré par les investisseurs africains eux-mêmes », a souligné Mme Gninahophin. Elle voit en la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) une aubaine pour l'agro-industrie.

« Ce qu'il faut, c'est plus de financements, de coordination et de formation tant des agriculteurs que des intermédiaires », a insisté M. Malik.

Lors d'une session consacrée au lancement de l'Alliance des zones spéciales de transformation agro-industrielle, M. Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement et président de l'Africa Investment Forum, a déclaré que « les nouveaux millionnaires et milliardaires d'Afrique ne viendront pas de l'industrie pétrolière et gazière, mais du secteur de l'alimentation et de l'agriculture. »

Le panel était modéré par Mme Raïssa Okoi, ancienne journaliste à la BBC.

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