Afrique: Les hôpitaux, des sanctuaires pris au piège de la guerre

13 Novembre 2023

Le conflit au Proche Orient est plus que jamais marqué par le sort des hôpitaux dans la bande de Gaza, pris au milieu des combats entre le Hamas et l'armée israélienne.

Selon l'Onu, 20 des 36 hôpitaux de l'enclave palestinienne ne fonctionnent plus. Le plus grand de ces établissements, l'hôpital al-Chifa, a passé plusieurs jours sans électricité et sans eau, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le ministère de la Santé de l'organisation terroriste du Hamas affirme que des bébés prématurés et près d'une trentaine de patients en soins intensifs sont morts, faute de carburant pour faire fonctionner les générateurs électriques et les équipements.

Entre 15.000 et 20.000 déplacés se trouveraient actuellement sur le site de l'hôpital al-Chifa, selon les chiffres fournis par le Hamas mais aussi par l'Ocha, le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires.

Les sources palestiniennes parlent également de plusieurs centaines de patients. Les chiffres, selon les sources, varient fortement. Le directeur de l'hôpital, cité par la chaîne CNN ce lundi, parle lui de 7.000 déplacés.

Comme c'est le cas depuis le début du conflit déclenché par l'attaque terroriste du 7 octobre par le Hamas, on est très rapidement confronté à la difficulté de trouver des sources indépendantes ou concordantes.

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Le complexe hospitalier est en tout cas le plus grand de l'enclave palestinienne. Il se trouve en plein centre de la ville de Gaza. La situation y est "grave et dangereuse" après "trois jours sans électricité, sans eau", dit l'Ocha.

De violents combats sont rapportés autour du site depuis plusieurs jours. Un journaliste collaborant avec l'Agence France Presse évoque des chars, des blindés et des véhicules de transport de troupes israéliennes qui encerclent les abords du site.

Que dit le droit international ?

La question des hôpitaux, censés être des sanctuaires en temps de conflit, et qui sont protégés au nom du droit international, est devenue centrale, vu le nombre de blessés et de déplacés qui s'y abritent.

Mais aussi parce que le droit commence à évoluer lorsqu'un hôpital est utilisé pour commettre des "actes nuisibles à l'ennemi", ainsi que le rappelle le Comité international de la Croix rouge internationale, qui cite les Conventions de Genève.

Il peut ainsi perdre la raison de sa protection, même si là aussi, de nombreuses conditions humanitaires visant à protéger les civils et les malades doivent être remplies avant de pouvoir cibler militairement un hôpital.

Selon Israël, le Hamas utilise ces installations pour mener ses opérations. Des tunnels souterrains sous les hôpitaux permettraient aux combattants de se cacher. De la même manière, l'organisation terroriste utiliserait des écoles ou encore des mosquées à des fins militaires.

Les Etats-Unis abondent dans ce sens. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, estime-lui aussi que "le Hamas utilise les hôpitaux, ainsi que d'autres installations civiles, pour le commandement, pour abriter des armes, pour abriter ses combattants", et ce "à la fois historiquement, et dans ce conflit".

Boucliers humains

L'Union européenne a de son côté également dénoncé hier "l'utilisation par le Hamas d'hôpitaux et de civils comme boucliers humains". Bruxelles appelle en même temps Israël à une "retenue maximale" afin de protéger les civils.

Depuis plusieurs jours, l'armée israélienne assure ouvrir des couloirs sécurisés pour permettre aux déplacés de quitter les hôpitaux. Ce couloir est resté en place ce lundi, même si l'armée admet que le secteur est en proie à "d'intenses combats".

Vu les combats et les bombardements, cette évacuation est quasiment impossible, assure l'ONG Human Rights Watch. "Il n'existe pas d'itinéraire sûr pour l'évacuation. (...) Les images satellites confirment la présence d'incendies, d'opérations militaires et de barrages routiers sur tous les itinéraires possibles et imaginables. De plus, de nombreux malades et blessés hospitalisés ne pourraient pas être évacués même si les routes étaient dégagées", note l'ONG dans une note publiée ce lundi.

Enfin, l'armée israélienne explique avoir livré du carburant à l'hôpital pour faire fonctionner les générateurs. Israël avance des preuves montrant que les autorités du Hamas ont empêché le personnel de prendre possession des bidons d'essence.

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