Sierra Leone: Le pays dit partir en guerre contre la drogue kush, devenue un problème de santé publique

La Sierra Leone part en guerre contre le kush, une drogue synthétique mélangeant cannabis et produits chimiques qui empoisonne la société sierra-léonaise. Samedi 11 novembre, le vice-président Mohamed Juldeh Jalloh, a déclaré partir en guerre contre cette drogue et qui est devenu un problème de santé publique. Le kush touche toutes les couches de la société, alimenté par un marché local en plein essor.

« Mon fils, David, est l'une des victimes, dit Andrew Pemagbi, qui connaît les ravages du kush. J'ai tout fait pour l'éduquer, mais en vain. C'est désespérant », regrette-t-il au micro de Christina Okello de la rédaction Afrique.

L'addiction de son fils au kush ressemble à celle de centaines de Sierra-Leonais. On reconnait les dépendants à leur apparence : titubant, les pieds enflés d'ulcères, ils sont partout dans les grandes villes, des adultes aux plus jeunes. Si au départ, la consommation de la drogue était favorisée par son faible prix de 5 leones la dose, aujourd'hui, elle est alimentée par un marché local.

« Aujourd'hui, les gens fabriquent le kush eux-mêmes, explique Andrew Pemagbi. Ils vont dans les cimetières, ramassent les os des personnes enterrées et les préparent à leur guise. C'est vraiment un problème grave en Sierra Leone en ce moment. »

Cette nouvelle composition du kush, aux airs mystiques, attire aussi l'attention des autorités, notamment l'unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée. « Nous n'avons pas eu l'occasion de voir quelqu'un déterrer des cadavres pour leur retirer les os, mais c'est ce que tout le monde raconte », explique Briama Kamara, porte-parole de la police.

%

Pour endiguer la consommation du kush, les forces de l'ordre ciblent désormais les trafiquants. Ces dernières semaines, plusieurs arrestations ont été menées dans des villes comme Freetown, Makeni, Bo, et Kenema : « C'est un combat, et c'est un combat que le gouvernement doit gagner, sinon nous allons avoir une génération perdue », poursuit Briama Kamara.

Une autre arme, c'est la musique : Des artistes comme King Boss Laj, tentent de sensibiliser les jeunes pour dire non au kush.

Plus de 60 % des maladies mentales liées à une addiction au kush

Il n'existe pas de décompte officiel sur le nombre de cas, mais selon l'unique hôpital psychiatrique du pays, plus de 60 % des personnes souffrant de maladies mentales seraient liées à une addiction au kush. Pour Lucy Cecilia Lamine, de l'ONG Advocacy for the rehabilitation of mentally disadvantaged victims, qui plaide pour la réhabilitation des victimes mentalement défavorisées, La forte consommation du kush s'explique par le manque de structures pour prendre en charge des troubles mentaux.

Bien qu'un certain nombre de jeunes soient amenés à consommer ces substances par leurs amis, la majorité d'entre eux se tournent vers le kush pour soigner leur stress. Ils sont stressés par rapport à la situation économique. Je crois que la plupart d'entre eux se sentent déboussolés. Ils ont vraiment besoin de parler à un psychologue, ils ont besoin d'une aide professionnelle. Car il est impensable que quelqu'un qui réfléchit correctement sombre dans des pratiques néfastes qui finiront par nuire non seulement à lui-même mais aussi à sa famille. Tout cela révèle le défi que nous avons au sujet de la santé mentale. Il y a peu de structures en place. L'une des actions de notre organisation c'est de plaider pour l'abrogation de la loi sur la folie de 1902. Rien que son nom discrimine et stigmatise les gens. Dans ce texte, il n'y a aucune disposition qui prône d'avantage de bien-être pour les personnes atteintes de troubles mentaux. En fait, la Sierra Leone commence tout juste à prendre conscience du problème que représente la santé mentale.

01:01 Pour Lucy Cecilia Lamine, de l'ONG Advocacy for the rehabilitation of mentally disadvantaged victims, qui plaide pour la réhabilitation des victimes mentalement défavorisées, La forte consommation du kush s'explique par le manque de structures pour prendre en charge des troubles mentaux

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.