Ile Maurice: La Bolivienne a payé cash son voyage à Maurice via Sao Paulo et Dubaï

17 Novembre 2023

Ercilia Paracada Saucedo, une Bolivienne âgée de 30 ans, a été arrêtée lundi à l'aéroport SSR. Arrivée à bord du vol EK701, elle transportait dans le double fond de sa valise, 2,03 kg de cocaïne d'une valeur marchande estimée à environ Rs 30 millions. Cette valeur inquiète l'Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), car bien que le contrôle de la livraison ait capoté, le contact local reste dans le viseur de ses enquêteurs. Ils souhaitent comprendre l'évolution du marché de la cocaïne, s'il prend de l'ampleur ou s'il reste populaire auprès d'une catégorie spécifique de clients. Ils se demandent s'il s'agit de clients sur la côte, de fournisseurs de rave parties ou même de boîtes de nuit.

Une chose est certaine, la Bolivienne a été utilisée comme appât pour accomplir le travail de la mafia de la drogue dans son pays et à Maurice. La prochaine étape pour l'ADSU consiste à retrouver ce contact local qui a appelé la réception du Guest House pour vérifier si la passeuse était bien arrivée. Son numéro de téléphone constitue un élément clé pour les enquêteurs. Il pourrait leur permettre d'approfondir leur enquête sur cette importation de cocaïne. Les enquêteurs soumettront une demande d'ordonnance judiciaire pour obtenir le nom de la personne ayant enregistré la carte SIM utilisée.

Par ailleurs, l'interrogatoire de la Bolivienne n'a pas encore commencé, car l'ADSU doit suivre le protocole en engageant un traducteur/une traductrice qui l'aidera à donner sa version des faits. Étant donné que la Bolivie n'a pas de représentation à Maurice, l'ADSU a fait une demande au commissaire de police pour connaître la marche à suivre.

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Un processus triangulaire qui rend difficile la traque du commanditaire

Les commanditaires de trafic de drogue ont un mode d'opération très bien coordonnée. On nous dit qu'ils ne communiqueront jamais directement avec le passeur ou la passeuse. C'est le contact en Bolivie qui communiquait avec la Bolivienne. Les messages WhatsApp qu'elle recevait étaient dans leur langue. Selon nos informations, elle ne connaîtrait pas son contact local, car ce dernier communique directement avec celui avec lequel il a passé sa commande. Si quelqu'un se rend directement au Guest House, ce ne serait jamais le commanditaire, mais plutôt un bras droit chargé de mener à bien cette mission.

La route de la cocaïne interceptée par la douane mauricienne

Ercilia Paracada Saucedo est une instructrice de Zumba qui a payé son billet cash. Selon nos renseignements, son voyage a coûté environ Rs 100 000. Elle a voyagé de la Bolivie à Sao Paulo au Brésil pour Dubaï et vers Maurice. Le réseau de renseignements bien rodé de la douane mauricienne avait été averti de cette passagère suspecte.

Ally Lazer : «L'UNODC classe Maurice cinquième pour la quantité de drogue saisie et le nombre d'arrestations»

Le président de l'Association des travailleurs sociaux à Maurice, Ally Lazer, prend position dans cette importation de cocaïne. «Nous avons un marché bien rodé à Maurice. Ce n'est pas une coïncidence qu'elle soit envoyée comme mule. Bien souvent, la mafia de la drogue envoie quelqu'un qui n'a pas les moyens financiers. Elle est utilisée comme un appât.» Il insiste sur le fait que Maurice n'est pas une plaque tournante pour la drogue comme Madagascar ou même l'Afrique du Sud. «Nous ne faisons pas de livraison aux pays avoisinants. Nous sommes des consommateurs et c'est cela le plus dangereux. Notre pays est classé cinquième au monde par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) en termes de quantité de drogue saisie et du nombre d'arrestations faites.» Il demande aux autorités de renvoyer ces mules étrangères dans leur pays d'origine. «Nous, les contribuables, ne pouvons pas payer Rs 700 par jour pour qu'ils soient nourris, logés, et blanchis. Il faut qu'ils regagnent leur pays et qu'ils y soient jugés.»

Sam Lauthan : «Je pense qu'elle n'a pas voyagé seule et a dû être suivie par un homme de la mafia.»

L'ancien assesseur de la commission Lam Shang Leen et travailleur social, Sam Lauthan, est d'avis que cette Bolivienne n'a pas voyagé seule sur un si long trajet. «Ce cas me fait penser qu'elle est suivie par quelqu'un de la mafia pour voir si la drogue arrive à bon port. Cela me fait penser à un Indien qui était arrivé à Maurice il y a 25 ans avec de la drogue dans le double fond de sa valise à son insu. Le directeur de la compagnie où il travaillait lui avait demandé de le représenter à Maurice pour le marché textile qui était en plein essor. Il a cru en son employeur car il était là tout frais payés. Il a accepté de venir, mais il a été arrêté à l'aéroport et condamné à une peine de 25 ans. Une fois rentré en Inde après avoir dénoncé son employeur, il avait pris une balle. Je me demande quel sera le sort de cette fille après.»

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