Afrique: L'industrialisation, une étape préalable nécessaire à la transformation structurelle de l'Afrique (économiste)

Les technologies numériques peuvent être un puissant moteur de développement, en particulier dans des pays comme la Mauritanie.

Le continent africain peine à asseoir sa transformation structurelle parce que l'étape de l'industrialisation est souvent sautée dans le processus d'élaboration des politiques de développement, a estimé Dr Ligane Massamba Jacques Sène, chef des unités politiques économiques et stratégies au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

"La transformation structurelle est le processus qui aboutit à la migration des ressources des secteurs à faible productivité vers des secteurs à forte productivité", a expliqué Dr Ligane Massamba Jacques Sène Senior économiste au Sierra Leone et au Liberia pour le Programme des Nations Unies pour le développement chef des unités politiques économiques et stratégies.

Dans un entretien avec l'envoyée spéciale de l'APS, à Addis Abeba au deuxième jour de la 18ème Conférence économique africaine, l'économiste sénégalais a souligné que comme toute politique de développement, "il faut trouver les fonds pour financer les politiques d'industrialisation".

"L'enjeu c'est de développer des industries transformatrices, de voir aussi comment utiliser la technologie et la digitalisation pour arriver à mettre sur le marché des produits plus sophistiqués de tel sorte que les retombées pour le continent soient beaucoup plus conséquentes.

Il s'agit également de "prendre en compte le fait qu'on cherche à passer à un modèle agricole assez traditionnel à un modèle beaucoup plus innovant et industriel".

C'est pourquoi, selon Ligane Massamba Jacques Sène, "il faut préparer les acteurs à être prêts pour ce changement de paradigmes".

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"Pour l'industrialisation ce qui est important c'est de veiller à ce qu'il y ait plus de transformation économique en Afrique", a -t -il souligné.

"La majeure partie de nos industries, les produits et les matières qu'elles exportent sont très faibles en teneur technologique. L'enjeu majeur c'est d'arriver à diversifier leur production mais aussi d'augmenter la technicité des produits exportés de telle sorte de s'intégrer plus facilement aux chaines de valeur régionales et mondiales et et échanger sur des produits à forte teneur technologique", a t -il expliqué.

Pour l'économiste, "le modèle d'exportation en Afrique est très différent du modèle à la base du succès dans les pays développés".

"On échange beaucoup entre pays africains avec notamment des produits primaires qui ne sont pas suffisamment transformés, donc avec une valeur ajoutée très limitée en termes de gains", a t -il soutenu.

La mobilisation de ressources locales reste également un grand défi pour les pays africains avec la raréfaction des ressources extérieures qui constituaient l'aide publique au développement et qui supportaient la plupart de nos pays.

Les pays africains devraient plutôt "réorienter nos modèles de financement pour voir comment maximiser et explorer nos potentiels de mobilisation de ressources internes". M. Sène a donné comme exemple, "l'élargissement des bases fiscales, avec la recherche de nouvelles niches fiscales de telle enseigne qu'on puisse mobiliser les fonds qui sont tant nécessaires pour le financement de l'industrialisation de l'Afrique".

"Il ne faut pas seulement se baser sur ce que les bailleurs nous donnent vu le nombre des pays africains qui sont surendettés ou font face à un risque accru de surendettement", a t -il ajouté.

Cela impose pour les pays africains, "une nouvelle stratégie de mobilisation de ressources pour le financement des politiques de transformation agricole et des politiques d'industrialisation tout court".

Ligane Massamba Jacques Séne a pris part à une session du PNUD consacrée au thème "Développement du capital humain pour l'industrialisation en Afrique".

L'idée de la discussion était de voir comment aller au-delà du processus d'industrialisation pour prendre en compte l'aspect complet holistique des politiques, en intégrant la dimension du capital humain afin de renforcer le potentiel en Afrique pour rendre les firmes beaucoup plus productives, compétitives et capables d'atteindre facilement les marchés extérieurs.

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