Afrique: Les immortelles chansons d'Afrique - « Baïla » de Jean Serge Essous

Ce 25 novembre marque le 14e anniversaire de la mort de Jean Serge Essous. Acteur majeur de la scène musicale africaine, il a vaincu le temps par ses oeuvres imputrescibles qui se jouent et continuent à faire danser les férus de l'art d'Orphée. « Baïla », son titre paru à la fin de l'année 1957, en est une illustration.

« Baïla » est la première chanson cha-cha-cha du Congo et de l'Afrique centrale. Elle a vu le jour au sein de l'orchestre Rock-A-Mambo, grâce à la maison Esengo appartenant à Antonopoulos, sous la référence ESRF 1460. Ce titre a récolté un énorme succès et son auteur s'est vu gratifier d'un scooter par le patron Antonopoulos. C'est une ode qui invite à danser le cha-cha-cha.

« Oh Baïla, el nuevo ritmo del cha cha cha, la senorita que lo baïla. Oh baïla, la musica bela mexicana Santa Maria ! Ritmo Rock-A-Mambo musica africana ritmo mexicano saca la cabeza ». En français :« Oh, danse le nouveau rythme du cha cha cha et que danse (aussi) la démoiselle. Oh, danse la belle musique mexicaine Sainte Marie ! Rythme Rock-A-Mambo, musique africaine, musique mexicaine, sors la tête (pour voir) ». Cette oeuvre est chantée en duo par Grand Kallé et Rossignole. La guitare solo de Tino Baroza s'affronte à la clarinette d'Essous pour produire des sonorités envoûtantes. La guitare rythmique de Nico Kassanda, la basse de Roitelet et la tumba de Saturnin Pandi s'accordent pour ponctuer le rythme de cette mélopée.

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Fils de François Kitsoukou et d'Adèlaïde Matsanga, dite Adèle, Jean Serge Essous est né le 15 janvier 1935 à Mossendjo. Son parcours riche et très élogieux a débuté en 1953 quand il intègre l'orchestre Les compagnons de la joie de Marie Isidore Diaboua. En 1954, il est dans le Negro Jazz. Grand organisateur des ensembles, il a participé à la fondation de l'Ok Jazz, en 1956 ; Rock-A-Mambo en 1957 ; à celle des Bantous en 1959 et de l'African Team. En 1964, il est plébiscité meilleure vedette des deux rives. Il a composé « Congo molili esili », premier prix de la chanson révolutionnaire. Avec le Ryco Jazz, il va effectuer un voyage en Martinique et en Guadeloupe où ils vont découvrir Jean Claude Naimro, Jean Claude Vamur et toute l'ossature du groupe Kassav pour finalement jouer ensemble. Comme le témoignait Manu Dibango : « Ces chapelets de guitares qu'on entend aujourd'hui dans le zouk, on le doit beaucoup à Essous et à l'orchestre Ryco Jazz ».

De sa riche gloire on peut retenir, en combinant la rumba-soukous avec la biguine, qu'il crée un genre nouveau devenu zouk. Pour preuve, sa chanson « Timothée » qui devient l'hymne du carnaval antillais pour lequel il est couronné meilleur artiste en février 1968 est un zouk avant-gardiste. Le 11 octobre 2006, il est désigné par le directeur de l'Unesco artiste de l'Unesco pour la paix. Multi instrumentiste décédé il y a 14 ans, Jean Serge Essous est le premier artiste à apprendre aux Kinois à danser le cha-cha-cha.

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