Cameroun: Après une nouvelle attaque à Bamenda, le préfet local dénonce les violences répétées contre les civils

Bamenda ville du nord ouest au Cameroun épicentre de la crise anglophone (photo d'archives).

On en sait davantage sur l'attaque meurtrière du 25 novembre 2023 à Bamenda, capitale de la région anglophone du Nord-Ouest, au Cameroun. Le bilan officiel donné le 26 novembre par le préfet du département de la Mezam est de 5 morts et 9 blessés, dont plusieurs dans un état grave. Des hommes armés venus à moto ont tiré sur l'assistance rassemblée dans un bar pour rencontrer un acteur star venu du Nigeria.

Sylvester Madu alias « Shina Rambo » était à Bamenda pour le tournage d'Abakwa, un film dénonçant la drogue et les addictions. Avec son équipe, la star de Nollywood a été invitée à faire une apparition publique pour rencontrer des fans dans un bar du nord-est de Bamenda, au niveau de Mile 3 Nkwen, un quartier dont les routes permettent de sortir de la ville. Vers 22h, des assaillants armés arrivent à moto et commencent à tirer à l'extérieur de l'établissement, le Big-G. C'est la panique. L'acteur parvient à se cacher. Des tirs des forces de l'ordre font fuir les assaillants.

Dans sa communication, le préfet de la Mezam condamne « ces actes répétés de violations des droits fondamentaux des civils perpétrés par des "terroristes à la dérive" ». L'attaque n'a pas été revendiquée.

Une litanie de violences

Vendredi 24 novembre, la veille de l'attaque du Big-G, une adolescente de 15 ans est morte à New Road Nkwen, tuée par des hommes armés qui tentaient d'enlever son père. Le même jour, Passi Christopher Dobah, membre du conseil municipal de Balikumbat, localité proche de la région Ouest, a été exécuté par ses ravisseurs. Il avait été enlevé le 11 novembre lors de funérailles à Baligashu.

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Mardi 21 novembre, l'attaque du marché de Bamenyam, dans la région Ouest, a coûté la vie officiellement à neuf personnes. Dans la nuit du 5 au 6 novembre, les habitants du quartier Egbekaw au nord de Mamfe, dans la région du Sud-Ouest, ont vécu l'horreur quand des assaillants ont mis le feu à des habitations, tirant sur ceux qui cherchaient à s'enfuir. Bilan officiel : 24 morts. Une litanie de violences.

« Il n'y a jamais eu de rencontres entre représentants du gouvernement et des séparatistes sous les auspices du Canada »

Vendredi 24 novembre, à Yaoundé, la capitale, le gouvernement a été interpellé à l'Assemblée lors de la session parlementaire. Le député et opposant Jean-Michel Nintcheu est ainsi revenu sur la tentative de facilitation canadienne, annoncée par Ottawa puis démentie en début d'année par le ministère de la Communication.

Jean-Michel Nintcheu demande des explications sur ce « ping-pong ». Et questionne : « Le gouvernement est-il toujours disposé à la négociation pour un retour définitif à la paix ? »

C'est Félix Mbayu, ministre délégué auprès du MinRex, le ministre camerounais des Relations Extérieures, qui a pris la parole pour lui répondre. « Non, catégoriquement non. (...) Il n'y a jamais eu de rencontres entre représentants du gouvernement et des séparatistes sous les auspices du Canada », déclare-t-il.

Le gouvernement camerounais contredit ainsi une nouvelle fois le ministère canadien des Affaires étrangères.

Félix Mbay affirme que « le gouvernement du Cameroun a toujours été prêt à dialoguer ». Mais, selon lui, ce sont les leaders séparatistes qui n'ont pas fait preuve de bonne volonté et ne sont pas en capacité de tenir des engagements, comme la fin des journées villes mortes, qui ont lieu tous les lundis à Bamenda.

Dans une déclaration signée le 16 novembre, la plateforme de la société civile camerounaise Action civile 237 demande « avec urgence » au Conseil de sécurité des Nations unies de procéder à la qualification juridique du conflit armé dans les régions anglophones du Cameroun conformément à l'article 39 et « prie avec insistance la communauté internationale d'agir urgemment afin de persuader le gouvernement d'engager un processus de résolution de la crise anglophone à travers des négociations directes avec les chefs des groupes armés séparatistes ».

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