Tunisie: Banque Mondiale - Baisse de 3,4% du PIB d'ici 2030 en cas d'inaction climatique

30 Novembre 2023

Le changement climatique n'est plus un phénomène abstrait en Tunisie ; c'est un défi qui affecte directement l'économie du pays. La Banque mondiale plonge dans les coûts potentiels de l'inaction climatique, offrant également une lueur d'espoir à travers l'exploration des bénéfices économiques et sociaux des actions d'atténuation et d'adaptation.

Dans son dernier rapport sur le Climat et le Développement en Tunisie (CCDR), la Banque mondiale est revenue sur les impacts macroéconomiques de l'inaction climatique, étant donné que l'impact du changement climatique sur l'économie tunisienne est un sujet d'une importance croissante.

En effet, l'analyse détaillée des impacts économiques et fiscaux potentiels de l'inaction face aux pénuries d'eau projetées offre un aperçu approfondi des risques encourus. Selon les projections, les pénuries d'eau pourraient entraîner une contraction du PIB réel de la Tunisie, estimée entre 4,1% (scénario RCP* 4.5) et 4,6% (scénario RCP 8.5) d'ici 2030, soit une valeur comprise entre 2,7 milliards de dinars et 3,8 milliards de dinars par an.

Ces pertes, concentrées principalement dans le secteur agricole, pourraient également impacter le secteur industriel et détériorer le déficit de la balance courante.

Le niveau de la mer en hausse et les inondations, bien que potentiellement moins préjudiciables que les pénuries d'eau, pourraient générer des pertes économiques importantes.

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Les simulations suggèrent des pertes légères dans le scénario RCP 4.5, mais des chiffres plus substantiels dans le scénario RCP 8.5, pouvant atteindre 1,7% du PIB d'ici 2050.

Quels coûts économiques ?

Les pénuries d'eau projetées pourraient entraîner des impacts économiques significatifs en réduisant le PIB réel de 3,4% d'ici 2030 (scénario RCP 8.5), soit environ 5,6 milliards de dinars par an en valeur actuelle nette (1,8 milliard de dollars).

Ces pertes, principalement attribuables au secteur agricole, pourraient également détériorer la balance courante, exposer l'économie à une crise prolongée et sans précédent.

Toujours d'après le rapport, des mesures combinées d'adaptation et d'atténuation pour faire face au changement climatique et décarboner le secteur de l'électricité pourraient faire grimper la croissance du PIB à 8,8% d'ici 2030, réduire la pauvreté et diminuer les émissions liées à l'énergie.

Face à ces défis, le document souligne l'urgence d'adopter des mesures d'atténuation et d'adaptation. Les coûts élevés du changement climatique renforcent la nécessité de ramener l'économie sur une trajectoire durable, tout en proposant un ensemble diversifié de politiques et d'investissements pour faire face aux pénuries d'eau et aux inondations, offrant ainsi des solutions à court terme et des avantages à long terme.

En particulier, la décarbonation du secteur de l'énergie émerge comme une stratégie cruciale. Les scénarios de décarbonation présentés montrent des gains économiques significatifs, réduisant les importations d'énergie et stimulant la croissance économique.

Les trois scénarios de décarbonation analysés indiquent tous des gains économiques par rapport à l'inaction, avec des impacts positifs sur le PIB, les exportations et la dette publique.

En combinant des mesures d'adaptation et d'atténuation ambitieuses, le document présente des scénarios où le PIB serait jusqu'à 9% plus élevé qu'en cas d'inaction d'ici 2030. Ces mesures combinées réduiraient également significativement la pauvreté, soulignant ainsi l'impact positif global des actions climatiques.

«Le CCDR de la Tunisie, aligné sur la Stratégie nationale de transition écologique et le Plan de développement 2023-2025, met en évidence le soutien constant de la Banque mondiale, partenaire indéfectible de la Tunisie sur la voie d'un avenir plus durable, a déclaré Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb.L'adaptation au changement climatique et la promotion d'une économie verte représentent une opportunité unique pour la croissance, la résilience et le développement durable du pays», a-t-il ajouté.

En conclusion, le rapport met en lumière l'importance critique de renforcer le capital macroéconomique, financier et humain pour garantir la résilience face aux défis climatiques.

Les investissements dans la décarbonation et les actions d'adaptation peuvent non seulement atténuer les risques économiques, mais également générer des bénéfices substantiels, contribuant ainsi à une économie plus durable et résiliente.

*RCP: Trajectoires représentatives de concentration : un scénario RCP permet de modéliser le climat futur. Chaque scénario RCP donne une variante jugée probable du climat qui résultera du niveau d'émission choisi comme hypothèse de travail.

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