Tchad: Comment le football tchadien replonge dans la crise

Après une suspension de la Fifa, la mise en place d'un Comité de normalisation, le football tchadien pensait que les élections, prévues ce jeudi 30 novembre, allait le remettre sur de bons rails. Mais une nouvelle crise est venue pointer le bout de son nez, menaçant le Tchad d'une nouvelle suspension de la part de la Fifa.

L'air du renouveau avait soufflé ces derniers temps sur le football tchadien, matérialisé par la participation de l'équipe nationale aux deux premières journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Une première pour une équipe habituée aux forfaits ou à s'arrêter dès les tours préliminaires. Il y a bien sûr eu les défaites face au Mali (1-3) et Madagascar (0-3) lors des premières journées des qualifications au Mondial américain, mais l'essentiel était ailleurs pour les acteurs du foot tchadien ; la restructuration était en marche. Et tout cela devait être validé par les élections pour choisir le nouveau président de la Fédération. Prévues jeudi 30 novembre, elles ne se sont pas tenues...

« Le but est de faire passer Foullah... »

Un juge du tribunal de Grande instance de Ndjamena a en effet pris la décision de suspendre l'Assemblée générale élective à la suite d'une requête de Tahir Oloy Hassan dont la candidature a été invalidée par le Comité de normalisation (Conor). Celui-ci n'a retenu qu'un dossier, celui d'Ibrahim Foullah, ancien vice-président de la Fédération tchadienne de football. Il n'en fallait pas plus à Tahir Hassan pour dénoncer ce qu'il voit comme un « micmac » pour l'écarter et privilégier son adversaire. « Le but est de faire passer Foullah comme candidat unique, accuse Hassan joint par RFI. Il n'a aucune chance face à moi. Aux élections, il n'y a pas match. Madame Mme Jacqueline Moudeïna (Ndlr : présidente du Conor) a trouvé des arguments farfelus pour rejeter notre dossier. Elle est partisane. »

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Pour motiver sa décision de ne pas retenir la candidature de Tahir Hassan, le Comité de normalisation affirme avoir « relevé des anomalies » dans le dossier de celui-ci. « Les pièces que vous avez fournies, en tant que tête de liste, pour justifier vos années d'expériences dans le football (...) sont manifestement falsifiées », écrit le Conor dans un courrier adressé à Hassan. Ce dernier nie en bloc et pointe le fait même que le Conor soit divisé sur la manière dont est géré le processus de cette élection. En effet, Nair Abakar, vice-président du Comité de normalisation, a refusé de signer le procès-verbal notifiant la décision de présenter un unique candidat pour l'élection.

« Qu'un membre du Conor, sur les sept, refuse de signer un procès-verbal, c'est son droit le plus absolu, admet Ibrahim Foullah dans un entretien avec RFI. L'essentiel est que la majorité s'est dégagée ».

L'ancien maire de Ndjamena se désole de la tournure des évènements avec cette élection qui ne peut toujours pas se tenir. « Tout cela, c'est la faute de gens étrangers au football. Ils ont falsifié des documents alors qu'on est dans un petit milieu. On se connaît tous. »

Des accusations qui font tiquer Hassan qui rappelle que Foullah est dans l'attente « de son procès » pour corruption et détournement de deniers publics.

« Candidat préféré du milieu du football...»

En attendant, c'est l'impasse. Jeudi, l'élection n'a pu se tenir, malgré les pressions de toutes parts et la présence des membres de la Fifa à Ndjamena. L'instance dirigeante du foot mondiale aurait fait de Foullah son « candidat préféré » selon Hassan.

« Je n'ai aucun rapport avec la Fifa et personne de la Fifa ne me connaît pas, réplique Ibrahim Foullah. Je suis plutôt le candidat préféré du peuple, le préféré du milieu du football, parce qu'on me connaît. J'ai fait un parcours dans le football tchadien ».

En tout cas, dans l'après-midi de jeudi, Gelson Fernandes, Directeur des associations membres/Afrique, à la Fifa, était reçu par le Premier ministre tchadien, Saleh Kebzabo. Difficile pour eux de ne pas évoquer la situation actuelle.

Ce vendredi 1er décembre, le juge qui a suspendu l'AG pour l'élection, se serait rétracté, les acteurs de l'élection attendent que leur sécurité leur soit garantie avant de tenir l'Assemblée générale. Un statu quo qui pourrait pousser la Fifa à suspendre (même provisoirement) de nouveau la Fédération tchadienne pour ingérence.

De son côté, pour multiplier ses chances de remporter le combat, Tahir Hassan a également porté l'affaire auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) qui s'est saisi du dossier.

« Les Tchadiens, les acteurs du ballon rond, sont lassés de ces gens qui ont fait 20, 30, 40 ans à la Fédération sans aucun résultat, rappelle Hassan. Depuis 60 ans, le Tchad n'a même pas joué une seule phase finale de Coupe d'Afrique. Les gens sont excédés. »

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