Ile Maurice: Du PSAC au HSC - Le parcours du combattant

1 Décembre 2023

À quelques heures de la publication des résultats du National Certificate of Education (NCE) prévue aujourd'hui, les nouvelles options qui s'offrent aux quelque 15 000 élèves demeurent floues. Entre les nouveaux parcours ajoutés à la liste - Technology Education Stream et Bright Up Programme -, faisons le point...

PSAC

À la fin du Primary School Achievement Certificate (PSAC) - Grade 6 -, deux options s'offrent aux élèves. Le mainstream, c-à-d, continuer en Grade 7 au collège pour ceux qui ont réussi aux examens du PSAC ; et l'Extended Programme (EP) pour ceux qui auront échoué aux mêmes examens. Les élèves du mainstream et de l'EP devront tous prendre part, par la suite, aux examens du National Certificate of Education (NCE) (Grade 9) à une différence près. Ceux du mainstream auront trois ans pour s'y préparer tandis que ceux de l'EP auront quatre ans (Grade 9+) pour y prendre part.

NCE

Une fois l'épreuve du NCE franchie, deux options s'offrent à ceux qui ont réussi. Le «stream normal», soit poursuivre en Grade 10 (dans leur collège ou dans une académie) pour prendre part, après deux ans, aux examens du School Certificate (SC), puis du Higher School Certificate (HSC). La nouveauté est que ces élèves peuvent désormais adopter le SC Technology Education Stream (TES).

%

Le TES entrera en vigueur en janvier 2024 sur une base pilote dans dix établissements à travers le pays (collège Royal de Port-Louis, SSS Goodlands, collège Islamic de Vallée-des-Prêtres, Camp-deMasque State College, collège New Eton, MGSS de Moka, SSS Emmanuel Anquetil, Sookdeo Bissoondoyal State College, Lorette de Mahébourg et SSS Swami Sivananda) pour le moment.

Une fois que l'élève choisit cette option, il devra poursuivre deux ans d'études (Grades 10 et 11) dont les évaluations seront faites par le National Examinations Board (NEB) en collaboration avec l'université de Maurice, le Mauritius Institute of Education (MIE) et le Mauritius Examinations Syndicate (MES). Alors que pour le «stream normal», les élèves seront toujours évalués par l'université de Cambridge.

Pour le TES, cinq sujets sont obligatoires : l'anglais, le français, les mathématiques, les sciences et les essential skills qui comprennent les arts, l'entrepreneuriat et l'informatique. En sus de cela, ils devront choisir un cluster (Chaque élève doit faire les cinq sujets et un cluster). Ils auront le choix entre Engineering, Technology, Health and Hospitality et Computer Technology & Innovation.

Ceux qui auront échoué aux examens du NCE, pourront redoubler le Grade 9 ou se tourner vers le Bright Up Programme (voir plus loin).

Post-NCE pour l'extended programme

Les élèves de l'EP, qui auront réussi au NCE après leurs quatre ans, pourront intégrer le mainstream en Grade 10 pour préparer le SC et le HSC ou se tourner vers la filière technique en intégrant le Mauritius Institute of Training and Development (MITD). En cas d'échec, ils pourront intègrent le 9++ pour tenter une deuxième chance aux examens du NCE. Désormais, ils pourront aussi se tourner vers le Bright Up Programme.

Le Bright Up Programme, en collaboration avec le MITD, le Mauritius Sports Council et la National Social Inclusion Foundation, a été annoncé mercredi par la ministre de l'Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun. Il concerne ceux n'ayant pas réussi aux examens du NCE. L'élève intégrera le NC2 où des cours de Life Skills, Outdoor Education, Healthy Living et Social Mentoring, entre autres, seront dispensés avant d'accéder au NC3 qui les aidera à se préparer au monde du travail.

NCE : Le taux de réussite devrait être en hausse

Les syndicats sont unanimes. Le taux de réussite pour les examens du NCE devrait en principe être en hausse cette année, comparativement à l'année dernière. En tout cas, tout semble aller dans cette direction. Premièrement, parce que les papiers étaient tous très abordables cette année. «Nous avons été en contact avec des enseignants et on nous a fait comprendre qu'il y a eu une baisse dans le niveau des papiers. Les questions étaient plus faciles et étaient différentes de l'année dernière. Par contre, nous ne savons pas si les enseignants ont aussi été plus indulgents dans les corrections.» Le danger en rendant les papiers plus faciles, expliquent plusieurs dans le milieu éducatif, est que plus d'élèves iront en Grade 10 certes mais moins d'élèves obtiendront les cinq credits une fois au SC. «Parce que nous le savons tous, Cambridge a, lui, rehaussé le niveau post-Covid-19.» Pour eux, la ministre a seulement essayé de maquiller un échec futur. «On n'a rien arrangé, on a juste repoussé l'échec de l'enfant Mauricien...» Pour rappel, en 2022, seuls 71 élèves (entre 12 et 14 ans) sur 3 291 ayant pris part aux examens de fin d'études après quatre ans de l'«extended programme» ont réussi et 3 210, soit 98 %, ont échoué.

Les syndicats mitigés

Un jour après l'annonce de la mise en place du Bright Up Programme par la ministre Dookun-Luchoomun, les syndicats semblent bien accueillir cette mesure. À l'instar de Vikash Ramdonee, secrétaire de l'United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU). «C'est ce que l'on demandait depuis longtemps car depuis peu, le ministère ne savait pas quoi faire des élèves de l'EP qui échouaient et même de ceux qui étaient en Grade 9++. Nous trouvons que c'est une bonne initiative même si elle intervient avec deux ans de retard. Vaux mieux tard que jamais... Nous voulons désormais une ligne de communication directe avec le ministère de l'Éducation pour voir comment on peut nous aider au niveau de l'école pour préparer l'enfant à entrer au NC2.» D'autres syndicats parlent, eux, d'annonce qui intervient à la veille des résultats du NCE. «Nous ne comprenons pas pourquoi cela n'a pas été fait plus tôt. À ce moment-là nous aurions eu le temps de nous renseigner comme il se doit sur ce débouché pour pouvoir communiquer clairement avec les parents qui viendront prendre les résultats de leurs enfants aujourd'hui.»

Mahend Gungapersad, député du Parti travailliste en charge du dossier éducation, s'interroge aussi sur le timing de cette annonce du Bright Up Programme. «N'est-ce pas un aveu d'échec de sa réforme éducative ? Avec l'EP, elle a fait de sorte qu'il n'y ait pas de grande possibilité d'avenir pour ces enfants. Je pense qu'elle ne cherche pas la réelle cause de l'échec des enfants au PSAC et au NCE mais vient plutôt désormais avec des mesures cosmétiques - que ce soit pour le Bright Up Programme ou le TES - qui automatiquement se concluront aussi par un échec plus tard, à la veille des élections.»

Pour le TES, Vikash Ramdonee est catégorique. «Il n'y a eu aucun débat et discussion et encore moins de communication au préalable concernant cette option. Ainsi, plusieurs de nos questions restent toujours sans réponse.» Parmi ces questions : pourquoi créer un écart entre ceux qui prendront part aux examens de Cambridge et ceux qui prendront les papiers du TES - dont les évaluations se feront par des entités locales ? «Cela agira comme un frein pour ces élèves qui seront de la filière TES avec des perspectives d'emploi limitées à l'avenir. Nous demandons humblement à la ministre de reporter sa mise en application et d'avoir, entre-temps, des discussions et un dialogue avec les professionnels du secteur. Écoutez au moins nos appréhensions.» D'autres syndicats se demandent si le ministère est fin prêt pour lancer ce projet même sur une base pilote ? Ne va-t-il pas trop vite ? On explique qu'il y a eu une rencontre avec des parents concernés à The Core, Ébène, récemment pour parler du TES mais «il faudra surtout voir combien montreront de l'intérêt et intégreront ce parcours après les résultats».

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.