Ile Maurice: Le combat solitaire d'Harish Boodhoo

3 Décembre 2023

Il est aujourd'hui âgé de 81 ans. Harish Boodhoo a traversé une nuit des plus éprouvantes au cours de laquelle son monde a été littéralement englouti par les flammes. C'était le 1er mars 2011, une date qui restera à jamais gravée dans sa mémoire.

L'homme aux multiples combats reste convaincu qu'il s'agit d'un acte criminel délibéré. Malgré une enquête judiciaire ayant confirmé cette thèse, l'affaire demeure ouverte, sans conclusion après 12 longues années. Résilient mais marqué par le temps, il a perdu confiance en la justice locale, y compris en la police et le système judiciaire. Les défaillances dans l'enquête et l'absence de résolution ont miné sa foi en ces institutions, dit-il.

Le feu a éclaté dans le garage de sa maison, dévorant impitoyablement le 4x4 de son neveu et sa propre voiture, ainsi qu'une partie de sa demeure à BelleTerre. La nuit s'est transformée en un cauchemar, laissant derrière elle des pertes importantes, des souvenirs réduits en cendres. Les dégâts se chiffrent à plusieurs millions, mais au-delà des pertes matérielles, c'est l'âme de sa demeure qui a été profondément touchée.

Convaincu que l'acte qui a changé sa vie constituait un crime délibéré, il avait mis sa foi en la justice locale, en la police, et en tout le système judiciaire. Cependant, malgré une enquête approfondie qui a confirmé ses soupçons en 2014, l'affaire demeure ouverte, une énigme irrésolue qui hante ses jours et ses nuits. Les années qui se sont écoulées depuis cet événement tragique n'ont pas apporté de clarté ni de réconfort à Harish Boodhoo.

%

Son quotidien est aujourd'hui teinté de difficultés supplémentaires. Les travaux de rénovation n'ont pu être entrepris faute de moyens financiers. Vivre au milieu des décombres et des souvenirs carbonisés est devenu sa réalité quotidienne, qu'il aurait préféré éviter. Les assurances, censées apporter un soulagement financier dans de tels moments, ont déçu Harish Boodhoo. «L'assurance me propose Rs 25 000 pour le dédommagement. C'est ridicule. Pensez-vous que j'arriverai à couvrir les pertes considérables ?»

Harish Boodhoo estime qu'il est victime d'arnaque. De plus, il se trouve confronté à des problèmes avec une banque concernant un prêt contracté. Les difficultés financières s'accumulent, rendant sa situation encore plus précaire. «J'ai payé plus d'un million de roupies pour les intérêts, plusieurs fois j'ai écrit à la banque pour demander un relevé de ces paiements, mais jusqu'à aujourd'hui, rien. J'ai même alerté l'Ombudsperson for Financial Services qui ne m'a pas répondu non plus. Là où je vais, la porte est fermée et l'on refuse catégoriquement de faire quoi que ce soit. Même la police m'a dit il y a quelques années que l'enquête a été rouverte sur l'incendie, j'attends toujours...»

L'année précédente, dans l'espoir de reconstruire sa maison, Harish Boodhoo a investi Rs 300 000 dans des travaux de rénovation confiés à un entrepreneur. Cependant, il a été confronté à une autre arnaque, ajoutant un fardeau financier et émotionnel supplémentaire. Bien qu'il ait déposé une plainte au poste de police, aucune avancée significative n'a été réalisée, laissant Harish Boodhoo désillusionné et impuissant face à l'injustice qui semble persister.

La confiance d'Harish Boodhoo dans les institutions locales est au plus bas, et il pointe du doigt... Pravind Jugnauth pour ses malheurs. «C'est Pravind Jugnauth qui est en train de tout bloquer. Son père sir Anerood Jugnauth avait eu le courage de me remercier lors d'un meeting à Vacoas en 2014, mais lui, il a peur de moi», estime-t-il. Dans un état de santé précaire à l'âge de 81 ans, Harish Boodhoo a subi une opération majeure, ajoutant une dimension supplémentaire de fragilité à sa situation déjà difficile.

Harish Boodhoo a clairement exprimé son souhait de ne pas voir de politiciens à son enterrement ni de recevoir d'hommages posthumes de leur part. *«J'ai déjà fait part de mon souhait à ma famille. Je ne veux aucun politicien à mes funérailles. J'ai aussi écrit au speaker de l'Assemblée nationale pour lui dire qu'à ma mort je ne veux aucun hommage au Parlement...»& Harish Boodhoo, qui a été Chief Whip et ministre, préfère rester concentré sur les réalités de la vie quotidienne, malgré les épreuves qui se dressent sur son chemin.

Il ne se laisse ainsi pas abattre. Entre les traitements à l'hôpital, il trouve le temps de partager ses opinions sur des sujets d'actualité sur Facebook. Il refuse d'être éclipsé par ses propres tragédies, gardant toujours un oeil vigilant sur le monde qui l'entoure. Son histoire, c'est celle d'un homme qui refuse de se soumettre à l'injustice et à l'adversité. Harish Boodhoo incarne décidément la résilience, l'opiniâtreté et la détermination.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.