Tunisie: Pénurie de carburant - La frénésie autour des pompes à essence aggrave la crise

9 Décembre 2023

Au cours des derniers jours, la Tunisie, notamment le Grand Tunis, a connu une série de perturbations d'approvisionnement en carburant. Les usagers, par crainte de se retrouver en panne sèche, se sont rués vers les stations-services.

Si plusieurs facteurs ont contribué à cette situation, notamment des problèmes logistiques et des retards dans les opérations d'importation, générant les premiers signes de pénurie, les comportements frénétiques et autres rumeurs ont aggravé la situation.

En effet, les stations-services dans le Grand Tunis ont commencé à afficher des signes de pénurie, devant des files d'attente interminables de voitures. Les rumeurs et les informations contradictoires circulant ont alimenté la panique et la nervosité des citoyens. Hier, en dépit des messages rassurants des différents intervenants, les longues files devant les stations-services étaient encore visibles tout au long de la journée et tard dans la soirée.

Si les autorités ont tenté de gérer la situation, en rassurant quant à la disponibilité du carburant, la communication devient compliquée et le manque de transparence sur les causes exactes de la crise a compliqué une situation déjà tendue. Les réseaux sociaux amplifient la confusion, avec des vidéos virales montrant des altercations et presque de crise dans les pompes à essence.

Pour revenir à l'origine de cette pénurie, le secrétaire général de l'Union pétrolière, Slaheddine Smaoui, évoque des rumeurs d'une grève dans le secteur des hydrocarbures qui sont totalement fausses. Selon lui, la panique des citoyens à la suite de ces rumeurs est à l'origine des perturbations, mais pas que, il reconnaît une baisse des stocks stratégiques, en raison de la crise que traversent les finances publiques. « Les produits disponibles dans les unités de stockage de Bizerte et de Skhira couvrent les besoins du marché pour le moment pendant plus de 15 jours. Un pétrolier chargé d'hydrocarbures a accosté à Bizerte et a commencé à décharger sa cargaison.

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Deux autres pétroliers devraient arriver en Tunisie dans les prochains jours pour couvrir les besoins du marché jusqu'à la mi-janvier 2024 », a-t-il déclaré à La Presse, appelant les citoyens à ne pas céder à la panique.

Des crises récurrentes !

« C'est devenu insupportable ! Hier, j'ai dû faire la queue pendant des heures dans une station-service à La Marsa, et quand c'était enfin mon tour, il n'y avait plus de carburant.

Comment est-ce possible ? On ne peut même pas aller au travail normalement », témoigne Mourad, opticien et père de famille, habitant dans la banlieue nord de Tunis.

Les témoignages de ce genre sont nombreux. Certains automobilistes, en revanche, n'hésitent pas à faire leur mea culpa, évoquant un comportement irrationnel qui aggrave la situation. « Dans mon entourage, à la moindre fausse information sur les réseaux sociaux, on prend d'assaut les stations-service pour faire le plein,. Après coup, c'est logique que les quantités de carburants ne suffisent plus, sans parler d'une panique généralisée », explique Asma, une jeune étudiante habitant également à La Marsa, cette banlieue frappée de plein fouet par la pénurie de carburant.

En tout cas, dans des déclarations médiatiques, le PDG de la Société tunisienne des industries de raffinage (Stir), Afif Mabrouki a affirmé que l'approvisionnement des stations-services du Grand Tunis en carburant reprendra son rythme normal au plus tard aujourd'hui samedi.

Deux cargaisons attendues

Mabrouki attribue ces perturbations à la baisse de stock dans les entrepôts de Radès, à cause du retard accusé par un paquebot.

Lequel est arrivé au port de Radès mercredi dernier. « Nous avons pris nos précautions pour assurer un bon approvisionnement du marché, mais la ruée des citoyens vers les stations-services, observée surtout dans la capitale, a été derrière le manque de carburant dans certaines stations », a-t-il ajouté.

Le responsable a fait savoir que la Stir va intensifier l'approvisionnement à partir des entrepôts de Bizerte et de Skhira, en attendant le rétablissement du rythme normal d'approvisionnement à partir des entrepôts de Radès. Il a également confirmé l'information selon laquelle deux cargaisons supplémentaires de carburant débarqueront dans les prochains jours, pour répondre aux besoins du pays jusqu'à la mi-janvier 2024.

N'empêche que ces derniers mois, les Tunisiens continuent de vivre au rythme des pénuries des produits de base. Leur quotidien devient de plus en plus difficile. Les autorités devraient fournir des informations claires et précises sur les causes des pénuries, les mesures prises pour y remédier et les délais prévus pour éviter les comportements frénétiques qui aggravent davantage la situation. En effet, une communication transparente peut aider à apaiser les inquiétudes et à restaurer la confiance, expliquent plusieurs citoyens interrogés par La Presse.

Il est important également de souligner la nette dépendance de la Tunisie aux énergies fossiles, alors qu'explorer des alternatives énergétiques, telles que les énergies renouvelables, déjà connues comme étant un atout pour le pays, peut diversifier les sources d'approvisionnement en énergie et réduire la dépendance au pétrole. A suivre...

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