Afrique: Transition écologique hors énergies fossiles - Vers l'impératif climatique ?

Réunies du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Doubaï, aux Emirats arabes unis, dans le cadre de la Cop28, les 197 Parties ont fait le bilan de l'objectif de réduction à 1,5 °C du réchauffement planétaire entre 2015 et 2030, en vue d'atteindre la neutralité carbone en 2050 et élaboré des nouvelles stratégies plus justes et équitables, sous le conflit d'intérêt qui oppose les lobbies des pays pollueurs aux pays victimes des pollutions depuis trente ans.

En effet, les émissions de gaz à effet de serre, responsables de 76% des pollutions anthropiques, ont augmenté de 58% entre 1990 et 2021, soit une moyenne annuelle de 56 contre 57 GtCO2éq en 2022. Cette proportion étant deux fois moins importante que lors de la précédente décennie, les Parties estiment que l'objectif de 1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle, sera atteint dès 2030 en :

1) accélérant la sortie des énergies fossiles, moyennant le triplement de la production de l'énergie nucléaire, des énergies renouvelables de 400 GW à 11 000 GW et le doublement de l'efficacité énergétique de 2 à 4% en portant le Fonds vert (2010) à 20,6 Mds $ d'ici 2030. Ce fonds sera financé à 29,13 % par les Etats-Unis, 24,76% par le Royaume-Uni, 23,79% par l'Allemagne et 22,32% par la France ;

2) adaptant des actions plus robustes et plus rapides pour répondre à la multiplication des aléas climatiques extrêmes. Entre 1970 et 2021, plus de 12 000 catastrophes liées aux conditions météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes ont entraîné des pertes économiques de 4 300 Mds $, alors que plus de 3,6 Mds de personnes vivent maintenant dans les zones vulnérables (Agence météorologique des Nations unies (2023)) ;

%

3) accroissant le soutien financier aux pays en développement et en avançant sur la réorientation des flux financiers du climat vers un Fonds de compensations des pertes et dommages irréversibles liés au dérèglement climatique. Ce fonds qui est accueilli par la Banque mondiale est soumis à la bureaucratie onusienne des prêts à taux préférentiels. Il est doté de 448,8 millions $ par an de promesses des pays pollueurs-contributeurs dont 32,38% proviennent de l'Union européenne, 22,28% des Émirats arabes unis, 22,28% de l'Allemagne, 16,87% du Royaume-Uni, 3,89% des États-Unis et 2,3% du Japon. S'y ajoutent les 360 millions $ par an promis par les pays pollueurs-contributeurs depuis la Cop27. Ce fonds atteindra les 5 802 Mds $ d'ici 2030.

Les pertes et préjudices climatiques étant estimés à 4 060 Mds $ en 2030 et jusqu'à 1 700 Mds $ en 2050, le fonds est bénéficiaire de 1 782 Mds $ en 2030. Mais, en y ajoutant, le coût d'adaptation des pays en développement d'environ 300 Mds $ et le coût d'atténuation de 5 900 Mds $, le coût total du climat pour ces pays vulnérables non-pollueurs avoisine les 10 260 Mds $. Soit un déficit de 4 458 Mds $ qu'aucun pollueur-contributeur ne veut couvrir.

Si les Parties s'accordent maintenant que les pollueurs soient les payeurs des pertes et dommages climatiques irréversibles que leurs activités causent aux victimes, les promesses des réparations volontaires des pollueurs n'engagent que les victimes qui les croient. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (2023) qui rapporte sur les progrès accomplis par les contributeurs dans la réalisation de l'objectif des 100 Mds $ par an de promesses de financement, définis depuis treize ans pour l'atténuation et l'adaptation climatiques, indique que les engagements se sont élevés seulement à 80,4 Mds $ en 2019 et à 83,3 Mds $ en 2020, date butoir des pays contributeurs.

Selon l'organisation non gouvernementale One (2023), 343 Mds $, avoisinant les deux tiers des engagements des financements climatiques recensés par l'OCDE entre 2013 et 2021, « n'ont jamais été déclarés comme décaissés » ou « n'étaient pas ou peu liés au climat ». Ces sommes proviennent des manipulations comptables des engagements des contributeurs, qui continuent à verser des subventions aux énergies fossiles jusqu'à 423 Mds $ par an (PNUD, 2023). Les promesses non tenues des pollueurs contributeurs alimentent plus la crise climatique qu'elles ne la résolvent.

Ainsi, le conflit d'intérêt entre les pollueurs-contributeurs et les victimes-bénéficiaires du financement climat qui fait des nécessaires COP des chambres d'enregistrements des promesses rarement tenues, ne peut être résolu que par l'impératif climatique. Ce dernier nécessite deux actions essentielles : la transformation des prêts des pays pollueurs en dons aux victimes climatiques et la promotion d'une taxe écologique frappant les subventions des états pollueurs aux énergies fossiles et d'une taxe du développement durable, prélevée sur le chiffre d'affaires des sociétés productrices des énergies polluantes.

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