Djibouti: L'avenir de la base militaire française au centre de la visite de Lecornu et Colonna

L'armée française en patrouille en Centrafrique (Images d'archives)

Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées étaient à Djibouti ce jeudi 14 décembre. Une visite de Catherine Colonna et Sébastien Lecornu dans le cadre de la renégociation du Traité de coopération en matière de défense. Signé dans les années 1970, le TCMD a été renouvelé en 2014 pour 10 ans. Il détaille notamment la configuration de la base militaire française à Djibouti. Un site stratégique pour Paris où sont stationnés quelque 1 500 hommes et qui sert notamment à projeter les forces françaises en Afrique et dans la zone Indo-Pacifique.

Ce n'était qu'une étape, mais le symbole était important. Les tractations sont passées du niveau technique au politique. Une façon d'équilibrer le débat après la visite de deux ministres djiboutiens à Paris en mai. Sébastien Lecornu et Catherine Colonna ont eu des réunions de travail avec leurs homologues ainsi qu'un entretien avec le président Ismaël Omar Guelleh, dans une ambiance « constructive », indique un participant.

L'avenir de la base militaire a été discuté, notamment les revendications financière et territoriale de Djibouti. « Le traité ne correspond plus à la conjoncture actuelle et à nos besoins », indique Daoud Houmed, porte-parole de la majorité. Le pays demande notamment une hausse du loyer et pointe aussi la pression foncière sur la zone du Héron où se trouve la base. « Le loyer de la base qui remonte à 30 millions d'euros est infiniment inférieur à celui de nos autres partenaires étrangers. Nous avons un manque à gagner important. Les militaires français et leurs familles bénéficient d'avantages fiscaux et douaniers. Il était plus que jamais nécessaire de revoir cet accord. »

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« Des avancées »

Le contexte a en effet changé avec la menace des rebelles houthis en mer Rouge, la concurrence des Russes et Chinois dans la Corne. Sans compter l'Éthiopie voisine qui réclame un accès à la mer. Djibouti a donc besoin de protection, et la France a besoin de cette base qui lui sert à se projeter jusque dans la zone Indo-Pacifique. Des intérêts mutuels loin de la défiance actuelle envers Paris sur le continent.

« Tout se déroule bien et la défiance envers les bases françaises en Afrique de l'Ouest n'ont rien à voir avec le contexte djiboutien. Il n'y a absolument pas lieu de transposer ce qu'il se passe en Afrique de l'Ouest. Nous avons une relation privilégiée avec la France », insiste Daoud Houmed, qui confirme qu'il « y a eu des avancées ».

Lien privilégié

Des bonnes relations que la France cultive, notamment en poussant pour un règlement du conflit territorial entre Djibouti et l'Érythrée. Début décembre, Paris s'est abstenu sur une résolution britannique qui n'évoquait pas cette crise. « Djibouti est un partenaire crucial. Il est aussi membre d'institution comme la Ligue arabe, il parle à de nombreux pays, donc ce lien privilégié doit être conservé », confie une bonne source.

Autre sujet : la clause de sécurité prévoyait que l'armée française contribue à la défense du territoire de Djibouti, seul pays avec lequel la France a maintenu ce principe. Pour Paris, aucun sujet n'est tabou, mais les Français souhaitent un nouveau texte mutuellement bénéfique. Catherine Colonna a d'ailleurs insisté pour sortir du tout militaire, et renforcer les partenariats sur le développement.

Les techniciens vont désormais reprendre le dossier avec de prochaines réunions en janvier. Paris espérant un accord d'ici au printemps.

Cette base est indispensable à la France et on voit bien que les Chinois ont essayé de se mettre là dans le cadre des routes de la soie. Les Américains sont également présents et nous ne sommes pas les seuls pays européens. C'est un port en eau profonde, donc tout type de bâtiment peut y accoster, non loin d'une zone de trafic commercial et maritime importante.

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