Afrique de l'Est: Élections en RDC - A l'Est, la guerre permanente

Un militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). (photo d'archives)

Depuis près de trois décennies, l'Est de la RDC est le théâtre de terribles violences. La région est dévastée par les conflits armés. Les militaires congolais et les forces internationales sont confrontées aux groupes armés locaux, ou d'origine étrangère. Une situation qui aura forcément une répercussion sur les élections du 20 décembre 2023.

Le Baromètre sécuritaire du Kivu, qui cartographie les conflits dans l'Est de la RDC, estime aujourd'hui qu'une centaine de groupes armés sévissent dans le Nord-Kivu et l'Ituri. Quatre d'entre eux sont particulièrement importants.

Le M23

Il y a d'abord le M23 qui combat dans la province du Nord-Kivu, à la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda. Le M23, pour « Mouvement du 23 mars », est un héritage de 30 années de conflits non résolus, depuis le génocide des Tutsis par des extrémistes Hutus au Rwanda en 1994. Le M23 est la dernière en date des rébellions à dominante tutsie dans l'Est de la RDC. Il se place comme le défenseur de la communauté tutsie congolaise. Le M23 contrôle aujourd'hui la région de Rutshuru et une partie du Masisi. Les autorités congolaises et les Nations unies accusent le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali a toujours nié.

Les FDLR

Autre conséquence du génocide, les FDLR : Forces démocratiques de libération du Rwanda. Créées dans les années 2000, elles sont composées à l'origine de Hutus rwandais réfugiés en RDC après la prise de pouvoir du FPR à Kigali. Pour les autorités rwandaises, les FDLR sont les héritiers des Hutus génocidaires. Mais aujourd'hui, des combattants congolais ont rejoint cette milice armée qui sévit également dans le Nord-Kivu. On soupçonne les FDLR d'avoir récemment prêté main forte à l'armée congolaise, dans une alliance de fortune pour lutter contre le M23, ce que dément Kinshasa.

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Les ADF

Plus au nord, en Ituri, à la frontière avec l'Ouganda, se trouvent les ADF, les Forces démocratiques alliées. Elles sont nées dans les années 1990 en Ouganda, en opposition au président Yoweri Museveni. Les ADF ont prêté allégeance au groupe jihadiste État islamique en 2019. Leur influence s'étend maintenant dans le Nord-Kivu, surtout dans les alentours de Beni.

La rébellion de la Codeco

Enfin, autre groupe armé : la rébellion de la Codeco, qui sévit également en Ituri. La Codeco est un mouvement disparate, mystico-religieux qui prétend défendre les intérêts de la communauté des Lendus contre la communauté des Hemas. Ce conflit ethnique remonte à la colonisation, quand les Belges ont favorisé les agriculteurs hemas au détriment des éleveurs lendus.

Quel impact sur les élections ?

L'insécurité générée par les groupes armés menace la tenue du scrutin dans l'Est de la RDC. Le Nord-Kivu représente la deuxième province en nombre de votants après Kinshasa, la capitale. Malgré les efforts déployés par les autorités pour permettre notamment aux déplacés de s'enrôler, l'enregistrement sur les listes électorales reste parcellaire. Il n'a pu être organisé que dans quatre des six territoires de cette province. Cela a été impossible dans le Masisi et le Rutshuru. D'après International Crisis Group, plus d'un million d'électeurs, sur l'ensemble du territoire congolais, n'étaient pas inscrits sur les listes en avril, au moment de leur clôture.

Malgré cette situation, il n'y aura pas de report de l'élection présidentielle. Quant aux élections locales, c'est-à-dire à la députation nationale ou provinciale, les autorités reconnaissent qu'elles ne pourront avoir lieu dans le Rutshuru et le Masisi. La Céni évoque l'organisation d'un enrôlement et d'un vote, quand cela sera possible, sans donner plus de détails.

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