Congo-Kinshasa: Élections en RDC - A Kinshasa, des jeunes qui suivent la campagne du coin de l'oeil

Les élections présidentielle, législatives, provinciales et communales partielles ont lieu le 20 décembre 2023 en République démocratique du Congo (RDC). Un scrutin pour lequel la majorité de la population du pays, mineure, ne vote pas. À Kinshasa, des adolescents rencontrés oscillent entre soif de profiter des vacances scolaires, désintérêt pour la politique et manque de confiance envers les candidats. Reportage.

Sur le terrain mama yeyo, près du grand de terrain vague du même nom, les matches de football s'enchaînent. Des adolescents, âgés de 12 à 18 ans, quadrillent chaque mètre de terre, courant frénétiquement entre les trous, en quête de ballon.

Ce sont les vacances scolaires en République démocratique du Congo (RDC). Alors la politique, Arnold, 13 ans, en est encore plus loin que d'habitude. À l'approche des élections générales, qui doivent notamment désigner le nouveau président de la RDC, le gamin, maillot blanc sur les épaules, a d'autres préoccupations. « J'y pense souvent, mais pas trop non plus, glisse-t-il timidement. Je vais suivre un peu ce qui va se passer mercredi. J'espère qu'on va avoir de bonnes personnes pour notre pays ».

« Je ne pourrai pas voter, mais je serai connecté »

Arnold fait partie de ces 46% de Congolais âgés de 0 à 14 ans et qui ne pourront donc pas voter. Un pays où l'âge médian est de 16,7 ans et où la majorité de la population - selon le CIA World Factbook - est mineure. Ce qui n'empêche pas, Prince, 16 ans, de garder un oeil sur les événements des derniers jours. « C'est intéressant, mais ce qu'ils font [les politiciens, NDLR], ça ne pousse pas à s'y intéresser, lâche-t-il. Je ne pense pas que les politiciens s'intéressent aux jeunes ».

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Un peu plus loin, Henock, 17 ans, pensionnaire du CFS Comet (CFSC), est un peu plus enthousiaste. « J'ai beaucoup suivi la campagne parce qu'on a la chance de pouvoir voter et de pouvoir choisir notre président pour que le pays se développe encore plus, souligne-t-il. Je ne pourrai pas voter, mais je vais regarder tout ça. Je serai connecté ».

Henock s'exprime sous le regard bienveillant de Serge, secrétaire sportif et superviseur du CFSC : « À Kin, c'est très difficile de voir un garçon de 15, 16 ans, s'intéresser à la politique. Parce qu'ils sont plus sur le foot, les arts martiaux et la musique surtout. Si tu vois un enfant de cet âge suivre la politique, c'est peut-être qu'il a un grand frère dans le quartier qui en fait et qui l'entraîne un peu dans ce domaine. »

Sur la place des évolués, lieu où aiment se retrouver les jeunes Kinois, la fièvre électorale n'a pas davantage gagné Althéa, 14 ans, et ses copines. Adossée à un stand de pop-corn, la jeune fille lance, sans hésitation : « Tout ça ne m'intéresse pas. Déjà, parce que je n'ai pas encore l'âge de voter. » À la question de savoir si, à l'inverse, les politiciens et politiciennes s'intéressent à la jeunesse congolaise, elle répond du tac-o-tac : « Je vais dire qu'ils ne pensent qu'à eux. Ils ont leur argent et ils ne voient pas que beaucoup de jeunes ont fini l'école, mais n'ont pas de travail. »

« Bien qu'elle ne participe pas à ce vote, la jeunesse représente quand même une force »

Cette impression que les moins de 18 ans, malgré leur très grand nombre, ne sont pas une priorité est en partie confirmée par Ithiel Batumike qui travaille sur les questions politiques et électorales au sein de l'institut de recherches Ebuteli : « À part les questions liées à l'éducation, la gratuité de l'enseignement, les questions d'accès aux soins de santé ou même celles liées à l'agriculture pour qu'il y ait davantage de nourriture, on n'a pas vu assez de discours tournés vers les familles, des débats sur l'encadrement de la jeunesse, d'autres sur la question de l'éradication du phénomène Kuluna [des gangs de jeunes, NDLR] ou encore sur le fait de savoir s'il y a des maisons qui s'occupent des orphelins, des jeunes désoeuvrés. »

Mais Ithiel Batumike rappelle toutefois : « On est en face d'une grande partie de la population qui, bien qu'elle ne participe pas à ce vote, représente quand même une force. Parce qu'on a vu que lors des différents meetings durant la campagne électorale, il y avait souvent beaucoup de mineurs dans la foule pour écouter les différents candidats à la présidentielle. »

Ces millions de jeunes seront bientôt en âge de s'exprimer. Selon les projections du Plan national stratégique pour le développement (PNSD), une agence de l'ONU, la population congolaise devrait passer de 95 millions d'habitants en 2022 à 133 millions en 2030. Avec toujours plus de jeunes.

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