Tunisie: «Tunez en sépia» au Musée National du Bardo - Fenêtre sur une mémoire coloniale

21 Décembre 2023

Plusieurs pièces archéologiques ont été intégrées à la scénographie de cette exposition

Les clichés exposés proviennent de la collection du fonds du musée archéologique de Madrid, ils sont parallèlement exposés au musée de Madrid jusqu'au mois de janvier prochain. Cette même exposition se poursuit au Bardo jusqu'au mois de mai 2024. A la fin de l'exposition, les images exposées seront cédées à la Tunisie pour faire partie de ses collections nationales.

D'une valeur iconographique, ethnographique et documentaire, l'exposition «Tunez en sépia», accueillie depuis le début de la semaine au musée national du Bardo, offre une visite particulière dans la Tunisie du XIXe siècle.

Organisée par l'ambassade d'Espagne en Tunisie, dans le cadre de la coopération tuniso-espagnole, cette exposition comprend une sélection de 98 copies photographiques de sites archéologiques et patrimoniaux tunisiens provenant de la collection de photographies offertes par le bey de Tunis en 1892 à l'Espagne pour être exposées à l'occasion de l'Exposition historique européenne organisée à Madrid à l'occasion du quatrième centenaire de la découverte de l'Amérique.

Cette donation de la Tunisie au XIXe siècle revient sur son territoire pour faire découvrir à un public divers la Tunisie sous le prisme de photographes pionniers de la photo en Tunisie, Garrigues, Neuerdein, avec des techniques propres à l'époque.

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Les 98 clichés exposés proviennent de la collection du fonds du musée archéologique de Madrid, ils sont parallèlement exposés au musée de Madrid jusqu'au mois de janvier prochain. Cette même exposition se poursuit au Bardo jusqu'au mois de mai 2024.

Par son titre, cette collection se réfère à la couleur sépia, couleur des tirages de l'époque représentant une ancienne technique et un savoir-faire qui portent la marque du temps et de l'évolution de l'art de la photographie.

Plusieurs pièces archéologiques appartenant à la collection du musée du Bardo ont été intégrées à la scénographie de cette exposition

«Tunez en sépia», qui coïncide avec celle qui se tient actuellement au musée archéologique national de Madrid, où est conservée la collection originale, présente, également, des objets de la collection muséale tunisienne. Certaines pièces apparaissent dans les photographies elles-mêmes, établissant un dialogue entre les photographies et le patrimoine archéologique tunisien en faisant corps avec une scénographie dynamique.

Disposées en trois séries thématiques : une montrant des pièces de la collection du musée du Bardo et une seconde celle du musée national de Carthage, une autre série figurant des monuments romains par typologie et une troisième consacrée aux monuments et vues de l'époque arabo-musulmane dévoilant des images de mosquées (mosquée Zeitouna, la Grande mosquée de Kairouan...), minarets, architecture, oasis, localités ou villes côtières.

Les éléments de l'exposition proposent une belle occasion pour le public de remonter le temps et ouvrir une fenêtre sur une partie du patrimoine culturel et historique tunisien et de ses monuments de la fin du XIXe siècle. Une opportunité, aussi, pour les chercheur.e.s de se renseigner à travers cette riche sélection de photographies-documents, sur des aspects de la photographie de l'époque coloniale, de l'archéologie, de l'ethnographie, des techniques de restauration ou encore sur l'histoire de l'art.

«La Tunisie en sépia» restitue à la couleur sépia sa valeur historique renvoyant à ces photographies monochromatiques d'époque dont le rendu tire sur le marron ou le bronze et qui sont instantanément reconnaissables. A la différence des photographies en noir et blanc classiques qui utilisent des niveaux de gris standard pour créer des tons clairs et des tons foncés, les photographies sépia emploient un ton marron-rougeâtre pour produire ce spectre et qui donne lieu à une esthétique plus douce et onirique.

Cette sélection que l'on peut admirer, jusqu'au mois de mai 2024, dans l'espace alloué aux expositions temporaires du musée, fait partie d'une grande collection de près de cinq cents copies en papier albuminé, qui ont été envoyées à Madrid par la régence pour être montrées, entre 1892 et 1893, lors de l'Exposition historico-européenne. Cette dernière exposition dévoilait, entre autres, sept manuscrits provenant de la grande mosquée de Tunis en plus des photographies dont l'étendue thématique, chronologique et culturelle donnait à voir des aspects de la vie tunisienne de l'époque et de l'histoire antique et moderne du pays.

Au fil des cimaises, nous faisons un saut dans l'époque coloniale pour (re)découvrir des bouts de Tunis, de Bizerte, de Kairouan, Sousse, Mahdia, Sfax, Tabarka, Djerba, Matmata, Nafta, Tozeur, de sites archéologiques figurant l'état des fouilles et autres monuments architecturaux.

A la fin de l'exposition, les images exposées seront cédées à la Tunisie pour faire partie de ses collections nationales.

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