Ile Maurice: Les fiascos et le manque de transparence du ministère de l'Éducation décriés

23 Décembre 2023

«Nous ne sommes pas d'accord que les jeunes soient utilisés comme cobayes, live et direct, pour des projets pilotes. Le manque de transparence est à condamner haut et fort», a affirmé Sita Jeeneea-Saminaden lors de la conférence de presse tenue par les membres de la commission de l'éducation du parti Linion Moris hier.

Ce, en réaction à la mise en place du Technology Education Pathway par le ministère de l'Éducation, un nouveau cursus pour les élèves à partir de Grade 10. À partir de janvier 2024, ce programme sera disponible dans dix collèges, notamment des collèges d'État, des établissements privés et des académies.

Sita Jeeneea-Saminaden s'est interrogée sur la précipitation de la mise en oeuvre du projet et sur la mise en place de structures adéquates pour qu'il soit efficace, estimant que les mesures du ministère sont principalement réactives et au détriment des étudiants. «Le projet a été annoncé en novembre et sera implémenté en janvier. Avons-nous recruté des enseignants dans ces domaines ? Prenons-nous des enseignants actuels et utilisons-nous le mot magique 'formation' pour leur faire enseigner ces matières ? Les enseignants sont-ils prêts pour cela ? Pourquoi une telle précipitation et sur quelle base les écoles ont-elles été choisies pour ce projet pilote ? Il n'y a pas de transparence.»

Il a également été question du manque de synergie et de cohérence entre le ministère de l'Éducation et les autres instances éducatives, telles que l'université de Maurice (UoM) et la Mauritius Institute of Education (MIE). «L'une des plus grandes déceptions de l'année est que la ministre de l'Éducation a annoncé que le kreol morisien ne sera pas inclus dans le programme du Higher School Certificate l'année prochaine, provoquant une perturbation pour les enfants qui avaient choisi cette matière au School Certificate, avec en tête des ambitions professionnelles. Lorsque le gouvernement lui-même a permis aux élèves de choisir et d'accéder au programme d'études, et qu'il fait maintenant marche arrière, c'est un problème qui reflète le manque de communication entre la ministre et ceux qui ont travaillé dans ses sous-comités concernés par le kreol morisien. Nous avons la MIE et l'UoM qui disent que le curriculum est prêt, de qualité et disponible, et qu'une évaluation des résultats du National Certificate of Education (NCE), de la formation des enseignants et de la disponibilité des textes est nécessaire. Il y a une véritable dissonance.»

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Pour sa part, Mirella Chauvin a réagi à la déclaration de la directrice du Mauritius Examinations Syndicate (MES). Ce dernier «a noté que le taux de réussite aux examens de NCE était de 3,6 % l'année dernière et cette foisci, il est de 8,9 %, ce qui implique qu'il y a eu une amélioration. Incroyable ! Cela signifie que 91 % des étudiants ont échoué et il parle d'amélioration. C'est un échec flagrant», a dit Mirella Chauvin.

Cette dernière a également partagé que les enfants qui n'ont pas réussi l'année dernière aux examens se retrouvent soudainement sans encadrement et sans conseils, et les parents sont désespérés. «Ils sont à un âge où ils ont besoin d'un encadrement adéquat. Beaucoup ont également abandonné leurs études ou ont refusé de passer les examens du NCE parce que le programme ne leur est pas adapté. Le ministre a-til fait l'effort de savoir pourquoi et où se trouvent ces enfants ? C'est un drame humain, inadmissible à poursuivre, surtout quand le fléau de la drogue s'est infiltré partout dans la société.»

L'annonce et le timing de Bright Up, nouveau programme destiné aux élèves ayant échoué aux examens du NCE, ont également été critiqués. «Ils l'ont annoncé sans consultation ni communication avec les syndicats, à la veille de l'annonce des résultats du NCE. Est-ce parce qu'ils savaient que, comme l'année dernière, cette année aussi, nous aurions droit à une catastrophe pour le NCE ? Nous savons très bien qu'il y a une baisse du niveau des questions et nous avons entendu dire qu'il y a eu une baisse de la sévérité de la correction des épreuves aussi cette année, simplement pour pouvoir montrer que plus d'étudiants ont réussi. Le programme Bright Up est-il un camouflage pour masquer le fiasco qu'a été l'Extended Programme ?»

Preetam Rambaruth, président de la commission de l'éducation de Linion Moris, a souligné que lorsque l'on constate la situation au niveau du secteur de l'éducation à Maurice, «la difficulté ne vient pas des enfants, de l'endroit d'où ils viennent, de leur famille ou de la société. C'est la faute de la politique de l'éducation qui n'a jamais mis en place un système qui englobe tous les enfants pour que le pays ait une bonne maind'oeuvre à l'avenir. Une main-d'oeuvre dont nous avons besoin parce que nous devons faire appel à des travailleurs étrangers et les employer dans des secteurs, comme la construction et l'hôtellerie, alors que 3 000 enfants ici, chaque année, retombent alors qu'ils sont doués et compétents».

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