Ile Maurice: Carton rouge

Il y a un peu moins de six ans, notre caricaturiste Pov avait illustré le destin d'un trésor de guerre que Pravind Jugnauth avait ramené de «Mother India», en insinuant qu'une bonne partie du butin - soit quelque 27,7 % des Rs 18 milliards - devrait être versée aux propriétaires du Red Eagle dans l'affaire Betamax.

Qui était comme une taxe inattendue pour beaucoup de contribuables. Avec la nouvelle compensation de Rs 1,9 milliard que l'État devra verser à Patel Engineering dans le sillage d'une décision prise en février 2015 relative à la résiliation d'un bail de 58 arpents aux Salines, les contribuables devront une fois encore, après Betamax, casquer pour des décisions purement politiciennes, où le bon sens et la bonne gouvernance n'ont pas prévalu.

Au-delà des chiffres, des taxes et de la redistribution des maigres ressources financières, les revers du gouvernement mauricien lors des arbitrages à l'international. Ceux-ci viennent souligner les carences de leadership de notre pays au plus haut niveau stratégique. Les investisseurs croient alors de moins en moins aux promesses de croissance, aux chiffres de l'emploi, aux règles de bonne gouvernance vantées par l'EDB ou lors des roadshows animés par nos ministres.

Outre Betamax et Neotown, il y a, «in the pipeline», d'autres compensations potentielles : CT Power, BAI/Rawat, Courts Asia, Dufry-Frydu...

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Au niveau des politiciens, la posture est trop souvent la même : pa nou sa !

C'est triste que personne au final n'assume ses positions. Lepep a été élu pour soi-disant mettre fin au pillage des fonds publics par le régime travailliste. C'est vrai que sous Ramgoolam, les propriétaires de la BAI, d'Airway Coffee, des boutiques Ralph Lauren et du pétrolier Red Eagle ont été favorisés pour proximité politique (au nom d'une démocratie de l'économie de triste mémoire), mais en essayant de renverser la donne, sous prétexte de limiter la casse, le gouvernement Lepep, depuis 2015, a, surtout, corsé l'addition du contribuable. L'émotion dégagée par un désir de vengeance ayant pris le dessus sur la raison. Au final, c'est nous, et nos enfants, qui allons casquer pour financer les fausses manoeuvres politiciennes, comme relevées dans le cas de Betamax par le Singapore International Arbitration Centre. C'est un carton rouge des arbitres non pas pour nos politiciens, mais pour nous, nous qui portons au pouvoir des irresponsables politiques.

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