Congo-Brazzaville: Hydrocarbures - Des investissements durables en perspective

Le secteur pétrolier congolais connaît un rebond de ses activités, grâce à l'attribution de nouveaux permis, à la reprise des champs en fin de vie et le repositionnement du Congo sur le marché. Les récentes réformes, institutionnelle et règlementaire, engagées par la tutelle sont de nature à attirer des investissements durables principalement dans l'exploitation du gaz naturel.

Le premier centre de gaz naturel liquefié (GNL) de la République du Congo, construit à Pointe-Noire, devrait atteindre à partir de l'an prochain une capacité de production de trois millions de tonnes/an, soit environ 4,5 milliards de mètres cubes/an. Financé à hauteur de 360 milliards FCFA par la compagnie Eni Congo, le projet vise à satisfaire les besoins nationaux en matière de gaz liquéfié y compris à diversifier les offres énergétiques d'Eni.

En effet, le lancement des travaux du centre de GNL par le chef de l'Etat, Denis Sassou Nguesso, fin avril 2023, traduit la volonté du gouvernement à inciter les investisseurs à s'intéresser au secteur gazier. Le projet permettra à terme au pays d'augmenter sa production de l'électricité et d'exporter du GNL. « C'est un grand projet intégré que nous lançons. Il concerne la production du gaz, sa transformation et sa liquéfaction, puis sa commercialisation. Il va permettre à notre pays, pour la première fois, d'exporter du gaz naturel liquéfié », avait déclaré à cette occasion le ministre des Hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua.

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Installé sur le champ de la Marine XII, le centre de GNL est doté de deux usines flottantes de liquéfaction de gaz naturel dans les champs de Nenè et de Litchendjili, déjà en production, et dans les champs qui doivent encore être développés. Retenons que le complexe industriel est construit selon un calendrier de développement accéléré et une approche de zéro brûlage : la première usine flottante de liquéfaction de gaz naturel dispose d'une capacité de 0,6 million de tonnes/an et la seconde devrait produire 2,4 millions de tonnes/ an, alors que le Congo dispose des réserves de 100 milliards de mètres cubes de gaz naturel.

Des choix stratégiques

L'excellente relation entre le gouvernement et les dirigeants d'Eni est considérée comme la clef du succès du projet. « Ce résultat témoigne de l'importance d'une collaboration à long terme avec nos partenaires africains à un moment où des choix stratégiques importants doivent être faits en ce qui concerne la diversification future des voies d'approvisionnement et des mélanges énergétiques européens, dans le sens de l'accessibilité et de la disponibilité de l'énergie et de la décarbonisation progressive », a estimé Claudio Descalzi, le directeur général de la compagnie Eni.

Le groupe italien n'est pas le seul opérateur à s'intéresser à la filière gaz, de nombreux projets en matière énergétique sont en négociations entre les autorités et leurs partenaires. C'est le cas du projet de la compagnie française qui projette de mettre au point une unité de production sur le champ de Tchendo, à Pointe-Noire, celle-ci servira de support à d'autres champs pétroliers. Perenco, deuxième opérateur du pays en matière de production, compte développer de nouveaux puits et produire de l'électricité à partir du gaz.

Du gagnant-gagnant...

Le ministre des Hydrocarbures a conclu, à partir du premier trimestre 2023, des accords additionnels de partage de production avec les compagnies pétrolières. La réforme a permis à l'Etat d'instituer un meilleur cadre fiscalo-douanier permettant de booster les investissements. « Nous avons engagé des négociations pour tenir compte de ce qui doit être préservé, en tenant compte des spécificités de toutes les parties, de façon à créer les conditions d'incitation à l'investissement », a assuré Bruno Jean Richard Itoua.

A travers les sept nouveaux avenants aux contrats de partage de production, les opérateurs pétroliers signataires ont décidé d'augmenter leur production pétrolière et d'en partager les revenus avec l'État congolais. Le 27 avril 2022, peu après la signature des accords additionnels, Nicolas Wawresky, le directeur général de TotalEnergies EP Congo, avait indiqué que les nouveaux contrats accordent plus de visibilité aux opérateurs pétroliers. Concernant TotalEnergies, les nouveaux engagements couvrent les permis de haute mer avec Moho Nord, Nkossa, Yanga-Sendji, ainsi que les contrats relatifs aux blocs d'exploration détenus par le géant français.

Depuis, la compagnie Total a repris le forage sur l'eau pour combattre le déclin et entamé le forage du puits d'exploration sur Marine xx, pour un coût d'investissement estimé à plus de 60 milliards francs CFA. Même activité sur les autres champs de Bouatou et de Holmoni situés dans les eaux territoriales du Congo, détenus par une autre compagnie française, Perenco. Ces deux gisements devraient produire en moyenne 2,4 millions de barils/an.

Au total, quinze permis de recherche devraient déjà être validés et trente-huit champs en phase d'exploitation. Neuf sociétés opèrent actuellement dans les champs pétroliers AOGC (congolais), Congorep (joint-venture Perenco-SNPC), Eni Congo (italien), Mercuria (suisse), Pelfaco (nigérian), Perenco (franco-britannique), la SNPC (congolais), Total (français) et Wing Wah (chinois).

Avec une production estimée à 310 000 barils/j, le secteur pétrolier représente près de 40% du produit intérieur brut et environ 60% des revenus budgétaires et 82% des recettes d'exportation du Congo, selon les estimations officielles.

Réforme axée sur la performance

Le département des Hydrocarbures a totalement été reconfiguré avec l'éclatement de l'unique direction générale des hydrocarbures en cinq entités distinctes. A ce jour, des dirigeants ont été nommés à la tête de ces nouvelles administrations, notamment la direction générale de l'amont pétrolier, la direction générale de l'aval pétrolier, la direction générale de la valorisation du gaz et une direction générale de l'économie, de l'audit et du trading pétrolier, ainsi que l'inspection générale des hydrocarbures.

Attendue depuis une quinzaine d'années, la reconfiguration du ministère des Hydrocarbures vise à préparer l'administration publique au défi de la transition énergétique par la valorisation du gaz naturel. Devant ses collaborateurs, en décembre 2022, le ministre Bruno Jean Richard Itoua avait défendu l'idée de la réforme indiquant qu'elle permettra à l'Etat d'assurer la transition énergétique et de mieux répondre aux aléas du marché pétrolier.

Il appartient désormais à chacune des administrations de jouer sa partition dans la dynamique de ce secteur clé de l'économie congolaise. Considérée comme l'organe technique, la direction générale de la valorisation du gaz devra contribuer à l'élaboration de la politique nationale de valorisation des ressources gazières par la diversification de ses dérivés et de son utilisation et de veiller à sa mise en oeuvre et de la stratégie de distribution du gaz en lien avec la chaîne de diversification du gaz définie par la politique nationale.

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