Tunisie: Entre innovation et développement durable - La TAA réinvente les normes du secteur automobile en Tunisie

13 Janvier 2024

La rencontre a offert une tribune aux acteurs clés pour discuter des avancées et des défis qui redessinent le paysage automobile tunisien.

La Tunisian Automotive Association (TAA) a organisé jeudi soir à Tunis un événement ayant pour thème « Automotive industry: Enabling the future of mobility ». Cette rencontre stratégique a servi de catalyseur pour discuter des avancées significatives et des perspectives prometteuses qui transforment le paysage automobile en Tunisie.

À travers des échanges passionnants, des figures éminentes du secteur ont mis en lumière l'engagement envers l'innovation, l'importance cruciale de la durabilité et les efforts inébranlables pour renforcer la compétitivité et la visibilité internationale.

Un engagement envers l'innovation

Nabhen Bouchaâla, président de la TAA, a mis en lumière l'évolution remarquable de l'industrie automobile en Tunisie, partageant des détails captivants sur les débuts de l'association.

«Fondée en février 2016 avec onze membres fondateurs, l'association a, depuis, élargi ses horizons en établissant des partenariats stratégiques avec diverses instances nationales et internationales », a-t-il indiqué, tout en soulignant l'importance des accords conclus avec des associations homologues, telles que l'Association française «Fiev» et l'Association Africaine de l'Automobile (Aaam), illustrant ainsi la portée mondiale de la TAA.

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Évoquant les huit années fructueuses d'existence de l'association, le président de la TAA a noté avec satisfaction que le nombre de membres est passé à 80, démontrant une croissance significative du secteur. Et face à des défis majeurs, tels que la crise liée au Covid-19, les troubles en Ukraine, ainsi que les problèmes de transport et d'automatisation, Bouchaâla a souligné la résilience remarquable de l'industrie automobile tunisienne.

Sur un autre plan, Bouchaâla a présenté les nouveaux statuts de l'association, récemment adoptés lors de l'assemblée générale, visant à élargir l'équipe et l'écosystème. Il a affirmé que les missions essentielles de la TAA sont particulièrement l'accompagnement du secteur, la représentation de l'industrie automobile tunisienne, la création d'un plan de revenus favorable, la défense des intérêts des membres et le développement des compétences dans le secteur.

Par ailleurs, Nabhen Bouchaâla a abordé le projet ambitieux de l'Académie de formation dédiée au secteur automobile, ainsi que des initiatives en cours telles que l'Open S-Drive. « Ce programme, développé en collaboration avec Novation City dans le cadre du programme « Fast », vise à stimuler l'innovation dans le secteur industriel automobile en Tunisie », a-t-il indiqué, tout en ajoutant que ce secteur, qui représente près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires à l'exportation et emploie près de 100.000 personnes, joue un rôle stratégique et créateur de valeur ajoutée pour la Tunisie.

Le président de la TAA n'a pas manqué de mettre en avant le rôle proactif de l'association dans la réalisation d'un « Pacte de compétitivité du secteur automobile », axé sur cinq piliers majeurs, à savoir : l'infrastructure, le cadre réglementaire, la formation et l'emploi, l'innovation et la visibilité internationale. « Ce pacte vise une stimulation significative de l'investissement dans le secteur, avec la création de 60.000 emplois supplémentaires d'ici 2027, portant le taux d'encadrement à 19%, comparativement à 12% en 2021 », a-t-il encore précisé, tout en exprimant une confiance inébranlable envers l'avenir du secteur automobile en Tunisie.

Vers un avenir durable

Pour sa part, Myriam Elloumi, vice-présidente de la TAA, a indiqué que le futur de notre vie repose sur des concepts tels que l'électro-mobilité, la collectivité et la voiture autonome, des tendances évoquées depuis de nombreuses années. Cependant, elle a mis en avant un dernier facteur émergent qui prend la tête de toutes ces tendances, à savoir la durabilité.

Selon elle, le développement durable a pris le devant de la scène ces dernières années, devenant la principale préoccupation des entreprises du secteur automobile. Ces dernières ont commencé à intégrer le concept à travers différentes certifications, telles que l'ISO 14001 et la norme « Iatf », imposant des politiques environnementales et des objectifs forts.

Myriam Elloumi a souligné également l'impact des réglementations internationales, citant «les accords de Paris » qui imposent des exigences strictes, notamment la neutralité carbone des entreprises d'ici 2050. Elle a présenté des chiffres alarmants sur les émissions de CO2 des véhicules standard et l'importance de la responsabilité des acteurs du secteur automobile, compte tenu des 17% des émissions mondiales attribuées aux transports.

Elloumi a ensuite évoqué les ambitions des principaux constructeurs automobiles, soulignant leur volonté d'atteindre la neutralité carbone bien avant les échéances fixées par les accords de Paris, tout en citant des exemples, tels que Mercedes-Benz visant la neutralité carbone d'ici à 2039.

En ce qui concerne les implications pour l'industrie automobile, Myriam Elloumi a souligné la nécessité pour les entreprises de mettre en place des démarches ambitieuses en matière de durabilité. Elle a insisté sur le fait que la démonstration d'un engagement fort envers l'ESG (Environnement, Social et Gouvernance) n'est plus une option, mais une obligation pour les entreprises du secteur afin de subsister dans l'écosystème automobile.

L'automobile emploie 52% de femmes

La vice-présidente de la TAA a, également, mentionné plusieurs projets et actions menés par l'association pour accompagner les entreprises du secteur dans la mise en oeuvre de démarches durables. Elle a évoqué des projets, tels que l'évaluation de l'empreinte carbone par produit, le guide d'implémentation du photovoltaïque et le guide de gestion des déchets.

En ce qui concerne le pilier social de l'ESG, Elloumi a mis en avant l'importance de l'égalité entre les genres dans le secteur automobile, mentionnant que la Tunisie emploie 52% de femmes dans ce domaine. Elle a salué les initiatives des entreprises en matière de responsabilité sociale, telles que les campagnes de reforestation et de nettoyage, ainsi que le soutien aux écoles, universités et start-up.

« Pour le futur de l'industrie automobile, il est nécessaire pour les entreprises tunisiennes de se transformer rapidement pour s'adapter à la profonde transformation en cours dans l'industrie. Afin d'atteindre cet objectif, il est indispensable d'encourager le secteur à prendre des mesures sérieuses en matière d'ESG, tels que le mix énergétique, tout en gardant et en insistant sur l'importance de la durabilité économique dans cette démarche », a-t-elle affirmé.

Innovation et compétitivité

Lamia Fourati, présidente de la Commission Innovation et Communication de la TAA, a, quant à elle, abordé divers aspects du secteur de l'innovation. Elle a souligné l'importance de deux piliers clés dans le cadre du Pacte, à savoir l'innovation et la recherche et développement, ainsi que la visibilité de l'image. Dans ce cadre, Fourati a mis en avant l'émergence de nouveaux centres de développement, soulignant l'importance croissante de l'innovation dans l'industrie automobile.

« Actuellement, 50% de la valeur des véhicules résident dans le logiciel et le développement. Les défis, tels que la voiture connectée, autonome et électrique, nécessitent d'importants investissements dans l'innovation », a-t-elle indiqué.

Fourati est également revenue sur le programme « Open S Drive » qui vise à faciliter l'« Open Innovation » en réunissant des start-up et des entreprises pour développer des innovations, avec la possibilité d'incubation pour des prototypages industriels.

« Ce partenariat vise à soutenir l'émergence d'un nouveau système d'innovation dans la mobilité intelligente. Les entreprises et start-up peuvent s'impliquer dans ce programme, contribuant ainsi à l'avancement de l'innovation dans le secteur », a-t-elle ajouté.

Toujours dans le contexte de l'innovation, Fourati n'a pas manqué de mettre en avant deux avantages compétitifs clés pour l'industrie automobile tunisienne : la profondeur du secteur et l'innovation.

Elle a détaillé la profondeur du secteur en soulignant la capacité de la Tunisie à couvrir divers métiers liés à l'automobile, du composant électronique au tableau de bord complet. L'objectif est de positionner la Tunisie comme une destination à forte valeur ajoutée, mettant en avant son avantage compétitif dans l'innovation.

« La Tunisie est une destination incontournable pour l'avenir de la mobilité, caractérisée par ses atouts Smart, Agile, Compétitive et Durable. La TAA ambitionne de positionner le pays comme une destination de choix pour les investissements et les Supply Chains du secteur automobile, offrant une alternative « Innovation at best cost » », a-t-elle encore précisé, tout en annonçant le lancement du film institutionnel « Tunisian Automotive Industry: Enabling the future of mobility » pour promouvoir le secteur automobile en Tunisie.

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