Afrique: L'équipe de Tunisie piégée par la Namibie - On revient sur terre !

18 Janvier 2024

Alors que l'on s'attendait à un bon démarrage face à un adversaire qu'on avait cru une proie facile, on a eu droit à un couac humiliant et à une leçon de football bien réfléchi qui nous a fait revenir sur terre.

Les Aigles de Carthage avaient toute une nation dernière pour faire une bonne entame de la CAN ivoirienne et montrer qu'ils méritent plus qu'un statut d'outsiders, mais de favoris qui visent plus que le dernier carré. En se faisant battre par la Namibie (115e mondial) qui n'a jamais auparavant gagné un seul match en phase finale de Coupe d'Afrique (7 défaites et 2 nuls en 9 rencontres), ils sont passés complètement à côté de cet objectif et ont laissé un tas de points d'interrogations. Jusqu'au 2e match contre le Mali vainqueur, lui, de l'Afrique du Sud, peut-être même au-delà, on cherchera à comprendre les raisons profondes de cette défaite humiliante et de ce naufrage collectif qui ont brisé les coeurs des Tunisiens et rompu leur bonheur. Certes, sur un match tout est possible, un jour sans peut arriver, mais pas au point de descendre aussi bas et de laisser plus qu'une amère déception, de la consternation et une plaie profonde qui ne peut être cicatrisée qu'avec une réaction d'amour-propre rageuse le 20 et le 24 janvier pour obtenir le billet aux huitièmes, améliorer le parcours et redorer l'image en cours de route et ne pas rentrer au pays la tête basse dès le premier tour.

Avertis pour rien

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Pourtant, le sélectionneur Jalel Kadri et ses joueurs ont eu la chance et l'avantage d'avoir été avertis bien avant ce match-piège contre les Namibiens en regardant des équipes supposées les plus faibles du tournoi comme la Guinée équatoriale, le Mozambique, le Cap-Vert, la Guinée et l'Angola en faire voir de toutes les couleurs à des favoris en puissance comme le Nigeria, l'Égypte, le Ghana, le Cameroun et l'Algérie. Ça n'a pas servi pour que Jalel Kadri prenne les précautions nécessaires et fasse la bonne approche et le bon coaching pour ne pas connaître le même sort et la même triste mésaventure des autres favoris. Il s'est fait drôlement et naïvement prendre au piège d'un sélectionneur plus rusé que lui, Collins Benjamin, qui a su imposer son plan de jeu, modifier son système de départ défensif en 5-3-2 en voyant que le onze tunisien était prenable, que le coup était jouable.

Alors que Jalel Kadri avait tardé à faire les changements qui s'imposaient dans une équipe qui trouvait de bonnes opportunités de marquer, mais qui n'est pas parvenue à concrétiser et à tromper un grand gardien comme Lloyd Kazapua, Collin Benjamin a, lui, bien choisi le timing idéal pour doter son compartiment offensif d'un attaquant supplémentaire, Bethuel Muzeu dont l'entrée à la 72e minute à la place d'un milieu de terrain (Prins Tijiueza) est passée inaperçue du côté du banc tunisien. Après une série d'essais et de corners dangereux, ce joker sorti en temps idéal fait un beau travail sur le côté gauche, avec une jolie feinte et un crochet d'artiste qui en dit long sur sa maîtrise technique de grand manieur de ballon qu'il ponctue par un long centrage bien enroulé et fuyant qui trouve Deon Hotto, qui n'a eu qu'à plonger de la tête et à mettre le ballon sous la barre transversale (88') de Béchir Ben Saïd qui a sauvé ses coéquipiers d'un naufrage dès les premières alertes namibiennes.

C'était tellement bien joué par les Namibiens et leur coach Collins Benjamin pour mériter leur première victoire historique en Coupe d'Afrique et donner une leçon de réalisme, d'intelligence dans le jeu, d'abnégation sur le terrain, de solidité tactique et mentale à toute épreuve qui ont eu raison de l'équipe de Tunisie. Cette dernière avait essayé de rectifier le tir en seconde mi-temps après une première période catastrophique, mais qui n'a pas mis assez d'huile, de lucidité, de vitesse et d'intensité dans son jeu pour matérialiser sa domination territoriale et trouver la faille et le but salvateur.

Car le début de cette Coupe d'Afrique a prouvé que tous les matches, sauf quelques exceptions, sont des parties d'échecs où les pions doivent être bien placés pour jouer parfaitement leurs rôles et que la moindre erreur de leur déplacement sur l'échiquier peut coûter très cher et être fatale. Durant les trente minutes de la première mi-temps, Jalel Kadri a placé le meilleur pion de son échiquier, Elyès Achouri, sur le côté droit de l'attaque alors que sa zone de prédilection et de confort est le côté gauche. Résultat : une mi-temps de gâchée pour annoncer les premiers la couleur. Dans le dernier quart d'heure du match où il fallait multiplier les percées par l'étirement du jeu sur le côté pour ouvrir plus de failles dans la charnière centrale namibienne, il revient à la même formule avec Elyès Achouri ailier droit pour libérer le couloir gauche à Saifallah Ltaief.

Nouvelle panne dans le dispositif qui donnera l'occasion aux Namibiens de prendre à la gorge les Tunisiens dans les dix dernières minutes dans leur zone et de marquer le but qui leur a fait obtenir les trois points en or d'un succès historique. Rien ne sert de tirer à boulets rouges sur le staff technique de la sélection pour ce fiasco de départ de la CAN. Mieux vaut lui laisser l'occasion comme aux joueurs pour se racheter et gommer ce revers cuisant qui a fait tellement mal. La mission est devenue, certes, difficile, mais elle n'est pas impossible.

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