Tunisie: Etals anarchiques - Il est temps de clarifier, une fois pour toutes, l'état des lieux...

21 Janvier 2024

La conférence de presse tenue, il y a deux jours seulement par un membre du Bureau exécutif de l'Union des travailleurs de Tunisie (UTT) est venue rappeler à l'opinion publique l'existence d'un problème qui dure depuis plusieurs décennies sans qu'on y trouve les solutions adéquates et satisfaisantes pour les diverses parties prenantes.

Il s'agit de la question des étals anarchiques qui reviennent épisodiquement, périodiquement et régulièrement sur la scène du vécu quotidien des Tunisiens, comme si cela constituait un mal nécessaire dans le sens où à chaque fois on dit et affirme que la lutte contre ce phénomène est lancée le plus sérieusement du monde pour l'éradiquer.

Mais à chaque fois, le fléau fait inévitablement sa réapparition au grand dam des commerçants «légaux» et des automobilistes, tout en faisant le bonheur des consommateurs aux moyens financiers limités.

En effet, le syndicat remet au grand jour ce casse-tête consistant à faire «caser» ces commerçants indépendants mais sans local ni toit pour exercer leur activité en pleine lumière sans risque d'être «pourchassés» d'un espace à un autre.

Le syndicat réitère les doléances de ces vendeurs sans patente et sans autorisation légale, en l'occurrence le « respect par les autorités concernées de leurs engagements à fournir un espace aménagé pour les installer, sachant que leur nombre, rien que dans le Grand Tunis, s'élève à des milliers.

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Le même syndicat semble être tellement désespéré et aux abois qu'il lance, carrément, un appel au Président de la République, Kaïs Saïed, pour «intervenir d'urgence en vue de trouver une solution radicale à ce problème», surtout que les commerçants indépendants ont respecté ce qui leur est exigé prouvant leur volonté d'appliquer la loi.

Mais plus grave est cette menace, clairement soulignée puisque pour «assurer leur gagne-pain quotidien et face aux décisions irréalisables, prises sans consultation avec les professionnels», selon les dires mêmes du responsable syndical, «lesdits commerçants n'ont d'autre alternative que celle de la reprise de leur activité dans les artères de la capitale...».

En effet, on se rappelle tous que le sous-directeur des marchés et des affaires économiques à la municipalité de Tunis avait indiqué, le 10 septembre dernier, que les opérations sécuritaires visant à éliminer tous les étals anarchiques ont démarré dès le mois d'août 2023 et qu'elles vont se poursuivre jusqu'à ce que la capitale reprenne son aspect initial.

Selon le même responsable, l'objectif avoué de ces campagnes, menées en collaboration avec la Direction de la police municipale ainsi que la Direction générale de la sûreté nationale, est d'en finir «avec les étals anarchiques dans les principales artères de la capitale et libérer les trottoirs de ces points de vente illégaux».

Or, si l'on en croit les déclarations du ministre de l'Intérieur, des espaces sont bel et bien aménagés pour abriter ces vendeurs informels au Marché Moncef-Bey où il s'est rendu lors du lancement de ladite campagne en septembre

D'ailleurs, le ministre, Kamel Feki, a invité les jeunes qui s'adonnent au commerce irrégulier et vivent des étals anarchiques à déposer des demandes pour réserver, d'ores et déjà, un emplacement dans des espaces aménagés dans ce marché, tout en précisant que les autorités compétentes connaissent le nombre des étals anarchiques et mettent tout en oeuvre pour régulariser la situation de ces jeunes dans le cadre d'une coopération positive en vue de la réussite d'une telle démarche.

A titre de rappel, ces descentes se sont déroulées aux environs de la Place Barcelone, la Place Mongi-Bali, la rue de la Station et une partie de la rue d'Espagne, ce qui avait conduit au retrait de tous les étals anarchiques tout en installant des points de contrôle au niveau des accès menant à ces lieux pour empêcher le retour de ces étals.

La question qui se pose, donc, est la suivante : où réside alors le problème puisque les espaces réguliers sont fournis ? Certains précisent qu'il s'agit d'une question de mentalité dans le sens où ces jeunes marchands ne sont pas habitués à la rigueur de ces réglementations tout en rejetant l'idée du paiement d'une redevance bien instituée.

Toutefois, des efforts sont également à mener dans d'autres zones urbaines de Tunis et ses banlieues ainsi que dans les grandes villes. C'est dire l'ampleur de la mission à accomplir et à réussir dans les différentes régions du pays.

En tout état de cause, la balle est au centre et chaque partie -- autorités et syndicats -- est appelée à être plus précise dans son constat, notamment pour la partie syndicale, afin que les revendications soient bien argumentées et bien justifiées.

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