Afrique de l'Ouest: Sixièmes rencontres sur le marché des titres publics - Le défi de l'élargissement de la base d'investisseurs

24 Janvier 2024

À l'ouverture de la sixième édition des Rencontres du marché des titres publics (Remtp), organisée par Umoa-Titres, mardi 23 janvier, à Cotonou, les acteurs ont plaidé pour l'élargissement de la base des investisseurs afin de redonner un nouveau souffle au marché.

COTONOU- Après Dakar, en 2022, Umoa-titres organise sa sixième édition des Rencontres du marché des titres publics à Cotonou (Bénin) sur le thème : « Développement du marché obligataire en zone Umoa. Quels axes de réformes ? » Hier mardi, lors de la cérémonie d'ouverture, des sommités de la finance africaine ont tracé la voie pour un marché diversifié et plus liquide afin de mieux accompagner les huit États membres de l'Union. Selon la Directrice générale d'Umoa-titres, Oulimata Ndiaye Diassé, le marché des titres publics a fait preuve de dynamisme et de résilience. La preuve, en 10 ans, le volume de financement mobilisé est passé de 2272 à 7194 milliards de FCfa. L'encours de la dette a été multiplié par trois, passant à plus de 14 572 milliards de FCfa.

Dans un contexte où les besoins des États sont de plus en plus nombreux, Mme Diassé estime qu'il y a lieu de relever un certain nombre de défis afin de mieux accompagner les émetteurs. Ces difficultés à adresser sont notamment la distribution des titres publics grâce à l'élaboration des produits d'épargne grand public, la dynamisation du marché secondaire et du segment à court terme des titres publics et la mise en place d'un cadre pour les obligations vertes. « Des axes d'amélioration restent nombreux. L'année 2023 a été particulièrement difficile, aussi bien pour les émetteurs qui ont eu de la peine à mobiliser les ressources nécessaires au financement de leur budget que les investisseurs qui ont dû faire face à un marché secondaire moins liquide. Ces difficultés ont mis en exergue la nécessité de mener les indispensables réformes et de mettre en oeuvre les actions, telles que le développement du marché secondaire, l'approfondissement et l'élargissement de la base des investisseurs, le développement des infrastructures du marché, le renforcement des capacités des acteurs, l'harmonisation de la fiscalité, le développement des projets adaptés à la clientèle grand public et l'amélioration de la transparence sur le marché », a listé la Directrice générale d'Umoa-titres.

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Signes d'essoufflement du marché

Pour Alban Bessan, Secrétaire général du Ministère de l'Économie et des Finances du Bénin, le renforcement du financement domestique est important pour accompagner les politiques de développement des pays. En effet, malgré « des avancées importantes » enregistrées dans le marché des titres publics ces 10 dernières années, la base d'investisseurs reste peu diversifiée avec des acteurs monétaires qui détiennent 90 % de l'encours de la dette par adjudication. Et dans l'Uemoa, l'encours du marché des titres publics rapporté au Pib n'est que de 12 % contre près de 40 % au niveau des marchés émergents.

« En 2023, notre marché a montré des signes d'essoufflement, rappelant la nécessité d'approfondir les réflexions sur sa profondeur et sa base d'investisseurs, son accroissement continuel et son développement harmonieux », a proposé Alban Bessan.

Les acteurs du marché dégagent des pistes de solutions

Lors des panels qui ont suivi la cérémonie d'ouverture, les participants de la sixième édition des Rencontres du marché des titres publics (Remtp), organisée au Bénin, par Umoa-Titres, ont esquissé des solutions pour la dynamisation du marché secondaire. Selon Joëlle Edoah, du groupe Orabank, il faut des incitations sur le marché primaire, afin que le marché secondaire soit davantage fréquenté par les banques. De son côté, Jocelyn Gnacadi, de Nsia Bank Bénin, prône la standardisation des titres publics en tenant compte de la capacité d'absorption des investisseurs dans l'élaboration des calendriers de sorte à éviter des reports d'échéance. Autre idée mise sur la table : la création d'une plateforme de cotation. « Aujourd'hui, nos activités se déroulent par mail ; ce qui réduit le champ des possibles. Une plateforme permettrait de rapprocher les acteurs des huit États et d'accélérer les échanges », propose-t-elle.

Réagissant à cette proposition, Kalidou Diallo, de Cgf Bourse, considère qu'une plateforme de cotation permet de démocratiser l'accès au marché secondaire. « La plateforme reste un important outil. Après, il faudra accroître la disponibilité de l'analyse financière, car les huit émetteurs n'ont pas les mêmes économies et les mêmes réalités économiques. Il faudra donner aux intermédiaires les moyens d'aller vers les investisseurs pour faire la promotion et attirer le maximum d'investisseurs », dit-il.

Autre niche à explorer : la titrisation. D'après Adji Sokhna Mbaye, Directrice générale de Boad Titrisation, cette pratique, aujourd'hui très connue, peut bien contribuer au dynamisme du marché secondaire, permettant d'attirer une diversité d'acteurs (des sociétés de télécommunications, des sociétés publiques...) D. DIENG

Le Sénégal compte lever 1060 milliards de FCfa en 2024

Prenant part aux Rencontres sur le marché des titres publics de l'Umoa, le Chef la Division des études et des statistiques du Trésor, Alioune Diouf, a présenté le calendrier des mobilisations de financements en 2024 pour combler le besoin estimé à 2138 milliards de FCfa. Cette année, le Sénégal compte mobiliser 1060 milliards de FCfa sur le marché des titres publics de l'Uemoa : 270 milliards de FCfa au premier semestre et 600 milliards de FCfa au second semestre. Jugeant l'endettement du pays « soutenable », M. Diouf annonce « une tendance baissière » de la dette « dès 2024 » avec l'exploitation pétrolière et gazière », dit-il, se félicitant de la bonne trajectoire de l'économie sénégalaise. Pour ce qui est de la recherche de financements, le Sénégal, selon le Directeur de la Dette publique, Babacar Diouf, va privilégier les financements à maturité longue, mais aussi en devises locales et étrangères.

De notre Envoyé spécial au Bénin

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