Maroc: Rabat - Une exploration de la traduction des oeuvres d'Ibn Arabi

Rabat — Une conférence animée par Denis Gril, professeur à l'université d'Aix-Marseille et membre de l'Institut de recherches sur le monde arabe et musulman, a été organisée, mercredi soir à Rabat, dans le cadre des activités culturelles de l'Instance académique supérieure de traduction relevant de l'Académie du Royaume du Maroc.

Placée sous le thème "Ibn Arabi ou comment devenir traducteur du traducteur ?", cette rencontre, qui a eu lieu au siège de l'Institut Royal pour la recherche sur l'Histoire du Maroc, a offert aux participants l'opportunité d'explorer de près l'expérience de l'universitaire français, notamment son travail de traduction de plusieurs ouvrages de Muhyiddin Ibn Arabi, théologien et maître soufi arabe.

Denis Gril a exprimé sa reconnaissance envers l'Académie du Royaume du Maroc, soulignant que cette institution lui a permis de présenter son parcours de traduction de la pensée d'Ibn Arabi. Il a souligné que la vie entière l'a accompagné dans la mission de rendre accessible en français les enseignements d'Ibn Arabi, en raison de sa contribution profonde à la compréhension de l'Islam et de ses réponses aux grandes questions existentielles, notamment sur la relation créature-Créateur.

L'intervenant a également mis en avant la personnalité d'Ibn Arabi, soulignant qu'il n'était pas seulement un érudit soufi, mais également "un personnage doté d'une langue puissante et d'une prose raffinée". Selon Gril, Ibn Arabi était non seulement un grand poète, mais aussi un esprit inventif et imaginatif capable de traduire les vérités divines les plus profondes et les visions spirituelles dans un langage accessible au public.

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Dans une déclaration à la presse, Denis Gril a souligné la complexité de la traduction des oeuvres d'Ibn Arabi, affirmant que le grand maître soufi était l'un des piliers de la langue arabe et l'un des grands écrivains de son époque, en plus de sa dimension spirituelle.

Concernant son choix de traduire les oeuvres d'Ibn Arabi, Gril a expliqué qu'il y trouvait une source d'inspiration qui animait son coeur et son esprit, lui permettant de comprendre la vérité de l'Islam, ajoutant que les oeuvres d'Ibn Arabi révélaient la profondeur de sa pensée et sa remarquable créativité dans le soufisme.

Revenant sur le thème de la conférence, l'universitaire français a souligné que la traduction des oeuvres d'Ibn Arabi pouvait être envisagée sous deux angles. La première consiste à traduire un texte d'une langue à une autre, comme il l'a fait pour les oeuvres d'Ibn Arabi de l'arabe vers le français. La deuxième considère les oeuvres d'Ibn Arabi comme une traduction des réalités, des états, des situations et des visions spirituelles vers un langage écrit.

De son côté, Abdelfattah Lahjomri, directeur du Bureau de coordination de l'arabisation à l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et la science (ALECSO), a souligné que la traduction était une nécessité civilisationnelle et scientifique, contribuant à élargir l'interaction intellectuelle entre les langues et les sociétés, tout en surmontant les barrières culturelles.

Il a noté que la conférence offrait une occasion exceptionnelle de découvrir Ibn Arabi s'exprimant dans une langue autre que l'arabe, en compagnie de Denis Gril, l'un de ses traducteurs les plus éminents vers le français. Il a souligné que le soufisme ne pouvait être évoqué sans mentionner Ibn Arabi.

Lors de cette rencontre, qui s'inscrit dans le cadre d'un cycle de conférences visant à enrichir les connaissances sur la traduction qu'il s'agisse de textes du patrimoine ou de textes contemporains, Denis Gril a présenté des exemples de textes qu'il avait traduits d'Ibn Arabi.

La rencontre a été marquée par la récitation de la Fatiha pour le repos de l'âme de l'ancien conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Abbas El Jirari, décédé samedi dernier.

Denis Gril est professeur émérite de langue arabe et d'islamologie à l'Université d'Aix Marseille, membre de l'Institut de recherches sur le monde arabe et musulman (IREMAM). Spécialiste du soufisme, il est auteur ou co-auteur de plusieurs études consacrées à ce sujet.

L'Instance académique supérieure de traduction est un organe relevant de l'Académie du Royaume du Maroc avec comme mission la promotion des oeuvres de traduction, au Maroc comme à l'étranger, entre l'Arabe ou l'Amazigh et les autres langues.

Dans cette perspective, l'Instance se consacre principalement à la traduction d'ouvrages de référence, d'études et de recherches scientifiques dans divers domaines scientifiques, de la pensée, de la culture, du patrimoine et de la civilisation. Elle veille à l'encouragement de la recherche scientifique sur les questions de la traductologie et ses applications, en coordination avec les institutions et organismes spécialisés en la matière, qu'ils soient nationaux ou étrangers.

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