Guinée: Des proches rendent hommage aux victimes de la répression sous l'ex-président Sékou Touré

Une trentaine de personnes se sont rassemblées jeudi 25 janvier réunis pour rendre un hommage aux victimes de la répression sous Sékou Touré, notamment dans le Camp Boiro. Les proches des victimes réclament toujours justice, 40 ans après la disparition du despote : considéré comme un héros par beaucoup, le père de l'indépendance a aussi laissé derrière lui 50 000 morts et disparus, selon les organisations de défense des droits de l'Homme.

Des t-shirts rouges pour le sang versé, une fanfare pour continuer à faire du bruit : les proches des victimes du régime de Sékou Touré marchent vers la maison de Diallo Telli, haut fonctionnaire mort de faim en prison.

C'est ici que l'Association des victimes du Camp Boiro tient son premier rendez-vous annuel, pour rendre hommage à ceux qui ont succombé dans ce camp de gendarmerie créé au temps de la colonisation française devenu camp d'internement militaire, de torture et de mise à mort de Guinée sous le régime de Sékou Touré.

« Ce que nous avions l'habitude de faire, c'était de demander aux autorités d'avoir un accès au camp juste avant les dates de commémoration, explique le secrétaire exécutif Abdoulaye Conté. Mais depuis deux ans, l'accès du camp nous est refusé. »

Le 25 janvier 2024 marque une date importante : le début d'une vague de répression féroce en 1971. Le père d'Abdoulaye Conté a été fusillé ce jour-là. « Il est essentiel que la Guinée ait le courage d'ouvrir son passé, son histoire, explique-t-il. Aucune refondation ne peut se faire aujourd'hui si elle ne repose pas sur la vérité des faits essentiels. »

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Mais aujourd'hui, la tendance est plutôt à la réhabilitation de la figure de Sékou Touré, en éludant ses crimes. Petite fille de victime, Kadiatou, 17 ans, représente la troisième génération : « Dans ma génération, certaines personnes le voient comme un héros. À l'école, nous n'apprenons pas la face cachée, ni les trucs sur le Camp Boiro. On apprend juste qu'il a aidé pour qu'on ait l'indépendance, c'est tout. On ne voit pas les mauvais côtés. »

Le 40ème anniversaire de la mort de Sékou Touré, ce sera le 26 mars prochain. « Nous verrons comment les autorités vont gérer ça », glisse le fils d'une victime.

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