Ile Maurice: Une tentative de vol de bois de santal déjouée grâce à une habitante de la région

Une tentative de vol de bois de santal, bois rare et coûteux et dont l'abattage est interdit depuis 2021, a été déjouée par une habitante de Tamarin. Après avoir découvert que trois personnes abattaient illégalement des arbres de bois de santal dans un bois entourant sa maison, délit récurrent mais qui ne s'était jamais soldé par des arrestations jusquelà, elle a alerté la police de Rivière-Noire, qui s'est déplacée. Et elle leur a même expliqué où il fallait passer pour mettre la main au collet de ces voleurs. C'est ainsi que trois personnes ont pu être arrêtées.

«En l'absence de mon mari, qui était à une réunion à Moka, je me trouvais seule sous ma varangue vers 15 heures, jeudi, lorsque j'ai entendu un bruit de bois que l'on abattait. C'était répétitif et venait du bois. J'ai immédiatement appelé le service de sécurité Brinks, qui m'a déclaré que son rôle est de sécuriser ma maison et pas les lieux qui l'entourent», raconte notre interlocutrice, qui explique que sa demeure a été construite sur une superficie de plus de deux arpents en pleine nature. «C'est un vrai plaisir de vivre entourée de la nature mais ce bonheur a été gâché depuis avril dernier quand des malfrats sont entrés dans ce bois pour abattre une vingtaine d'arbres et ensuite se sauver», poursuit l'habitante de Tamarin. Elle ajoute que ces voleurs ont l'habitude de camper dans ce bois avant de procéder à l'abattage le lendemain. «Ils sont très bien équipés et parfois, ils se présentent avec des tronçonneuses, qui ne font pas de bruit et ils arrivent toujours à s'enfuir avant l'arrivée de la police», raconte-t-elle à l'express.

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Jeudi, ils étaient trois à s'affairer dans le bois entourant sa maison. «C'est le bruit de hache qui a confirmé mes soupçons que des arbres étaient abattus. Après Brinks, j'ai appelé la police qui est venue plus d'une heure après, soutenant être en manque d'effectifs. Je suis sortie de la maison pour indiquer aux policiers là où ils devaient attendre et où ils devaient passer pour mettre la main au collet des voleurs. Trois enquêteurs ont été dans une direction et j'ai accompagné les autres dans une autre direction et on les a effectivement trouvés. Les voleurs étaient près d'une rivière. Vers 18 heures, l'opération était terminée», indique cette femme courageuse, qui a fait montre d'une grande détermination à protéger l'environnement.

Sur les lieux de l'abattage, un sac en raphia contenant un genre de harpon, un sabre à manche noir, une hache d'environ deux pieds, une autre d'environ quatre pieds et un pied de biche, s'y trouvaient. Ces pièces à conviction et le bois de santal abattu ont été sécurisés. Interrogés sur leur présence dans le bois, les suspects ont concédé qu'ils étaient là pour voler du bois de santal.

Les vols de bois de santal se multiplient depuis plus d'un an. Ce bois est très prisé car rare et coûteux. De ce fait, il s'agit d'un business florissant pour les voleurs. C'est une espèce protégée depuis août 2021. Depuis, les autorités ont interdit l'abattage de ce bois précieux et toute exportation de cette espèce est protégée en vertu de la Forests and Reserves Act de 1983. Mais le trafic illégal se poursuit. Ceux qui se rendent coupables d'un tel délit risquent une peine d'emprisonnement ne dépassant pas deux ans et une amende ne dépassant pas cinq fois la valeur du bois saisi. Selon un expert, ce bois de santal blanc est une plante indigène de Maurice à forte valeur commerciale de par sa teneur en huile essentielle et son usage pharmaceutique.

Une accusation de Rogue and vagabond a été retenue contre les trois présumés voleurs que sont Aldo Jonathan Kalypso, 38 ans, aide-camion, Zéphir Fabrice, tailleur de pierre de 33 ans et Julie David, tailleuse de pierre de 32 ans, tous des habitants de Tranquebar à Port-Louis. Hier, vendredi 26 janvier, ils ont comparu devant le tribunal de Bambous, avant d'être reconduits en cellule policière. Selon nos informations, la police a objecté à leur remise en liberté, soutenant que ces suspects devront être davantage interrogés. «Ils ont d'autres complices dans cette affaire et il faudra les interroger. S'ils sont relâchés, il y a un risque de collusion entre les témoins et eux», a argué un enquêteur en cour. Les policiers tenteront de mettre la main sur les commanditaires de ce vol ou les cerveaux de ce trafic de santal.

Sollicité, le sergent Bernard Mootoosamy du Police Press Office raconte que les éléments du Field Intelligence Office travaillent sur ce dossier de trafic de bois de santal blanc. «On a eu un cas similaire il y a un an avec la saisie de bois de santal blanc d'une valeur de Rs 10 millions. La police est toujours aux aguets», dit-il.

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