Gabon: Diriger autrement

29 Janvier 2024

C'est une nomination qui fait actuellement des gorges chaudes au Gabon. En ce début d'année, l'ancienne patronne de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, a été promue aux fonctions de présidente honoraire de l'institution, par le chef de l'Etat, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. La décision du nouvel homme fort passe mal auprès d'une certaine opinion, tant lui-même avait « vomi » cette magistrate d'expérience, après son coup de force du 30 août 2023. Le Gal Nguema n'avait-il pas reproché à l'ex-présidente d'avoir participé à la prise des décisions injustes lors des élections, au cours de ces 32 ans d'exercice à la tête de la plus haute juridiction du pays ? Dame Mborantsuo fait d'ailleurs partie des premières personnalités à être révoquées de leurs postes par le tombeur d'Ali Bongo Odimba.

Sa réhabilitation fait jaser à juste titre chez certains Gabonais, étant donné qu'elle représente une figure importante de l'ordre ancien. Une polémique s'est alors installée, contraignant les autorités à réagir, pour apporter des éclairages. Le conseiller spécial en charge du département Communication à la présidence de la République, Telesphore Obame Ngomo, a déclaré que la nomination de Mborantsuo se fonde sur une disposition légale inscrite dans la loi organique de la Cour constitutionnelle.

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Mais, il n'est pas évident que cette explication ait aidé à calmer les esprits, vu la persistance des vives critiques sur les réseaux sociaux. La magistrate Mborantsuo a dirigé la Cour constitutionnelle dès sa création à 2023. D'autres promotions au sein de l'Administration font grincer des dents, à l'image de la récente nomination de l'époux de la ministre de la Communication et des Médias, Laurence Ndong, en qualité de directeur général adjoint de la Société de patrimoine et des infrastructures numériques.

Nombre de Gabonais, indignés, sont tombés des nues en apprenant cette élévation, surtout que la ministre Ndong a passé tout son temps à dénoncer le favoritisme au sommet de l'Etat, sous le clan Bongo. Malgré lui, le communiquant Ngomo a dû encore sortir du silence, regrettant un manque de décence morale et invitant de fait la ministre Ndong a tiré les conséquences de cette situation. « L'élégance de la morale aurait voulu qu'on puisse ne pas vivre un tel spectacle.

Madame la ministre, du moins son époux, gagnerait à prendre de la hauteur et à lire tout le vacarme que cette nomination a pu engendrer. Sous d'autres cieux, certains auraient rendu leur tablier avec dignité, parce qu'effectivement cela parait un peu trop grossier », a-t-il affirmé. Si on s'en tient à la promesse du Gal Nguema d'asseoir une gouvernance aux antipodes du régime des Bongo, dont il est lui-même issu, ces cas malheureux ne devraient pas être vécus.

Les personnalités qui servent le pouvoir de la Transition doivent être probes et ne pas renvoyer, de par leurs agissements, aux vieilles pratiques, dont les Gabonais ne veulent plus attendre parler. La politique, qui consiste à faciliter l'ascenseur à ses proches ou partisans, ne doit plus avoir court dans le nouveau Gabon en construction. Au regard de ce qui passe, on ne peut pas dire que la Transition du Gal Nguema a pris un mauvais départ, mais, c'est tout comme. Il faut à tout prix rompre avec le Gabon des privilégiés au détriment du Gabon pour tous. Le chef de l'Etat a tout intérêt à être plus rigoureux avec ceux qui l'entourent, s'il veut renforcer la confiance avec ses compatriotes. Au besoin, il devrait sanctionner pour l'exemple. La volonté de diriger autrement doit aller au-delà des beaux discours. Il faut des actes forts !

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