Afrique de l'Ouest: Liberté de la presse en Guinée - Bienvenue en satrapie !

analyse

Il ne fait pas bon d'être journaliste actuellement en Guinée. Le secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse privée (SPPG), Sékou Jamal Pendessa, en fait l'amère expérience depuis une dizaine de jours.

Pour avoir appelé à une manifestation contre les restrictions d'accès des réseaux sociaux et les attaques contre les médias, il a été entendu par un juge et placé sous mandat de dépôt à la Maison centrale de Conakry depuis le 22 janvier 2024.

Ses confrères et les syndicats de la presse ont beau appelé à sa libération, les autorités guinéennes campent sur leur décision.

On a beau chercher, on demande toujours à voir ce qu'a commis d'aussi grave le journaliste pour mériter d'être ainsi embastillé.

En réalité, on ne devrait pas s'étonner outre mesure. Nous sommes au Pays de Sékou Touré où le colonel, pardon, le général de corps d'armée Mamadi Doumbouya règne sans partage depuis plus de deux ans. Il était arrivé en sauveur pour restaurer la démocratie malmenée par le professeur Alpha Condé qui voulait se taper un troisième mandat contre tout bon sens, voilà que très rapidement il est devenu le fossoyeur de cette même démocratie et des libertés individuelles et collectives.

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Celui qui était encore caporal dans la Légion étrangère française, il y a à peine une quinzaine d'années, patron des forces spéciales grâce à Alpha Condé, s'est retrouvé colonel et maintenant dans une bouffonnerie sans nom est désormais général quatre étoiles.

Quoi de plus normal que le généralissime veuille donc diriger la Guinée comme un camp militaire où la moindre contestation ne saurait être tolérée. Au grand dam non seulement des journalistes mais également de tous les citoyens guinéens dont la liberté est ainsi bridée. Pendant ce temps, il n'est plus question manifestement de retour à une vie constitutionnelle normale.

Reste à savoir dans quelle mesure la grève générale illimitée projetée par les syndicats si Sékou Jamal Pendessa n'était pas libéré va faire bouger les lignes avec un régime qui a tout l'air d'une véritable satrapie. Il n'y a pas d'ailleurs que les journalistes qui souffrent de cette situation. Les OSC qui ne filent pas droit et les opposants sont, eux aussi, traqués et souvent contraints à l'exil pour permettre au «colosse de Conakry» de gouverner en toute quiétude.

En réalité, ce qui se passe en Guinée est à différents degrés à l'image de la situation de liberté d'expression et de presse dans les pays qui ont connu des coups d'Etat récemment. Qu'il s'agisse du Mali, du Burkina et du Niger, les libertés sont corsetées au nom de la lutte contre le terrorisme qui est considérée par les pouvoirs comme une raison suffisante pour museler toutes les voix discordantes.

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