Pouvoir se recueillir là où, selon les témoignages, on a retrouvé les corps des esclaves marrons qui avaient sauté du haut de la montagne du Morne. C'est ce qu'a annoncé hier le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à l'occasion des 189 ans de l'abolition de l'esclavage.
L'accès gratuit à la montagne du Morne, pour tous les publics, est un puissant symbole. Quand on sait que l'État avait dû négocier avec des propriétaires privés pour enfin ouvrir un premier sentier aux visiteurs à partir du 24 juillet 2016. Soit huit ans après l'inscription du paysage culturel du Morne sur la liste du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). Sa valeur universelle exceptionnelle est reconnue par l'Unesco depuis le 2 juillet 2008.
Seize ans après l'ouverture du premier sentier public - il en existe d'autres qui sont payants et qui traversent des terrains privés -, un second va bientôt ouvrir. «Une autre initiative du Morne Heritage Trust Fund (LMHTF), c'est la création d'un trail qui va bientôt donner accès au lieu-dit Belle-Vue. Cet endroit est connu comme la Vallée-des-Ossements. Selon des témoignages, c'est dans ce lieu, anba montagn, que l'on a retrouvé les restes des esclaves marrons après qu'ils aient sauté du Morne», a déclaré le Premier ministre.
(Dans la playlist de circonstance des organisteurs : Le Morne interprété par Désiré François et Laglwar de The Prophecy. Les artistes ont fait se lever une partie de l'assistance, qui n'avait prêté qu'une oreille distraite aux discours officiels.)
Pravind Jugnauth a affirmé : «Nous allons aussi régler le problème de glissement de terrain sur la montagne du Morne.» C'est en février 2023 qu'à la suite d'un éboulement sur la montagne, le sentier de randonnée initial a dû être fermé. Une piste alternative a été ouverte au grand public le 8 juillet 2023, ce qui a coïncidé avec les 15 ans de l'inscription du paysage culturel du Morne au patrimoine mondial. «Cette région, c'est la plus sèche de Maurice, mais c'est aussi une région qui a été bien arrosée depuis quelque temps», a ajouté le Premier ministre. Il a indiqué que les autorités «travaillent activement» pour rouvrir le sentier initial. «D'ici trois à quatre mois, nous serons en mesure d'ouvrir ce parcours», a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a aussi annoncé que le jumelage entre les deux patrimoines mondiaux que sont Le Morne et l'ancienne île-prison de Robben Island, au large de Cape Town en Afrique du Sud, vient d'être renouvelé. Le professeur Saths Cooper, président du conseil d'administration du Robben Island Museum et lui-même ancien prisonnier politique, est venu à Maurice à la fin de novembre 2023 pour discuter de la réactivation de ce jumelage.
«Dans le cadre de cet accord, ont été initiés d'une part, un projet de création d'un centre d'interprétation et un musée du marronnage au Morne», a déclaré Pravind Jugnauth. Il a expliqué que cinq arpents de terre, situés à L'embrasure, ont été alloués à ces projets. Ce terrain est déjà réservé pour le musée du marronnage depuis 2016. À l'époque, il a aussi été question d'un ségatorium à cet emplacement. Mais il n'y a pas eu de suite. Selon le Premier ministre, LMHT a entamé le travail pour définir le concept de ce futur musée, qui «traitera de marronnage, de résistance et de résilience des esclaves et de leurs descendants».
(Plus d'une dizaine d'autobus ont déposé des invités à la plage publique du Morne, hier. Certains ont confié qu'ils venaient de Quartier Militaire.)
