Ile Maurice: Messe - L'introduction du «kreol morisien» en HSC serait une marque de respect

«Un pas significatif serait franchi si le kreol morisien pouvait être intégré en tant que matière subsidiaire au niveau de la 12e année.»

C'est la suggestion de Mgr Jean Michaël Durhône qui présidait la messe commémorant le 189e anniversaire de l'abolition de l'esclavage à la chapelle Stella Maris, dans le village du Morne. Il a souligné que depuis l'introduction de cette matière au programme scolaire, les élèves ont obtenu d'excellents résultats. Cette demande a été exprimée en présence du Premier ministre, Pravind Jugnauth, du président de la République, Pradeep Roopun, et de la vice-Première ministre et ministre de l'Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun.

Cette année, la messe a revêtu une signification particulière avec le thème choisi, «Le Morne, rasinn nou lidantité», soulignant ainsi la célébration par un évêque issu du métissage mauricien, un évêque créole, comme l'a déclaré le père Jean Maurice Labour, vicaire épiscopal responsable du comité diocésain du 1er-février. Dans son homélie, Mgr Durhône a abordé la question de l'identité. «Nous avons un devoir de mémoire. Il est essentiel de ne pas oublier nos origines, nos racines. (...) La mémoire ne doit pas nous retenir dans le passé, mais nous permettre de comprendre notre lutte continue pour le respect de la dignité des descendants d'esclaves.» Il a également souligné que se souvenir ne signifie pas nourrir des sentiments de revanche, mais plutôt de conserver en mémoire des faits, tels que le Code noir, les instruments et la musique utilisée à cette époque, afin d'avoir une mémoire archéologique.

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De plus, Mgr Durhône a souligné l'importance de transmettre à travers la mémoire. «Il est essentiel de transmettre ce que nous avons reçu pour développer notre identité créole.» Il a ensuite abordé le domaine de l'éducation. «Nous avons cherché à valoriser le kreol morisien. Depuis son introduction en 2012 au programme des écoles primaires, nous constatons que de plus en plus d'élèves choisissent cette matière, que ce soit en grade 6, 9 ou 11. Ils ont même réussi leurs examens. En 2023, 188 jeunes ont participé à l'examen du School Certificate (SC), et pour 2024, ils seront 700 à passer cet examen en grade 10. Un autre fait marquant est qu'en 2023, 96 % ont réussi ces examens du SC. Cependant, cette année, on nous informe qu'il y a des difficultés pour que ces jeunes puissent poursuivre leurs études dans cette matière au niveau du Higher School Certificate (HSC). Certains souhaitent la suivre en tant que matière subsidiaire en grade 12. Je pense que ce serait un progrès significatif si le kreol morisien parvenait à trouver sa place au HSC. Ceci démontrerait notre respect envers cette langue en l'incluant en tant que matière subsidiaire...»

Mgr Durhône a également annoncé la création d'une commission diocésaine du 1er-février. Le père Labour, vicaire épiscopal, sera chargé de constituer un comité pour perpétuer la mission laissée par le père Laval et les cardinaux Margéot et Piat, visant à faire progresser le créole au sein de l'Église et de la société. «L'Église possède une grande richesse et une diversité, mais il est essentiel que chacun parvienne à faire résonner l'Évangile dans la culture de sa propre identité», a-t-il déclaré. Il a conclu en appelant les descendants d'esclaves à reconnaître leurs racines et leur identité, et à promouvoir leur valeur. «Le cardinal Piat a accompli un travail considérable alors que le malaise créole se manifestait au sein de la communauté. D'année en année, nous avons progressé sur ce sujet et, aujourd'hui, nous franchissons une nouvelle étape, en espérant que les jeunes continueront à avancer...»

Pour que pour marquer cette commémoration, une veillée a été organisée le 31 janvier dans le village du Morne. Il faut également mentionner que plusieurs participants à cette messe ont effectué un pèlerinage de TrouChenille à la chapelle.

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