Soudan: Le PAM réclame un accès aux personnes dans le besoin, alors que des cas de famine sont signalés

2 Février 2024

Le nombre de personnes souffrant de la faim au Soudan a doublé au cours de l'année écoulée, a déclaré vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM), ajoutant qu'il recevait déjà des rapports faisant état de personnes mourant de faim.

« La situation au Soudan aujourd'hui n'est rien de moins que catastrophique », a affirmé Eddie Rowe, le Représentant et Directeur de pays du PAM au Soudan, notant que près de 18 millions de personnes à travers le pays sont actuellement confrontées à une faim aiguë.

On estime à cinq millions le nombre de personnes souffrant d'une situation d'urgence due au conflit dans des régions telles que Khartoum, le Darfour et le Kordofan.

L'acheminement de l'aide entravé

« Le PAM a de la nourriture au Soudan, mais le manque d'accès humanitaire et d'autres obstacles inutiles ralentissent les opérations et nous empêchent d'apporter une aide vitale aux personnes qui ont le plus besoin de notre soutien », a précisé M. Rowe.

Près de 18 millions de personnes à travers le pays sont actuellement confrontées à une faim aiguë

L'armée soudanaise et les militaires rivaux des Forces de sécurité rapide (RSF) sont en conflit depuis avril dernier. Le PAM les exhorte à fournir des garanties de sécurité immédiates afin qu'il puisse atteindre les millions de personnes dans le besoin.

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Des personnes meurent de faim

L'agence des Nations Unies a mis en garde à plusieurs reprises contre une catastrophe alimentaire imminente au Soudan, où elle a aidé plus de 6,5 millions de personnes depuis que la guerre a éclaté.

« Pourtant, l'aide vitale ne parvient pas à ceux qui en ont le plus besoin, et nous recevons déjà des rapports faisant état de personnes mourant de faim », a indiqué M. Rowe.

Le PAM n'est en mesure de fournir régulièrement une aide alimentaire qu'à une personne sur dix confrontée à des niveaux d'urgence de la faim dans les zones de conflit, notamment Khartoum, le Darfour, le Kordofan et, plus récemment, Gezira.

Pour atteindre ces zones, les convois humanitaires doivent être autorisés à franchir les lignes de front, ce qui « devient presque impossible » en raison des menaces à la sécurité, des barrages routiers imposés et des demandes de droits et de taxes, a déclaré l'agence.

Regarder au-delà du champ de bataille

Le PAM tente d'obtenir des garanties de sécurité pour reprendre ses opérations dans l'État de Gezira, un "hub" humanitaire vital qui soutenait plus de 800.000 personnes par mois.

Les combats de décembre ont forcé un demi-million de personnes à fuir, dont beaucoup étaient déjà déplacées. Cependant, seules 40.000 personnes ont reçu de l'aide jusqu'à présent, car 70 camions du PAM sont restés bloqués dans la ville côtière de Port-Soudan pendant plus de deux semaines.

Trente et un autres camions qui auraient dû acheminer l'aide aux Kordofans, Kosti et Wad Madani, n'ont pas pu quitter El Obeid depuis plus de trois mois.

« Les deux parties à ce terrible conflit doivent regarder au-delà du champ de bataille et permettre aux organisations humanitaires d'opérer », a affirmé M. Rowe.

« Pour cela, nous avons besoin d'une liberté de mouvement sans entrave, y compris à travers les lignes de conflit, afin d'aider les personnes qui en ont désespérément besoin en ce moment, où qu'elles se trouvent », a précisé le chef du PAM.

Plans d'intervention des humanitaires

Les Nations Unies continuent d'appeler à la fin de la guerre au Soudan, qui a fait plus de 13.000 morts pour l'instant. Près de huit millions de personnes ont été déplacées, dont plus de 1,5 million ont franchi la frontière.

Le Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a annoncé vendredi qu'il lancerait la semaine prochaine deux plans d'intervention pour répondre aux besoins au Soudan et pour soutenir les Soudanais déplacés dans les pays voisins.

Au total, 25 millions de personnes ont besoin d'une assistance urgente, a déclaré le porte-parole de l'OCHA, Jens Laerke, à la presse à Genève.

Le chef des réfugiés de l'ONU au Soudan

Parallèlement, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a attiré l'attention sur la situation des personnes touchées par la guerre lors d'une visite dans la région cette semaine.

Filippo Grandi est arrivé au Soudan jeudi pour « mettre en lumière la situation critique des civils soudanais (dont des millions sont déplacés) et des réfugiés qu'ils accueillent encore, tous pris dans une guerre brutale qui s'aggrave et que la majeure partie du monde semble ignorer ».

Sur la plateforme de médias sociaux X, M. Grandi a fait part de ses conversations avec des personnes déplacées à Port-Soudan.

« Elles m'ont raconté comment la guerre avait soudainement bouleversé leur vie paisible et qu'elles perdaient espoir, pour elles et pour leurs enfants. Seuls un cessez-le-feu et des pourparlers de paix sérieux peuvent mettre fin à cette tragédie », a-t-il déclaré.

Soutenir les réfugiés soudanais

Sa visite au Soudan fait suite à une mission de trois jours en Éthiopie, où il a demandé une aide urgente et supplémentaire pour les réfugiés soudanais, dont plus de 100.000 ont fui vers ce pays depuis que la guerre a éclaté en avril.

L'Éthiopie est l'un des six pays voisins du Soudan qui continuent d'accueillir des milliers de personnes fuyant les combats.

M. Grandi dirige l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui soutient le gouvernement éthiopien, ainsi que les autorités régionales et locales, afin de fournir une protection et des services vitaux aux nouveaux arrivants.

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