Sénégal: Accès des femmes au monde de l'entreprise et aux instances de direction - Encore du chemin à faire !

2 Février 2024

L'accès des femmes au monde de l'entreprise et aux instances décisionnelles est de loin une réalité au Sénégal, renseigne une publication du Conseil national du patronat Sénégalais (Cnp). L'étude intitulée «L'oeil ouvert des employeurs sur la mixité professionnelle et l'accès des femmes aux hauts postes de gouvernance dans les entreprises», a été publiée hier, jeudi 1er février 2024, à Dakar.

Au Sénégal, les femmes peinent plus à trouver du travail que les hommes. C'est ce qui ressort, entre autres, d'une publication du Conseil national du patronat Sénégalais (Cnp), réalisée en partenariat avec le Bureau international du travail, intitulée «L'oeil ouvert des employeurs sur la mixité professionnelle et l'accès des femmes aux hauts postes de gouvernance dans les entreprises», rendue publique hier, jeudi 1er février 2024.

Pour s'en convaincre, le rapport annuel des statistiques du travail 2022 informe que «71,71% des contrats de travail reviennent aux hommes contre 28,29% aux femmes», a dit le ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions, Samba Sy, qui présidait la cérémonie de remise officielle de ladite publication. A cet obstacle, s'ajoute l'accès des femmes aux instances de direction. Ce qui fera dire au ministre du Travail que tout porte à croire qu'il y a «un plafond de verre» pour les femmes dans la gouvernance des entreprises.

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ABSENCE DE POLITIQUE DE PROMOTION DE LA MIXITE PROFESSIONNELLE DANS LES ENTREPRISES

Concernant cette mixité professionnelle, une présence minoritaire des femmes dans les entreprises est notoire. Selon l'étude, seuls 15% des entreprises ont au moins 50% de femmes dans les effectifs. Et que près d'un tiers (1/3) des entreprises ont un pourcentage de femmes dans leurs effectifs compris entre 10 et 30%. Toutefois, il est noté une présence plus significative des femmes dans les secteurs du commerce, de la santé, des banques et des assurances.

L'étude réalisée auprès de 123 entreprises ciblées en fonction de leurs secteurs d'activités et de la taille de leurs effectifs, et selon la démarche méthodologique sur la base d'une enquête en ligne pour les responsables des ressources humaines des entreprises et des entretiens directs avec des hauts dirigeants d'entreprises montre que «58% des entreprises enquêtées n'ont pas de politique de promotion de la mixité professionnelle».

La principale raison de l'absence d'une politique de mixité professionnelle est que cela n'est tout simplement pas nécessaire, pour les 54% des entreprises. Autres raisons évoquées, l'existence d'enjeux à impact réel (10%) de résistances sociales et culturelles (10%) et de l'inadaptation de certains postes aux femmes. Le manque de personnel féminin qualifié n'est justifié que par 2% des entreprises.

LE DIKTAT DES HOMMES AUX POSTES DES DIRECTION GENERALE ET CONSEIL D'ADMINISTRATION

Quant à l'accès des femmes aux hautes instances de gouvernance des entreprises (Direction générale et Conseil d'administration), les résultats de la publication montrent que la fonction de Directeur général revient aux hommes dans 90% des entreprises contre 10% aux femmes. A noter qu'il s'agit d'entreprises publiques et privées.

Il est aussi relevé une très forte prédominance de la présence des hommes au sein du Conseil d'administration des entreprises. Donc, seuls 23% des femmes sont dans les Conseils d'administration, dans l'ordre de 1% à 10%, et répertoriées dans 38% des entreprises. Sur cette base, il n'est enregistré un pourcentage paritaire et supérieur en faveur des femmes que dans 1,5% des entreprises.

A noter que par convention, la mixité professionnelle est atteinte lorsque les femmes et les hommes représentent une part comprise entre 40% et 60% des effectifs de la branche, du métier, de la catégorie professionnelle ou de l'emploi.

Fort de ces résultats peu reluisants pour la présence féminine en milieu professionnel (entreprise), la présidente de la Commission «Genre, mixité professionnelle, économie sociale et solidaire» du Cnp, Raqui Wane, d'admettre qu'il reste «beaucoup de chemin à parcourir en tant que femme».

Le directeur du Bureau international du travail (Bit) à Dakar, Dramane Aïdara, saluant les efforts institutionnels du Sénégal, a appelé à plus de suivi pour une meilleure mixité professionnelle dans les entreprises.

L'expert Abdoul Alpha Dia, et secrétaire général de l'Association sénégalaise des professionnels des ressources humaines, a indiqué qu'il est bien possible de corriger cela, au regard du leadership féminin constaté çà et là, à l'école, dans les instituts de formation et universités.

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