Tunisie: Infrastructure, eau, sécurité et développement régional - La coopération tuniso-japonaise porte ses fruits dans le sud !

3 Février 2024

station de dessalement d'eau de mer à Sfax

Après plusieurs années d'attente, le calvaire des Sfaxiens va bientôt prendre fin. En effet, sanctionnée par un stress hydrique de plus en plus conséquent, la population sfaxienne peut, dans les mois à venir, espérer pour le mieux. Leurs espoirs sont portés par l'entrée en exploitation de la plus grande station de dessalement et de distribution de l'eau de mer, prévue fin juin prochain.

Lors d'un voyage de presse organisé par l'ambassade du Japon en Tunisie, nous avons eu l'occasion de suivre de près l'avancement des travaux des différentes composantes de ce projet d'Etat financé par un prêt du gouvernement japonais.

Ce projet bénéficiera à environ 600 mille citoyens de la ville de Sfax par le biais d'un prêt qui s'élève à 36,676 milliard de yen (environ 800 millions de dinars tunisiens). Ce prêt est remboursable sur 25 ans, dont 7 ans de grâce, avec un taux d'intérêt de 1,7%. Les fonds du prêt ont servi principalement à l'installation d'équipements de dessalement d'eau de mer, à l'acquisition et la pose de conduites de transport de l'eau et des services de consulting, y compris le suivi des travaux de construction.

Lors de cette visite sur terrain, le directeur du projet, Mohamed Zaara, a expliqué qu'il s'agit d'un ambitieux projet visant à alléger la pression sur les eaux du nord qui irriguent jusque-là toute la région de Sfax. «C'est le barrage que Sfax n'a jamais eu, et nous nous engageons à démarrer la production vers fin juin en dépit de quelques programmes techniques relatifs notamment à la nature des fonds marins dans la zone de travail», a-t-il dit.

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Pour ce qui est de la qualité de l'eau qui sera produite, notre interlocuteur explique qu'elle sera meilleure que celle actuellement distribuée par la Sonede puisqu'elle présente un taux de salinité nettement inférieur.

Pour sa part, l'ambassadeur du Japon en Tunisie, S.E. Takeshi Osuga, a déclaré à La Presse que ce projet est de grande envergure dans la mesure où il permettra de fournir de l'eau potable à des centaines de milliers de Sfaxiens et que des études et des négociations sont en cours pour son extension pour parvenir à un volume de production de 250 mille mètres cube par jour. «Pour moi, c'est la première fois que je me déplace à Sfax et je suis impressionné par l'avancement des travaux du projet. C'est une priorité pour l'approvisionnement en eau potable, surtout dans le sud tunisien. Je suis honoré en tant qu'ambassadeur du Japon en Tunisie d'avoir contribué à ce projet qui va aider les Sfaxiens mais aussi contribuer à faire face à la pénurie d'eau car le réseau est interconnecté», a-t-il dit.

Autant rappeler que ce projet permettra à la Sonede de renforcer la capacité d'approvisionnement de l'eau et de sa qualité. La Sonede pourra ainsi fournir 100 mille m3 d'eau par jour (ce chiffre passera à 250 mille m3). Le Japon espère que ce projet contribuera à améliorer l'environnement et les conditions de vie des Tunisiens en vue de soutenir le développement économique et social de la Tunisie, comme on nous a expliqué.

La région de Sfax compte une population d'environ 600.000 habitants, vivant pour la plupart dans la ville de Sfax, deuxième plus grande ville de Tunisie. Cependant, en raison de la rareté des ressources en eau dans cette région qui continue à dépendre d'autres régions pour s'approvisionner en eau, alors que sa population ne cesse de croître durant ces dernières années, une pénurie d'eau commence à se faire ressentir. En 2030, l'écart entre l'offre et la demande devrait atteindre approximativement 150.000 m3/jour. Ainsi, le développement des ressources en eau à travers le dessalement d'eau de mer pour un approvisionnement stable dans la région de Sfax devient une priorité.

Le Groupe chimique alimenté par les eaux de l'Onas

Ce voyage de presse dans le Sud tunisien nous a permis d'accéder à de nombreux projets financés entièrement ou partiellement par le Japon, parmi lesquels le projet de consolidation du traitement des eaux à la station d'épuration de Gabès Sud. Le projet, financé par un don de la partie nippone, porte sur la réalisation d'une station d'«osmose inverse », pour le traitement de 6.000 m3 eau/ jour, à fournir au Groupe chimique pour limiter l'impact du stress hydrique, valoriser les eaux non conventionnelles, et rationaliser la consommation des ressources hydriques, les nappes phréatiques en particulier.

Ce projet est important et contribue à traduire dans les faits la stratégie nationale de transition écologique. Interrogé sur ses différents aspects, Tarek Chaabouni, responsable au sein de l'Onas, explique que le premier objectif de ce projet est de valoriser les eaux traitées de l'Onas et de lutter contre les conséquences du stress hydrique et la rareté des eaux en Tunisie. «C'est un projet à double enjeu, d'une part il permettra de valoriser ces eaux à travers le traitement complémentaire par osmose inverse et d'autre part, il permettra de limiter la consommation des eaux souterraines à des fins industrielles», a-t-il dit. Notons que l'osmose inverse est un processus de filtration de l'eau qui élimine efficacement de nombreuses impuretés, y compris les sels dissous, les particules, les bactéries et les contaminants organiques.

C'est un procédé de purification de l'eau largement utilisé dans diverses applications, notamment pour la production d'eau potable, le traitement de l'eau de mer, la production d'eau pour l'industrie pharmaceutique et électronique, et d'autres applications industrielles.

Le processus d'osmose inverse fonctionne en forçant l'eau à travers une membrane semi-perméable spéciale qui permet le passage de l'eau tout en retenant la plupart des impuretés. L'eau est poussée à travers la membrane sous haute pression, séparant ainsi les molécules d'eau des contaminants.

Les impuretés retenues par la membrane sont ensuite éliminées, produisant ainsi une eau traitée.

L'autoroute Gabès-Médenine, symbole de la coopération tuniso-nippone

La construction de l'autoroute Gabès-Médenine, entrée en exploitation depuis un an, a métamorphosé le quotidien des habitants du sud-est tunisien. Dans le cadre de cette visite sur terrain, nous avons vu de près ce projet de construction de 84 km d'autoroute faisant partie du grand projet de l'autoroute Trans-Maghrébine reliant Le Caire, en Égypte, à Agadir, au Maroc, afin de renforcer la croissance économique de la Tunisie en augmentant la capacité logistique et en réduisant le déséquilibre entre les zones urbaines et rurales.

Cette autoroute Gabès-Médenine a été construite à travers un financement japonais d'environ 15 milliards de yens (environ 352 millions de dinars tunisiens). Considérée comme l'un des projets phares de la coopération japonaise en Tunisie, cette autoroute, est un nouveau symbole de la coopération entre le Japon et la Tunisie au service du peuple tunisien.

La police de proximité

La coopération tuniso-nippone porte sur différents aspects. Cette tournée dans le Sud tunisien a également permis de s'ouvrir sur un autre aspect de coopération, celui de la sécurité.

En effet, le Japon a décidé de mobiliser des financements pour le projet intitulé «Prévenir l'extrémisme violent par la police de proximité à Médenine». Le projet est réalisé par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Il se propose d'accélérer les efforts nationaux visant à généraliser le modèle de police de proximité dans le gouvernorat de Médenine.

Ce projet remonte à 2013 et avait été élaboré par le ministère de l'Intérieur et le Pnud. Depuis 2011, la Japon a décaissé 26 millions de dollars au profit de la coopération sécuritaire avec la Tunisie.

Le financement est fait à travers un appui technique et logistique afin de réhabiliter des postes de police. Dans le même cadre, les forces de sécurité intérieure des stations pilotes bénéficieront d'une formation.

C'est dans ce cadre que nous avons visité deux postes de police pilotes à Zarzis où leurs responsables sécuritaires nous ont expliqué que ce projet vise notamment à instaurer une relation de confiance entre les agents sécuritaires et les citoyens.

La coopération tuniso-nippone n'a pas cessé de croître ces dernières années.

Les financements japonais contribuent notamment au renforcement des infrastructures tunisiennes dans les domaines de l'eau, de l'énergie, du transport, du contrôle d'inondation, de l'agriculture, etc.

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