Ile Maurice: Showkutally Soodhun a encore frappé !

L'ambassadeur itinérant auprès de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Koweït et du Bahreïn a le don de se faire voir, mais surtout de se faire entendre lors de ses sorties. Encore une fois, il n'a pas dérogé à la règle avec ses propos cette fois-ci sur le directeur de la météo suspendu. Retour sur la carrière - pas de tout repos - du bouillant membre du MSM...

«Un ambassadeur, c'est quelqu'un de discret, qui maîtrise l'art du savoirfaire, qui est diplomate. Tout le contraire de Showkutally Soodhun. Il manque de tact», expliquent quelques sources attachées aux Affaires étrangères. Cela, depuis qu'a déclaré avec fougue le membre orange, le dimanche 28 janvier, à la célébration de son 73e anniversaire à Solférino : «Zot koné ki zot dir mwa dan Dubaï laba ? Kan zot inn get sa, toudswit zot ti pou pandi li... Sa direkter météo-la...» Depuis, Ram Dhurmea a réagi en portant plainte contre Soodhun à la police vendredi en présence de son avocat, Me Gavin Glover.

À vrai dire, Soodhun nous a sorti au fil du temps des phrases aussi choquantes qu'indélicates, pourquoi n'estil jamais rappelé à l'ordre, se demandent plus d'un après son énième dérapage verbal. Nous n'aurons pas de réponse à cela. En revanche, selon plusieurs sources au sein du gouvernement, il se peut que l'ancien vicePremier ministre MSM soit plus souvent sur le terrain à prendre la parole durant les mois qui suivront car le principal concerné viserait un ticket aux prochaines élections dans la circonscription no 15 (La Caverne/Phoenix). «Ce qui expliquerait aussi sa sortie après un bon bout de temps à Solferino», allègue-t-on. Cependant celui qui a été aux côtés de sir Aneerood Jugnauth (SAJ) pendant trois décennies avait soutenu en octobre 2022, à l'inauguration de l'Emirates Airline Swimming Pool and Sports Complex à Closel, Phoenix, qu'il ne serait plus ni député, ni candidat. «Mé sel létan pou dir si sé vré sa !», lâchent ses détracteurs.

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Avant cela, il ne faut pas oublier que sa phrase lorsqu'il se disait prêt à «travay esclav pou SAJ lanwit ek lizour, mem si li bat mwa, li zour mwa, maltret mwa» en avril 2015 était aussi connue de tous. Mais revenons aux frasques - du moins les plus tristement célèbres - de celui qui a même occupé pendant quelques jours le poste de Premier ministre (NdlR : du 29 septembre au 3 octobre 2015, quand SAJ et Xavier-Luc Duval étaient tous deux en déplacement). Soodhun s'est aussi fait remarquer en plusieurs occasions, notamment en 2017 pour trois faits.

Le premier dérapage - du moins celui largement condamné - remonte au 18 juillet 2017, après que l'ambassadeur, dans un congrès du MSM, a exprimé l'envie de tuer Xavier-Luc Duval. Mot pour mot, il dira ceci à l'assistance : «Si mo bodyguard ti donn mwa so revolver, mo ti pou touy Xavier Duval dan Parlman. Mo touy li. » L'ancien VPM a été alors poursuivi pour outrage à un membre du Parlement sous l'article 156 (1) du Code pénal mais le procès a été rayé en décembre 2020. Le leader de l'opposition, ayant fait parvenir une lettre au Directeur des poursuites publiques, lui indiquant qu'il ne souhaitait plus aller de l'avant dans cette affaire.

Ses propos envers le leader des bleus à l'époque avaient été loin de calmer ses ardeurs puisqu'en septembre de la même année, il n'avait pas hésité à malmener une femme dans une fonction officielle devant un parterre d'invités et de journalistes. «Ou enn azan Ramgoolam»,«Kifer ou fermal koumsa»,«Ferm ou labous», «ou pa kontan ou alé» ou encore «ou al get Navin Ramgoolam ou gagn ou satisfaksion». Une kyrielle d'insultes avait ce jour-là plu sur Nirmala Maruthamuthi, lors d'un atelier, destiné aux habitants des maisons de la National Housing Development Company à Quatre-Bornes.

Qu'est-ce qui lui avait valu ce déferlement de Soodhun, alors ministre ? La dame avait osé lui dire qu'il était «horssujet» alors qu'il lançait des piques à l'ex-Premier ministre Navin Ramgoolam.

La même année, au début de novembre, une vidéo fuite dans laquelle on peut entendre Soodhun, alors ministre des Terres et du Logement, tenir des propos à relents communaux lors d'une rencontre avec des forces vives de Bassin. Ces derniers protestaient contre la construction du complexe NHDC dans leur quartier. Avant cela, des journalistes de l'express avaient rencontré Pravind Jugnauth pour le mettre au courant des propos de Soodhun. Plusieurs plaintes seront déposées contre lui, la classe politique fait pression et finalement quelques jours plus tard, l'ex-VPM d'un commun accord avec le Premier ministre, quitte ses fonctions. La suite, on la connaît, il n'obtiendra pas de ticket aux législatives de 2019 mais il demeure un orange et aide pendant la campagne électorale - il est alors président du MSM - avant d'être «récompensé» en devenant ambassadeur. Ambassadeur, qui rappelons-le, n'hésite pas à «quémander de l'aide» des Émirats arabes unis après les inondations du 15 janvier - lettre qui a d'ailleurs fuité depuis et aussi beaucoup fait réagir.

Soodhun a aussi plusieurs autres frasques à son palmarès. Comme l'arrestation, après une plainte du politicien, de deux internautes pour avoir partagé une publication sur les réseaux sociaux. Les valises de Soodhun ont aussi beaucoup intéressé. Pour rappel, dans la nuit du 2 au 3 août 2016, il est rentré au pays à bord du Gulfstream G450, jet privé du prince Mohamed Bin Salman, avec en sa possession, plusieurs valises qui n'ont pas été examinées par les douaniers, en vertu de la Diplomatic Relations Act. En 2017, l'émission Menteur Menteur dévoile même en exclusivité les images CCTV du Yu Lounge, le nom du chauffeur qui a transporté les valises, l'immatriculation du véhicule utilisé et les noms des douaniers en poste ce soir-là mais qui n'ont pas fouillé les bagages de l'ex-ministre. Parmi tant d'autres...

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