Madagascar: Artistes - La fierté d'être issu de la lignée noble

Les grands devins et souverains du XVIIIe siècle sont cités dans les chansons modernes. Si, autrefois, leurs noms étaient uniquement loués par les chanteurs traditionnels lors des rituels, à présent, les raggamen et les rappeurs évoquent les ampanjaka défunts dans leurs couplets.

Les conservateurs grincent des dents en les écoutant. « Auparavant, les Malgaches n'osaient même pas dire à voix haute la lignée des nobles. C'était tabou ! Mais les jeunes artistes d'aujourd'hui transgressent la coutume. Il n'y a pas d'autocensure », a constaté un mpiantsa d'Anaborano Ifasy.

Il faut savoir que le salegy a sa spécificité. Ce rythme était lié au rituel et à l'invocation des esprits des grands hommes régnant, ou occupant une place importante dans la société de leur époque. Mais, au fil du temps, cette pratique s'est adaptée à des circonstances. Bien qu'il perdure, le style, si l'on ose dire ainsi, a évolué. Les progénitures ont transformé la coutume à leur guise. Pour eux, il est temps de crier haut et fort les noms de leurs ancêtres.

De ce fait, les auditeurs entendent les Andriamisara, Ndramaro et autres personnalités dans les morceaux. Apparemment, chaque génération a sa manière de vénérer les ascendants. Un jeune artiste soulève que même s'il joue de la musique moderne, il la dédie à ses aïeux, car, d'après lui, « sans eux, je n'aurais pas ce talent ». Par ailleurs, la majorité des musiciens malgaches prétendent être des descendants de griots. Si certains arrivent à retracer les branches de leur arbre généalogique, d'autres ne l'ont entendu que par le ouï-dire de leurs grands-parents.

Donc, quelque part, ce genre d'information génère une sorte de motivation. Et les concernés arrivent à dire : « Je suis descendant d'un roi sakalava. J'ai le droit d'introduire son nom posthume dans mes textes ». Cette fierté historique permet aux chanteurs d'ériger d'une manière ostentatoire leur appartenance culturelle. Cette mystification a pour but de dire que l'art est dans leurs veines, pour être naturellement considéré comme une légende par leur public. Bref, c'est une stratégie pour se démarquer !

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.