Maroc: Sciences Humaines et Sociales - Pour une synergie entre recherche et besoins de développement (sociologue)

Rabat — La production scientifique en sciences humaines et sociales doit être en synergie avec les besoins actuels et futurs de développement, particulièrement à la lumière des mutations profondes que connait le Maroc sur les plans économique et humain, a souligné, mercredi à Rabat, le sociologue Mohamed Ababou.

"Les projets de recherche financés n'émanent pas toujours des besoins de la société. Il est important d'avoir une politique de recherche adaptée aux défis et enjeux auxquels est confronté le Maroc", a avancé M. Ababou dans une interview à la MAP à l'occasion des Assises des Sciences Humaines et Sociales organisées par l'Académie du Royaume du Maroc.

Cet enseignant-chercheur, directeur du laboratoire de sociologie et de psychologie à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines Dhar El Mehraz de Fès, a mis l'accent sur l'impératif de dresser un état des lieux pour mieux cerner ces besoins (santé, éducation, emploi, famille, etc) dans la perspective d'apporter des solutions appropriées, déplorant le fait que la majorité des sujets abordés par les chercheurs soient importés.

"La recherche scientifique est invitée à apporter des solutions locales aux problèmes locaux", a-t-il dit, soutenant que si les recommandations des recherches sont prises en considération par leurs commanditaires, elles peuvent éclairer les politiques publiques et mieux orienter la prise de décision.

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Dressant un état des lieux des sciences humaines et sociales, M. Ababou s'est réjoui de la présence de plusieurs recherches et enquêtes de terrain qui ont donné un coup de pouce à ces disciplines, regrettant toutefois que la majorité des productions scientifiques soient axées sur la quantité au détriment de la qualité, susceptible de contribuer à capitaliser sur l'information dans un des champs spécifiques du savoir.

Il a, à ce titre, préconisé un diagnostic qualitatif de la recherche scientifique à l'échelle nationale afin d'éviter toute redondance dans les thématiques abordées par les chercheurs, tout en appelant à soutenir la recherche fondamentale de manière à mieux répondre aux besoins de développement national.

S'attardant sur les questions de circulation, d'édition et de diffusion du savoir, M. Ababou a souligné "l'impact minime des recherches en sciences humaines et sociales sur le développement de la société marocaine et la mentalité des individus vu qu'elles ne sont pas suffisamment consultées".

"Le grand problème de la production scientifique est sa circulation et sa diffusion auprès du grand public", a-t-il expliqué.

Pour toucher l'ensemble de la population, a-t-il conclu, il serait intéressant de faciliter l'accès aux articles indexés, de créer des bibliothèques numériques surtout pour les jeunes et d'encourager les laboratoires à publier en ligne leurs productions comme c'est le cas pour le Centre national pour la recherche scientifique et technique.

Réunissant une pléiade d'experts marocains et étrangers, les Assises des Sciences humaines et sociales (7-8 février) ont pour objectif de mener une réflexion sur l'état des lieux de ces disciplines et leurs portées, à la lumière de leurs évolutions théoriques et conceptuelles, en rapport avec les enjeux et les défis auxquels sont confrontés les sociétés contemporaines, en général, et la société marocaine en particulier.

Les séances plénières abordent des thématiques générales liées aux sciences sociales dans leur rapport au numérique, à la pensée philosophique, à l'interdisciplinarité ou encore à leur rôle dans la société. Les ateliers, eux, portent essentiellement sur la situation des sciences humaines et sociales dans le contexte marocain pour en dresser l'état des lieux et faire un bilan de la production des chercheurs au Maroc.

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