Congo-Kinshasa: Le désengagement de la MONUSCO doit se faire en parallèle à la montée en puissance des forces congolaises

Au cours d'une visite en République démocratique du Congo en vue du désengagement progressif de la mission de paix dans le pays, la MONUSCO, le chef des opérations de paix de l'ONU a souligné l'importance d'assurer que le transfert des responsabilités aux autorités congolaises se fasse de façon fluide et collaborative, en parallèle à la montée en puissance de leurs forces de sécurité.

En décembre, le Conseil de sécurité a décidé de proroger, pour un an, jusqu'au 20 décembre 2024, le mandat de la MONUSCO, tout en décidant d'initier son « retrait progressif, responsable et durable » du pays. Le Conseil a décidé notamment que la MONUSCO retirera sa force de la province du Sud-Kivu d'ici à la fin avril 2024 et limitera son mandat aux provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri de mai 2024 jusqu'à la fin de la période couverte par le mandat actuel.

Au cours de sa visite de plusieurs jours en RDC, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, s'est notamment rendu samedi 3 février dans la province du Sud-Kivu, a précisé la MONUSCO dans un communiqué de presse.

A Bukavu, chef-lieu de la province, la délégation onusienne a successivement rencontré le gouverneur Théo Ngwabidje, les membres du Bureau de coordination de la société civile ainsi que le personnel de la MONUSCO.

Jean-Pierre Lacroix a souligné l'importance d'assurer que le transfert des tâches et responsabilités de la MONUSCO aux autorités congolaises se déroule « de manière réussie, fluide, collaborative (...) afin que les acquis soient consolidés ».

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Transfert des tâches aux autorités congolaises

Lors de leur rencontre, le gouverneur Théo Ngwabidje et la délégation onusienne ont abordé divers aspects liés au désengagement de la MONUSCO. Parmi eux, la question centrale de la poursuite de la protection des civils, notamment par le renforcement des effectifs des forces de défense et de sécurité dans les zones à haut risque, ainsi que la pérennisation du système d'alerte précoce. Les discussions ont également porté sur la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre.

M. Ngwabidje a souligné la « co-responsabilité » partagée avec les Nations Unies pour le succès de toutes les questions discutées, une perspective partagée par Jean-Pierre Lacroix qui évoqué « des défis communs à relever », a rapporté la MONUSCO.

Au-delà de l'importance de convenir les dates du calendrier de désengagement, M. Lacroix a souligné l'importance d'assurer que le transfert des tâches et responsabilités de la MONUSCO aux autorités congolaises se déroule « de manière réussie, fluide, collaborative (...) afin que les acquis soient consolidés ».

« Il est très important que le désengagement graduel des éléments de la MONUSCO se fasse parallèlement à la montée en puissance, au même rythme, des forces armées, des forces de sécurité congolaises », a par ailleurs affirmé le chef des opérations de paix.

Lors de son étape dans l'Est de la RDC, Jean-Pierre Lacroix a rencontré la société civile, qui s'inquiète de la protection des civils lors du retrait de la MONUSCO.

Le rôle de la société civile

La protection des civils demeure au coeur des préoccupations de la société civile, qui s'inquiète notamment du retrait de la MONUSCO du Sud-Kivu.

Elle s'interroge sur le rôle qu'elle peut jouer pendant et après le désengagement de la Mission onusienne « pour que la paix, la cohabitation pacifique et le développement soient instaurés non seulement en République démocratique du Congo mais aussi dans la sous-région des Grands Lacs ».

Le Président du Bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu a émis plusieurs recommandations, y compris « que le Conseil de sécurité [de l'ONU] prenne des mesures draconiennes et préventives concrètes à l'encontre des agresseurs de la République démocratique du Congo et de leurs acolytes visibles et que ceux qui agissent dans l'ombre ne profitent pas du désengagement de la Mission pour déclencher des conflits qui pourraient embraser toute la région ».

Adrien Zawadi a également affirmé que la société civile, à travers ses différentes organisations et structures de base, continuera à travailler sur les questions vitales de la population.

Gestion des cas d'abus et exploitation sexuels : une priorité absolue

La question de la gestion des conséquences des cas d'abus et d'exploitation sexuels impliquant le personnel de l'ONU a suscité l'intérêt de la presse locale.

« C'est pour nous une priorité absolue », a affirmé Jean-Pierre Lacroix. « Ce sont des actes commis par une petite minorité mais qui ternissent de manière dramatique le travail de tous nos collègues ».

Le chef des opérations de paix a signalé que sa visite était effectuée en compagnie de Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe à la stratégie de gestion, aux politiques et à la conformité, et de Christian Saunders, Coordonnateur spécial pour l'amélioration de la réponse des Nations Unies à l'exploitation et aux abus sexuels.

L'objectif est, selon M. Lacroix, de « renforcer la prévention, d'accélérer les mesures déjà prises et de veiller à ce que les conséquences, y compris les questions de paternité reçoivent l'attention nécessaire ainsi que les mesures de suivi indispensables ».

Des discussions approfondies sur ce sujet ont d'ailleurs eu lieu au quartier général de la MONUSCO à Bukavu avec l'équipe de Conduite et discipline (CDT).

En raison de conditions météorologiques défavorables, la délégation onusienne n'a pas pu se rendre dimanche dans le Sud de la province du Sud-Kivu, plus précisément à Mikenge, où la MONUSCO assure jusqu'à présent la protection de plus de 2.500 déplacés internes.

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