Ile Maurice: Faut-il revoir les cinq crédits obligatoires pour accéder au HSC ?

11 Février 2024

Le parcours du lauréat de Keats College, Siddish Jogiah, 20 ans, redonne espoir. Mais il démontre surtout que même avec ses quatre crédits aux examens du «School Certificate», un élève peut réussir avec brio au «Higher School Certificate».

Le jeune habitant de Chemin-Grenier est timide, mais deux jours après la proclamation des résultats du Higher School Certificate (HSC), vendredi, Siddish Jogiah, 20 ans, peinait toujours à réaliser qu'il était le premier lauréat de sa famille. Il a décroché la HSC Pro Scholarship. Son parcours atypique fait la fierté de son établissement, Keats College. Et relance le débat sur les cinq crédits obligatoires demandés au School Certificate(SC) pour pourvoir accéder au grade 12 (ex-Lower 6).

Mais avant cela, revenons à l'histoire de Siddish Jogiah. Sa mère, éducatrice, et son père, un officier de la Mauritius Revenue Authority, explique-t-il, l'ont toujours épaulé dans sa scolarité ainsi que ses enseignants à l'école et aux leçons particulières. Tout se passe bien de Grade 7 à Grade 11 au Floréal SSS, mais lors de sa première tentative aux examens du SC, il ne parvient pas à obtenir ses cinq crédits. Loin de baisser les bras et d'abandonner ses études, il se tourne vers le Keats College où Siddish Jogiah indique avoir reçu tout le soutien nécessaire ces deux dernières années. «Tout le monde nous encadrait et personnellement je n'ai même pas eu de problème de manque d'enseignant ou autre...»

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(Siddish Jogiah est le premier lauréat du Keats College.)

Ainsi, au Keats College, il a retenté sa chance au SC et obtenu ses cinq crédits. Deux ans plus tard, il a décroché sa bourse. Aujourd'hui, le jeune homme qui a une petite soeur indique qu'il est en mode réflexion sur son avenir, sur le choix et le lieu pour ses études supérieures. «Mais fort probablement, je me tournerai vers l'Angleterre pour des études en technologie. Tout reste à définir encore...»

Comment se passe donc une journée typique d'un aspirant lauréat ? Étudie-t-on sept jours sur sept ? Sans répit ? «Non, j'étais relax. J'allais à la salle de gym. J'organisais mon temps pour les études.» Et cela a porté ses fruits. Que pense-t-il aujourd'hui des cinq crédits obligatoires au SC ? Avec le recul, confie Siddish Jogiah, ce n'est pas si mauvais cette imposition du ministère de l'Éducation d'avoir cinq crédits au SC. Car, fait-il ressortir, cela l'a motivé à travailler encore plus dur.

Un avis partagé par l'ancien recteur et syndicaliste, Soondress Sawmynaden. «Avec toutes les facilités donc dispose un enfant aujourd'hui, il n'est pas difficile d'avoir les cinq crédits. Surtout quand vous prenez en considération le nombre de points requis pour un crédit.» Par exemple, dit-il, pour les mathématiques, il ne faut qu'environ 31 points sur 100. «Ce n'est pas la mer à boire et les élèves devraient pouvoir ne plus perdre tout leur temps sur les réseaux sociaux.»

Cependant, explique l'ancien recteur, étant donné qu'un bon nombre d'élèves ont pu décrocher leurs quatre crédits, le ministère de l'Éducation aurait dû accepter qu'ils montent en grade 12. «Puis en simultané, ces élèves auraient pu reprendre part aux examens du SC en juin dans une des matières où ils n'ont pas pu avoir le crédit tout en étant en grade 12.» Soondress Sawmynaden explique que les cinq crédits obligatoires peuvent être perçus comme étant injustes dans certains cas comme des élèves qui ont eu quatre A+ mais auxquels il manque un crédit (pour avoir les cinq crédits nécessaires) et ne peuvent accéder en grade 12. «Il faudrait leur permettre de reprendre part aux examens tout en les laissant monter en classe supérieure.»

Un autre syndicaliste et recteur d'un collège d'État est lui d'avis qu'il faut revoir les cinq crédits obligatoires, surtout après le Covid-19 et les lacunes soulignées dans le système éducatif. «Je pense qu'il aurait fallu laisser monter les élèves qui ont eu des crédits dans les matières qu'ils étudieront en grade 12.» Par exemple, explique-t-il, si un élève a eu quatre crédits et qu'il lui manque son cinquième crédit en économie qu'il ne compte pas opter comme sujet principal en grade 12, pourquoi le pénaliser ? Il fait ressortir que tous les emplois ne requièrent pas les cinq crédits au SC. «Dans le service civil oui, mais ce n'est pas tout le monde qui aspire à être fonctionnaire. Ce n'est pas le cas pour le secteur privé. Je connais beaucoup de personnes qui ont réussi leur vie professionnelle avec trois ou quatre crédits. Même des ingénieurs.»

Pour Basheer Taleb de la Fédération des managers des collèges privés, le facteur de l'âge doit aussi être pris en considération. Que se passe-t-il pour les élèves qui n'ont pas pu obtenir leurs cinq crédits après deux tentatives ? «Justement, je pense que le ministère aurait dû faire un suivi, une étude sur ces enfants-là. Ki pé ariv zot ? Kot zot ? Ki zot pé fer ? Ki soi parkour zot éna ?» Mais il n'en est rien. Selon lui, désormais beaucoup d'élèves qui ont même jusqu'à quatre crédits ont l'impression de vivre un véritable échec. Mais ce n'est pas le cas. Comme le recteur du collège d'État, il indique qu'il fallait exiger des crédits uniquement dans les sujets choisis comme matières principales en grade 12. «De plus, il est démontré que le taux de réussite au HSC n'est pas en nette hausse alors que le système éducatif choisit ceux qui sont académiquement plus performants au SC.»

(Le taux de réussite du SC est en baisse.)

Baisse de performance par rapport à 2022

Comme prévu, le taux de réussite a baissé en 2023 par rapport à 2022 en raison de l'ajustement des seuils de notes d'avant le Covid-19. «Les étudiants ont reçu des notes inférieures à celles qu'ils auraient pu obtenir en 2022. Le pourcentage de réussite dans la majorité des matières a baissé en 2023 par rapport à 2022. Selon les données publiées par Cambridge, les notes des élèves sont plus proches de celles d'avant la pandémie», explique Harrish Reedoy, président de la United Deputy Rectors and Rectors Union.

Les élèves, dit-il, qui auraient passé leurs examens en 2020 et 2021 ont obtenu de meilleures notes. Ces chiffres étaient bien plus élevés que les années précédentes et semblent être gonflés au-delà de ce qui aurait été obtenu s'ils avaient passé des examens réguliers. «Mais il est difficile de déterminer exactement ce que chaque élève mérite, surtout lorsque son apprentissage est perturbé par un événement comme la pandémie. D'un autre côté, la déflation semble donner aux élèves moins que ce qu'ils méritent - ce qui n'est certainement pas souhaitable.» Les limites des notes, ajoute Harrish Reedoy, ne sont fixées qu'une fois que les élèves ont passé leurs examens et que la plupart des travaux ont été notés. Les limites des notes sont déterminées par le programme national, les spécifications des jurys d'examen et les connaissances détaillées des examinateurs principaux.

Mais reste à savoir quels jeunes seront les plus lésés par la baisse des notes. «Depuis longtemps, il existe des écarts de réussite importants entre les enfants défavorisés et leurs pairs plus aisés. Il est probable que ces écarts se soient creusés en 2023, car les enfants défavorisés ont subi davantage d'absences à l'école depuis la pandémie.» Ce qui est clair, c'est que les résultats de 2023 - conformes à la répartition des notes de 2019 - laisseront certainement plus d'élèves déçus que les deux années précédentes, où les résultats avaient été gonflés au-delà des attentes normales.

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