Burkina Faso: Une victoire d'étape

12 Février 2024

Le 25 janvier 2024, le Tribunal correctionnel en charge du dossier « Charbon fin » déclarait l'action publique éteinte car les parties au procès, à savoir l'Etat et les personnes physiques et morales poursuivies avaient décidé de régler le litige par voie transactionnelle. Le 7 février, le gouvernement prenait plusieurs décisions parmi lesquelles, le traitement du charbon fin par l'usine burkinabè de transformation des résidus miniers, Golden Hand SA.

Cette mesure fait suite à la visite inaugurale, deux semaines plus tôt, de l'usine par le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, comme pour montrer l'importance à accorder à l'expertise nationale dans le traitement et la maitrise de nos productions. Vendredi 9 février, la cargaison de 640 sacs, soit 447 tonnes du charbon fin saisi, en provenance du port sec de Bobo-Dioulasso, est arrivée à l'usine de traitement de Kossodo à Ouagadougou.

Cette arrivée du charbon fin, objet de litige, sonne comme une victoire d'étape après cinq longues années de bataille judiciaire qui a coûté de l'argent, du temps et de l'énergie à l'Etat burkinabè et aux autres parties prenantes. En associant à ce processus d'embarquement et de débarquement l'ensemble des acteurs, notamment la société civile, pour s'assurer de sa transparence, l'espoir d'un bon traitement de ces résidus miniers est permis.

Bien plus, l'entrée en service de l'usine de Kossodo qui s'ajoute à la future raffinerie d'or, marque un nouveau départ dans la production et le traitement des métaux précieux dans notre pays. 3e producteur d'or en Afrique avec (96,2 tonnes) et 12e mondial, le Burkina prend ainsi progressivement en main son destin dans sa production aurifère.

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Les débats qui ont accompagné la saisie, puis le procès jusqu'au verdict trouve déjà un aboutissement qui ne doit pas faire oublier que le combat reste encore long. Ce dénouement heureux porte tout de même les germes de la quête d'indépendance portée par les autorités de la Transition dans bien de domaines. Au-delà de cette étape victorieuse, il faut accentuer la promotion de nos valeurs internes, en partant de la mise en place de l'usine de traitement de résidus miniers montée par des Burkinabè sans apport extérieur.

Cela ne doit pas forcément être perçu comme une prouesse en ce 21e siècle, où les hommes n'inventent pas la roue, mais l'adaptent. Les Burkinabè l'ont adaptée et en sont aujourd'hui fiers. Ils peuvent le dire sans forfaiture. Sur tout le continent, il n'y a que deux pays dont le Burkina à avoir réussi cela. Encore que le Burkina l'a fait de ses mains et de ses intelligences. En d'autres termes, ce sont bien des filles et fils du pays qui ont libéré leur génie créateur pour offrir un cadre adapté pour le traitement des résidus de l'or appelé charbon fin.

Le pays met cette usine à la disposition de tout le continent et espère que les Africains de tous les horizons, producteurs d'or saisiront cette main fraternelle pour magnifier la solidarité tiers-mondiste. Ce fleuron de notre production industrielle a déjà cette vocation. Le vrai challenge c'est maintenant. Le Burkina joue sa partition et offre l'occasion aux autres pays africains de mieux contrôler leur production aurifère. C'est une épine en moins sur le long chemin de la souveraineté. Mais il faut plutôt retenir que c'est une belle revanche dans le long processus de quête de l'affirmation de notre indépendance.

« C'est une évolution positive du contexte de souveraineté et donc de prise en main de nos ressources », comme l'avait dit le capitaine Traoré à l'inauguration de l'usine.

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