Afrique: Au Sénégal, les universités débrayent

12 Février 2024

Huit universités publiques observent une grève pour protester contre la mort d'un étudiant, au Sénégal.

Le président nigérian Bola Tinubu qui est également le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest était attendu ce lundi à Dakar, où il devait rencontrer le président sénégalais Macky Sall pour évoquer la crise qui secoue actuellement le pays.

Un étudiant tué à Saint-Louis

Alpha Yoro Tounkara, un étudiant de l'université de Saint-Louis, est la dernière des trois personnes tuées depuis le début des protestations contre l'annonce du report, au 15 décembre prochain, du scrutin présidentiel prévu initialement le 25 février.

C'est la deuxième fois en six ans qu'un étudiant est tué à l'université Gaston Berger de Saint-Louis.

David Celestin Faye, le secrétaire général du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur au Sénégal (SAES), déplore le fait qu'aucune enquête n'a été faite pour élucider ces morts.

Le mouvement de grève décrété par le SAES, c'est pour, dit-il, attirer l'attention de l'opinion publique sur le fait que les étudiants sont des citoyens à part entière et qu'on n'a pas le droit de les tuer.

Il déplore aussi la fermeture des universités et le retard pris dans l'enseignement :

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"La politique influe sur la pédagogie. Il faudrait quand même que l'on puisse laisser de côté les universitaires pour que l'université puisse travailler sereinement sans que les positions politiques des uns et des autres influent sur la pédagogie. Les bacheliers de 2023 n'ont pas encore commencé à faire cours. Dans quatre mois, nous allons avoir les bacheliers de 2024. C'est vraiment dramatique d'accumuler comme ça des promotions de bacheliers qui ne peuvent pas finir leurs années parce que pour un rien, on ferme les universités. Il faudrait que l'on arrête d'arrimer le calendrier pédagogique sur le calendrier électoral. Nous ne faisons pas de la politique, il faudrait que les politiciens nous laissent finir nos années."

Une mort de trop!

Ibrima Ndoye est membre du Syndicat des étudiants à l'université Cheik Anta Diop de Dakar (UCAD), qui est fermée depuis huit mois par les autorités. Il souligne lui aussi l'impact de la crise politique actuelle sur le calendrier pédagogique.

"Nous ne parvenons pas à suivre convenablement nos cours. Les étudiants vivent dans des conditions socio-pédagogiques très difficiles, c'est la raison pour laquelle nous constatons déjà l'impact qu'a la vie politique sur notre enseignement supérieur parce que nous peinons à suivre les cours en présentiel."

Antoine Tony Diatta est étudiant en droit à l'université Cheik Anta Diop. Il déplore les violences politiques dans un pays qui était connu pour sa stabilité politique. "Depuis 2021, nous assistons à des cycles de violences au Sénégal qui causent des dégâts énormes. Le plus récent est la mort de notre camarade étudiant Tounkara. Nous appelons les autorités à situer les responsabilités et que la lumière soit faite sur cet acte ignoble et barbare. "

David Celestin Faye, secrétaire général du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur au Sénégal, précise que les instances sont convoquées cette semaine pour voir la suite à donner au mouvement.

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