Afrique de l'Est: Face à la violence croissante dans l'est de la RDC, l'ONU s'inquiète du sort des civils

Des villageois fuient Sake, dans la province congolaise du Nord-Kivu, arpès des affrontements entre les FARDC et des rebelles armés (archives)
14 Février 2024

À la suite de l'intensification des violences la semaine dernière entre les forces gouvernementales et les groupes armés non étatiques dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s'est dit mercredi profondément préoccupé par les conséquences désastreuses pour les civils.

Dans un communiqué de presse, l'agence onusienne s'inquiète notamment du sort d'environ 135.000 personnes déplacées internes ayant fui la ville de Sake vers la capitale de la province du Nord-Kivu, Goma.

Des informations font état de bombes tombant sur des sites civils, notamment sur le site de Zaina à Sake et sur le site de Lushagala à Goma, où près de 65.000 personnes déplacées ont trouvé refuge, ce qui suscite de vives inquiétudes quant à leur sécurité.

Artillerie lourde et bombardements

Selon le HCR, l'utilisation croissante de l'artillerie lourde et des bombardements lors d'affrontements autour de Goma constitue de graves menaces pour les populations civiles et déplacées, menaçant de faire davantage de victimes et de détruire les bâtiments utilisés comme abris communaux. La présence de munitions non explosées constitue une menace particulière pour les enfants. Depuis la première semaine de février, au moins 15 civils ont été tués et 29 blessés autour de Goma et de Sake.

« Les civils de l'est de la RDC subissent une fois de plus le poids de l'escalade du conflit », a déclaré Chansa Kapaya, Directrice régionale du HCR pour l'Afrique australe et Coordonnatrice régionale pour la situation des réfugiés en RDC. « Les affrontements incessants près de Goma ont pris pour cible des hommes, des femmes et des enfants innocents, obligeant des milliers de personnes à fuir les bombardements aveugles et la violence. La situation est tragique et inacceptable. Nous appelons de toute urgence toutes les parties à protéger les civils, à respecter le droit humanitaire et à établir des couloirs sûrs pour l'aide ».

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Les bombardements aveugles amplifient la pression exercée sur des ressources déjà limitées pour accueillir 800.000 personnes déplacées à l'intérieur de la région et 2,5 millions de déplacés dans la province du Nord-Kivu. La violence continue de restreindre l'accès aux populations isolées des territoires de Masisi et de Rutshuru, aggravant les difficultés rencontrées par les agences humanitaires pour fournir une aide essentielle. Avec peu d'options viables pour un passage sûr depuis Goma, les communautés déplacées de plus en plus nombreuses dans la ville sont confrontées à une détérioration rapide des conditions.

Le HCR souligne « la nécessité impérative de sauvegarder la vie et le bien-être des civils et des personnes déplacées » et appelle « à la cessation immédiate des hostilités et aux négociations de paix pour résoudre le conflit et alléger les souffrances des civils innocents pris dans les violences ».

Soutien de la MONUSCO aux forces congolaises

A New York, le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU a indiqué mercredi que la situation au Nord-Kivu, notamment dans la ville de Sake, reste tendue alors que les affrontements persistent entre les rebelles du M23 et les forces armées congolaises.

« Hier, des combats ont eu lieu à la périphérie de Sake, à environ 20 km au nord-ouest de Goma », a dit le porte-parole, Stéphane Dujarric. « Notre mission de maintien de la paix continue de soutenir les forces armées congolaises et met tout en oeuvre pour protéger les civils, notamment en maintenant une présence le long de l'axe Goma-Sake ».

Il a ajouté que les Casques bleus de la MONUSCO ont également renforcé leur présence à Sake en déployant des bataillons supplémentaires pour soutenir les forces armées congolaises.

Ils « protègent également un couloir humanitaire dans la région de Mweso pour faciliter le déplacement des civils vers des terrains plus sûrs », a-t-il précisé. Lundi, M. Dujarric avait souligné que les Casques bleus continuaient « de protéger les principales routes menant à Goma et Sake pour empêcher les rebelles du M23 d'avancer vers les deux villes ».

Au cours du week-end, des civils protestant contre l'insécurité croissante dans l'est du pays ont pris pour cible le personnel et les biens de l'ONU dans la capitale congolaise Kinshasa, incendiant plusieurs véhicules de l'ONU et brûlant des pneus devant des installations diplomatiques, notamment des locaux de l'ONU.

Dans un communiqué samedi, Bintou Keita, cheffe de la MONUSCO, a condamné les attaques contre le personnel de l'ONU et a appelé les autorités judiciaires congolaises à ouvrir des enquêtes en vue de poursuivre les auteurs.

Mme Keita a souligné que les menaces et les attaques contre le personnel de l'ONU et leurs familles sont « inacceptables », notant que ces assauts ont un impact négatif sur la mise en oeuvre des mandats respectifs des agences, fonds et programmes de l'ensemble du système onusien, y compris la MONUSCO.

« Les Nations Unies condamnent également la nouvelle vague de campagnes de désinformation visant sa mission de maintien de la paix en RDC. Les Nations Unies rappellent que son personnel est en République démocratique du Congo afin de contribuer à la consolidation de la paix et à l'amélioration des conditions de vie des populations », a dit Mme Keita.

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