Mali: Plus d'un mois après le départ de la Minusma, d'anciens salariés attendent toujours leurs indemnités

Alors que la Minusma a officiellement mis fin à sa présence au Mali depuis plus d'un mois et demi, d'anciens salariés de la Minusma attendent toujours de recevoir les indemnités engendrées par la perte de leur travail.

Pendant dix ans, la Minusma a employé des milliers de Maliens. Ils étaient 859, selon les chiffres officiels de juin 2023, à être des salariés de l'agence onusienne lorsque les autorités maliennes de transition ont exigé le départ de la mission, achevé six mois plus tard.

Haut diplômés dans les bureaux de Bamako, chauffeurs, interprètes ou logisticiens sur le terrain, de Mopti à Kidal, ils ont donc tous perdu leur travail. C'est notamment le cas de Moussa*. Embauché dès 2013 par la Minusma dans le nord du Mali, son contrat s'est achevé le 31 décembre dernier. « Jusqu'au 31 décembre, j'ai reçu mes salaires régulièrement, sans interruption », témoigne-t-il.

« Aujourd'hui, ce qu'il reste à payer, ce sont d'abord les indemnités de départ, calculées sur l'ancienneté et le nombre de jours de congé n'ayant pas été pris. Il y a aussi la pension, des cotisations que l'employeur et l'employé versaient chaque mois à la caisse de contribution à la caisse de retraite de la mission. Le délai normalement, c'était 45 jours après la rupture du contrat mais certains ont eu ces indemnités, d'autres ne les ont pas eues. On ne comprend pas ces retards et il n'y a pas de communication officielle », explique-t-il inquiet car il « a besoin de cet argent » pour entretenir sa famille et payer son loyer mais aussi « la nourriture, les médicaments et aussi pour d'autres personnes qui sont à ma charge ».

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La Minusma, un environnement économique

Sollicitées par RFI, les Nations unies n'ont pas fourni d'explications, à ce stade, sur ces retards de paiement. Pendant dix ans, les désormais ex-salariés de la Minusma ont bénéficié de salaires supérieurs à la moyenne nationale. Aujourd'hui, comme Moussa, beaucoup ne parviennent pas à retrouver un travail. Certains expriment aussi des craintes pour leur sécurité, notamment dans les zones où les groupes jihadistes ont renforcé leur présence.

Les autorités maliennes de transition se sont engagées à atténuer les conséquences sécuritaires, sociales et économiques du départ de la Minusma qui, en plus de son personnel direct et de ses sous-traitants, générait un environnement économique aujourd'hui difficile à compenser, spécialement dans les zones les plus en proie à l'insécurité.

Brouille avec Bamako

Pour rappel, Bamako avait demandé le départ de la Minusma en juin 2023, estimant que la mission onusienne de maintien de la paix ne contribuait pas suffisamment à sécuriser le pays face aux groupes terroristes. Les autorités maliennes de transition étaient également irritées des rapports de la section droits de l'homme de la Minusma sur les allégations d'exactions visant l'armée malienne et ses « partenaires ».

À plusieurs reprises, les autorités de transition avaient dénoncé ce qu'elles considéraient comme une « instrumentalisation politique de la question des droits de l'homme ». Ce fut notamment le cas lors de la sortie du rapport onusien sur l'opération militaire menée dans le village de Moura en mars 2022. L'enquête publiée par les Nations unies accusait l'armée malienne et ses supplétifs russes d'avoir exécuté sommairement plus de 500 personnes, en contradiction totale avec la version officielle : 203 morts, tous jihadistes, selon le bilan de l'armée malienne.

*Les identités ont été changées

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