Tunisie: Coupures d'eau fréquentes à Sfax - Un problème persistant !

17 Février 2024

Cette coupure d'eau paraît temporaire. Mais pour la région de Sfax, elle s'inscrit plutôt dans la logique du provisoire qui dure. Les quatre coins du gouvernorat se trouvent fréquemment privés d'eau potable, et ce, depuis pratiquement les années qui ont suivi la révolution. Le point de la situation.

La Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) a annoncé, dans un communiqué publié le 6 février 2024, que plusieurs régions du Cap Bon, du Sahel et de Sfax connaîtront des perturbations d'approvisionnement en eau, et ce, du 8 au 19 février, à cause des travaux annuels de maintenance. Des travaux qui nécessitent la suspension du canal Medjerda-Cap Bon pour maintenance et la réhabilitation du barrage El Aroussia.

Le provisoire qui dure

Cette coupure d'eau paraît temporaire. Mais pour la région de Sfax, elle s'inscrit plutôt dans la logique du provisoire qui dure. Les quatre coins du gouvernorat se trouvent fréquemment privés d'eau potable, et ce, depuis pratiquement les années qui ont suivi la révolution. Jalila, la quarantaine, mère de famille, a pris l'habitude d'interrompre son sommeil pendant la nuit pour aller remplir quelques bouteilles d'eau pour les utiliser le matin lorsque les membres de sa famille se réveillent. Cependant, il lui arrive de ne pas pouvoir se réveiller la nuit pour se trouver, le matin, privée de quoi faire elle et ses enfants leurs toilettes. Pour ses enfants qui se préparent pour aller à l'école, la question devient de plus en plus pénible.

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D'une voix mécontente, Jalila murmure : «C'est un calvaire quotidien. Je n'arrive pas à nettoyer les toilettes, à laver la vaisselle, les vêtements... Les coupures sont très fréquentes. Nos robinets sont toujours à sec. Dans les médias, on évoque un problème national dû à la pénurie d'eau et à l'insuffisance des ressources. Soit, mais ce que je remarque, c'est que les autres villes bénéficient d'une alimentation en eau quasi continue. Et c'est le gouvernorat de Sfax qui subit les conséquences de la sécheresse». Tous les habitants de la région se plaignent de cette situation qui dure depuis des années déjà. Ils ne croient pas qu'il s'agit réellement de panne ou de coupures temporaires pour travaux de maintenance. Pour eux, c'est une question d'inégalité dans l'approvisionnement en eau. Un problème qui s'accentue en période de canicule.

Une autre dame, Mme Najoua, hausse encore le ton : «Nous avons droit à cette eau potable pour répondre à nos besoins d'hygiène. Je ne peux pas prendre une douche après une longue journée de travail.

Ce n'est pas gratuit. Nous payons des factures majorées de taxes supplémentaires pour des services non rendus. La situation est catastrophique». Des coupures répétitives et prolongées. Si certaines sont justifiées par les travaux de maintenance, d'autres sont opérées, presque quotidiennement, sans préavis, dans certains quartiers. «On parle de coupures d'eau qui durent depuis des années.

Malheureusement, c'est un problème réel qui rend dur le vécu des habitants. On a constaté que pendant la nuit, il y a des vannes qui sont fermées dans certains quartiers, alors que d'autres continuent de bénéficier de l'eau potable. Je pense que ce sont des solutions provisoires tirées par les cheveux prises par les autorités locales au jour le jour pour résoudre un problème qui persiste, en s'aggravant. Toutefois, on entend parler souvent de la station de dessalement qui sera, selon les dernières déclarations, opérationnelle d'ici juin prochain. Cela pourrait être une solution radicale à ce problème de gestion d'eau», déclare M. Zied Mallouli, membre actif de la société civile à Sfax.

Majels, ces réservoirs d'eau traditionnels

Certains experts dans le domaine de gestion du stress hydrique proposent les solutions des réservoirs en eau. Il faut dire que cette solution n'est pas nouvelle. Dans chaque maison sfaxienne, on trouve un réservoir en eau appelé «majel». Il s'agit d'une pratique ancestrale inscrite dans l'histoire de la région. Elle consiste à creuser un gros réservoir pour collecter les eaux de pluie provenant des terrasses.

Toutefois, cette pratique, qui était toujours une solution pour résoudre le problème de pénurie d'eau potable, ne suffit plus aujourd'hui, puisque les années de sécheresse se succèdent. D'autant plus que les quantités d'eau qui rechargent les réservoirs sont minimes. D'où, la majorité des majels sont désormais vides.

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