Afrique: UA - A quand le retour des six ?

Mali, Soudan, Burkina Faso, Guinée, Niger, Gabon. Ces pays ont laissé leur siège vacant dans la prestigieuse salle Mandela de l'Union africaine (UA), à Addis-Abeba, lors du 37e sommet des chefs d'Etat réuni les 17-18 février. Nul ne l'ignore, c'est dans la capitale éthiopienne, bon an mal an, que se joue le destin politique, diplomatie, économique, sécuritaire et socio-culturel du continent.

Il n'est pas dit qu'à chacune de ces réunions au sommet l'Afrique engrange des victoires colossales sur le chemin du développement, mais comme membre à part entière de la grande famille, ces retrouvailles annuelles, ritualisées depuis bientôt 61 ans, le 25 mai 1963, sont, quoi qu'on en dise, indispensables pour accompagner l'ouverture de l'Afrique sur le monde après la bataille globalement gagnée contre le colonialisme et l'apartheid.

Cette bataille pour la dignité, les pères fondateurs de l'Organisation de l'unité africaine, ancêtre de l'UA, l'avaient inscrite au fronton de leur action. Leurs continuateurs l'ont poursuivie avec audace et au péril de leurs vies pour certains d'entre eux. Depuis 2002, sous son nouveau label, l'organisation panafricaine veut d'un continent prospère et en paix, où ses filles et fils vont et viennent d'un coin à l'autre sans être confrontés à des systématisations identitaires.

Faisant preuve de réalisme, les dirigeants africains ont pris la précaution de projeter l'exaltante espérance de la prospérité à l'an 2063. Combien de temps ? Mathématiquement 39 ans, mais les écueils sont tels qu'il reste peu de printemps. Et parmi ces obstacles on peut citer le retour en force des prises de pouvoir autoritaires rejeté par l'UA. D'où la mise à l'écart des six États mentionnés plus haut.

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Chacun de ceux qui ont ainsi décidé de "prendre en main les destins du pays", dénonçant des dérives et la persistance du chaos, implorent la compréhension de l'institution continentale. Qui, il ne faut pas l'oublier, peine à parler d'une même voix quand des menaces de toutes sortes, en particulier le terrorisme, s'abattent sur les Etats membres et condamnent la population civile à un calvaire indicible.

On préfère la jouer en solo comme pour dire "la maison qui brûle n'est pas la mienne et je n'apporte aucune goutte d'eau pour éteindre le feu". On se trompe lourdement car aucun pays du continent ne peut jouir de ses performances réelles ou supposées au moment où le voisinage est en ébullition. Contribuer à ralentir ainsi le processus de l'intégration africaine par négligence ou irresponsabilité est une erreur monumentale qu'il convient de corriger pendant qu'il est encore temps.

Et les six pays en délicatesse avec la dynamique partagée sur le continent de recourir aux urnes pour légitimer les dirigeants qui sont appelés à ne pas s'en éloigner pour trop longtemps. Parce que c'est au sein de la grande famille africaine chapeautée par l'UA, quand ils auront sacrifié à l'impératif du retour à l'ordre constitutionnel, qu'ils pourront porter le message essentiel qui est de sortir le continent de ses faiblesses notoires.

Le parachèvement des transitions en cours actuellement à Bamako, Khartoum, Ouagadougou, Conakry, Niamey, et Libreville par l'installation de gouvernements choisis à l'issue de votes populaires sera de toute évidence porté au crédit de ceux qui les conduisent et à qui, selon toute vraisemblance, l'option de troquer le treillis contre le boubou, le costume ou la contre-veste n'est pas improbable. Bon retour au bercail à tous... dans les mois à venir ?

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