Tunisie: Les familles de prisonniers politiques organisent une marche silencieuse

En Tunisie, ce dimanche marque le 14ème jour de la grève de la faim de cinq opposants politiques emprisonnés depuis plus d'un an dans une affaire de complot présumé contre la sûreté de l'État. Ils n'ont toujours pas eu de procès et le ministère de la Justice brandi le secret de l'instruction. Pour les familles de ces détenus, l'attente est de plus en plus difficile, surtout que l'un d'entre eux, le constitutionnaliste et opposant à Kaïs Saïed, Jaouhar Ben Mbarek, a été condamné à six mois de prison samedi, dans le cadre d'une autre affaire. Dalila Ben Mbarek Msaddek, sa soeur qui est son avocate, a aussi commencé une grève de la faim en soutien à son frère.

Dans le local du parti Al Joumhouri, un petit parti de gauche, ce dimanche 25 février, les familles des détenus en grève de la faim préparent une marche silencieuse, en soutien à leurs proches.

Dalila Ben Mbarek Msaddek, refuse de s'alimenter depuis samedi soir, après avoir appris que son frère Jaouhar Ben Mbarek, arrêté il y a un an, a fait l'objet d'une nouvelle condamnation en justice. Elle fait suite à une plainte déposée par l'Instance en charge des élections, l'ISIE sur la base du décret 54 qui punit la diffusion de fausses informations.

« Sur la base d'une interview qu'il a faite au mois de novembre 2022, en parlant des élections législatives, il a dit, ce ne sont pas des élections politiques, c'est des élections mascarade. C'est un avis politique qu'il a donné sur ces élections. Il n'a pas parlé de l'ISIE, ni des membres de l'ISIE, ni de l'organisation des élections, ni rien du tout », nous explique Dalila Ben Mbarek Msaddek.

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Pour sa soeur et ses autres avocats qui avaient demandé un report de l'audience, c'est le choc. « C'est la raison et le coeur qui sont touchés en même temps ! Je vis une injustice sur le plan procédural et législatif et je vis une injustice au niveau personnel et familial et émotionnel ! »

Ce dimanche, après plus d'un an de mobilisation et de protestations, les familles des détenus ont choisi le silence pour manifester. Ils ont mis du scotch sur leur bouche et des fausses menottes à leurs mains...

Une marche pacifique et une protestation symbolique contre ce qu'ils dénoncent être une injustice et un acharnement politique selon leurs mots.

Et les nouvelles condamnations à l'encontre d'opposants s'accumulent. Vendredi soir, Moncef Marzouki, l'ancien président tunisien, résident en France, a été condamné à huit ans de prison par contumace, reconnu coupable d'avoir voulu « changer la forme du gouvernement », d'« inciter les gens à s'armer les uns contre les autres » et de « provoquer le désordre et le pillage » dans le pays. En 2021, il avait été déjà condamné à quatre ans de prison pour atteinte à la sûreté de l'État à l'étranger.

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